Marchand demande «d’autres solutions» pour le vrac au Port de Québec

ÉMILIE PELLETIER, Le Soleil à HELSINKI, le 30 mars 2023 — La «tendance mondiale» veut que les centres-villes se libèrent de la manutention de vrac dans les ports. Le maire Bruno Marchand s’en remet au Port de Québec de trouver lui aussi «d’autres solutions» à défaut de placer ses activités sous couvert.

«Si on n’est pas capable de le faire en circuit fermé, il faudra trouver d’autres solutions. Je ne peux pas croire qu’en 2023, on n’est pas capable de travailler du vrac en circuit fermé», s’est-il prononcé jeudi.

À la dernière journée de sa mission en Europe, Bruno Marchand a visité le Port de Helsinki. Il est l’un des ports de passagers les plus achalandés d’Europe et également le principal pour les échanges commerciaux en Finlande. À l’instar de la plupart des installations  portuaires finlandaises, il est propriété de la Ville de Helsinki.

En plus des 8,1 millions de passagers qui sont passés en 2022, quelque 15 millions de tonnes de marchandises liées à l’industrie forestière, la machinerie et aux biens de consommation y ont transité aussi. Ses activités génèrent des retombées de 4,1 milliards d’euros.

«Enjeux de cohabitation»

Au-delà des chiffres vantés par la direction, le Port de Helsinki vit également des «enjeux de cohabitation» avec son voisinage, comme celui Québec, reconnaît le directeur général Ville Haapasaari.  

Ses «défis» sont principalement liés au trafic routier des poids lourds, à la sortie des traversiers, à bord desquels peuvent loger une centaine de camions semi-remorques et 600 voitures. Pour tenter d’y remédier, devant la pression populaire, un tunnel de 2 kilomètres sera construit d’ici 2025 sous la ville pour dévier la circulation.

À Québec, ce sont plutôt les opérations de transbordement de vracs solides qui font baigner le port dans l’eau chaude. La qualité de l’air préoccupe depuis plus d’une décennie, principalement les habitants de la Basse-Ville.

Dans la capitale finlandaise, ces installations sont situées à l’extérieur de la ville.

Il s’agit là d’une «tendance mondiale», observe le maire Bruno Marchand. La balle est dans le camp du Port de Québec pour suivre la parade.

«Ce sera au port de trouver les solutions avec ses partenaires. On doit faire tout en notre pouvoir, le port s’est engagé et je vais le suivre de près. On améliore la qualité de l’air, un point c’est tout», a-t-il martelé avec conviction, soulevant notamment la piste  de l’installation de brumisateurs.

Au printemps dernier, le président-directeur général Mario Girard avait affirmé que «tout ce qui peut être sous couvert au port est sous couvert», parlant du nickel.

Il n’aura pas le pouvoir d’exiger quoi que ce soit, mais M. Marchand affirme sentir une «réelle volonté d’aller de l’avant».

«On le répète sur toutes les tribunes, il y a des défis. Mais […] je crois à cet engagement sincère — il y a des démonstrations déjà probantes — pour faire en sorte qu’on écoute les citoyens», assure-t-il.

Reconnexion en cours

Le Port de Helsinki dit placer au centre de ses priorités la carboneutralité, qu’il désire atteindre d’ici quelques années, de même que ses relations avec la population.

Il n’est «pas plus avancé» que celui de Québec, aux yeux du maire Marchand. «Il se fait des choses intéressantes à Québec et on va continuer de les bonifier. Je n’ai présentement pas besoin de dire qu’on a besoin d’un lien hiérarchique pour imposer ça au port.»

Le Port de Québec dit se commettre à redonner les berges aux citoyens. Environ 20% de son territoire est utilisé à des fins récréatives et touristiques. «On ne fait pas des millions $ avec ça. Mais c’est de cette façon qu’on reconnecte avec la communauté», a pointé lors de la présentation du Port de Helsinki Olga Farman, vice-présidente du conseil d’administration.

Il lui faudra aussi mieux véhiculer ses bénéfices pour la ville.

«La communauté ne comprend pas les avantages du port, tellement de gens ne voient seulement que les enjeux», note-t-elle. L’intention y est de la direction d’être «connectée à la réalité et aux besoins» de ses voisins.  

Sa Vision 2035 prévoit notamment un plan de décarbonation, d’électrification de ses navires à quai et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

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