Plan Nord: investissement de 100 M$ pour Pointe-Noire

Fanny Lévesque, Le Soleil, publié le 11 juillet 2016

(Sept-Îles) D’ici un an, l’État devrait avoir investi un peu plus de 100 millions $ pour les installations minières de la Pointe-Noire, sa toute nouvelle acquisition, achetées en mars pour désenclaver ce secteur névralgique du déploiement du Plan Nord.

Investissement Québec a déboursé 66,75 millions $ pour mettre la main sur les actifs stratégiques de Cliffs Natural Resources dans le cadre de la liquidation légale du géant américain, qui a tiré un trait sur ses activités en décembre 2014. Les infrastructures sont les seules à atteindre le port de mer, la porte de sortie vers les grands marchés.

«L’objectif du gouvernement, c’était de s’assurer que ces équipements-là deviennent multiusagers pour l’ensemble des projets miniers qu’on risque de voir se réaliser au cours des prochaines années», a expliqué le président-directeur général de la Société du Plan Nord, Robert Sauvé. «On ne voulait plus ce goulot d’étranglement vers le port.»

Mais, Québec devra encore délier les cordons de sa bourse et prévoit des investissements de 33,5 millions $ en 2016-2017 pour rendre opérationnel, normalement d’ici la fin de l’été, le site de Sept-Îles. D’abord, un montant de 18,5 millions $ a été budgété par la Société du Plan Nord pour couvrir les frais de la première année d’exploitation.

Une facture qui comprend notamment le droit de mutation à la Ville de Sept-Îles, les frais relatifs à l’achat des infrastructures, mais aussi les activités de redémarrage des actifs. L’État cherche par ailleurs à réactiver le permis d’exploitation du chemin de fer Arnaud, qui relie le tracé de QNS&L à la Pointe-Noire. «Ça fait partie des dépenses.»

«C’était impensable de générer suffisamment de revenus pour couvrir les frais d’opération de la première année», assure M. Sauvé. «C’est pour ça qu’on a mis un fonds de roulement dans la cagnotte.» Québec a aussi prévu un coussin de 15 millions $ pour construire, entre autres, un convoyeur pour rejoindre le nouveau quai multiusager.

La méga infrastructure du Port de Sept-Îles, livrée en octobre aux coûts de 220 millions $, n’a toujours pas servi même si cinq compagnies minières en ont payé la moitié. C’est que l’effondrement du marché du fer a ralenti les ardeurs de plusieurs. Ces joueurs auront néanmoins besoin d’utiliser les installations de Québec pour atteindre le quai.

«Le quai devra nécessairement se connecter aux installations de Pointe-Noire, on a mis une provision qui nous permet de réaliser ces travaux-là», indique M. Sauvé. Selon le Port, il est du ressort de ses partenaires de brancher leurs équipements au quai, mais des différends se profilent. «Nous, on attend le résultat de ces négociations-là.»

«On verra à l’issu de ces discussions qui mettra quoi et combien, a poursuivi le pdg. Mais on sait aussi qu’il y aura aussi plein d’investissements à faire dans les actifs de Pointe-Noire pour en améliorer leur capacité […] Le

15 millions $, c’est une provision pour nous permettre de rendre le site en opération dans les meilleures conditions.»

Générer des revenus 

Québec espère d’ici l’an prochain arriver à générer des revenus de l’exploitation du site grâce à un partenariat avec des compagnies privées, via une société en commandite, qui voudront utiliser les équipements. «On a des discussions avec un certain nombre d’entreprises qui ont manifesté l’intérêt, plusieurs entreprises», affirme M. Sauvé.

Pour l’heure, la teneur des négociations demeure confidentielle, mais la Société du Plan Nord entend mettre sur pied un modèle d’affaires qui sera flexible, avec «des partenaires sérieux». «Ce sera ouvert parce qu’il y a des joueurs qui ont des projets dans les cartons. Si, dans cinq ans, une entreprise veut devenir propriétaire, ce sera possible.»

La Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire, qui regroupe les actifs achetés de Cliffs, est actuellement propriété d’Investissement Québec, mais sera transférée à la Société du Plan Nord.

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