Le Port de Québec autorisé à acheter les terrains de Rabaska

Aucun projet de développement n’est dans les cartons pour le moment, assure l’administration portuaire.

David Rémillard, Radio-Canada, publié le 1 avril 2023

Le Port de Québec a le feu vert de Transports Canada pour acquérir les terrains du défunt projet de port méthanier Rabaska, à l’est de Lévis. Les 273 hectares convoités devraient ainsi devenir des terres fédérales d’ici quelques mois.

Le tout a été confirmé à Radio-Canada par l’Administration portuaire de Québec (APQ). Un avis du fédéral doit également être publié ce samedi dans la Gazette officielle du Canada.

L’APQ lorgnait ces propriétés depuis plus de cinq ans. Elle avait signé, en 2017, une option d’achat avec la Société en commandites Rabaska, propriétaire des lieux et dont le projet de terminal de gaz a été abandonné il y a une décennie.

Pour l’APQ, ces lots représentent la chance de constituer une réserve foncière  pour ses développements futurs. Il s’agit de surcroît des derniers terrains à vocation industrialo-portuaire de la grande région de Québec-Lévis, ajoute-t-elle dans un communiqué acheminé à Radio-Canada.

Vue aérienne des terrains convoités par le Port de Québec

Le projet de parc industriel Lévis-Est, en bleu, est inclus dans les terrains que souhaite acquérir le Port de Québec, délimités en bleu également.

PHOTO : CAPTURE D’ÉCRAN – VILLE DE LÉVIS

À cette hauteur, la profondeur du fleuve Saint-Laurent est de 15 mètres, faisant de l’endroit un rare potentiel de quai en eau profonde pour accueillir des navires de grande taille. Toujours selon le Port, la présence de l’autoroute 20 et du réseau ferroviaire à proximité sont autant d’arguments pour développer le secteur Lévis-Est.

Avant de compléter l’acquisition des terrains, l’APQ devait au préalable obtenir l’aval réglementaire de Transports Canada. Cette étape administrative est maintenant franchie avec la publication de l’avis dans la gazette et par l’envoi des lettres d’autorisation du fédéral au Port de Québec.

Pas de projet

Dans son communiqué, l’APQ réitère son intérêt d’intégrer le secteur Lévis-Est dans sa planification stratégique 2035. Il admet également son intention de développer la Rive-Sud, sans toutefois donner d’échéancier précis pour y arriver.

En devenant propriétaire, le Port de Québec doublera la superficie de ses propriétés foncières. Il exploite actuellement 220 hectares de terrains sur la Rive-Nord. Outre la diversification de ses activités ou un développement par l’intérieur, il n’y a plus d’espace pour l’ajout d’une ligne de quai. Seule la Rive-Sud lui permettrait d’agrandir son périmètre aquatique.

« Le Port de Québec veut se donner les leviers nécessaires pour assurer son développement des deux côtés du fleuve. » — Une citation de  Mario Girard, président-directeur général, Administration portuaire de Québec

Selon nos informations, un plan plus spécifique concernant Lévis-Est devrait être présenté au cours des prochains mois, une fois que la transaction sera officiellement conclue.

Le Port refuse cependant d’aller plus loin sur cette question pour le moment, préférant réserver ses commentaires tant qu’il ne sera pas propriétaire des terrains.

Il assure toutefois qu’aucun projet n’est encore dans les cartons et que le tout s’inscrit dans une vision à long terme. L’aqueduc, les connexions aux réseaux ferroviaire et routier ainsi que l’alimentation en électricité seraient à développer. Une falaise de 60 mètres fait aussi partie des défis logistiques à surmonter à cet endroit.

Des études ont été menées par le Port au cours des derniers mois afin d’en évaluer le potentiel. Les résultats n’ont pas découragé l’administration portuaire à aller de l’avant.

Si projet il y a dans le futur à Lévis, l’APQ s’engage à d’abord impliquer la communauté et martèle vouloir faire les choses dans l’ordre.

Le Port de Québec compte déjà parmi ses alliés la Chambre de commerce et d’industrie de Lévis ainsi que le maire Gilles Lehouillier. Rappelons cependant que Lévis a manifesté la volonté d’exclure tout projet impliquant du pétrole et du gaz.

L’UPA opposée

La direction régionale de l’Union des producteurs agricoles de Chaudière-Appalaches s’oppose pour sa part à ce que les terrains tombent sous l’emprise du fédéral.

Les lots identifiés pour l’ancien projet de terminal méthanier Rabaska ont été exclus de la zone agricole provinciale en vertu d’un décret du gouvernement du Québec adopté en 2007-2008. Avec l’abandon du terminal, l’UPA aurait souhaité que les terres soient rapatriées dans la zone agricole provinciale et ainsi protégées du développement industriel.

La Commission de protection du territoire agricole du Québec avait évalué, à l’époque, qu’un total de 500 hectares de terres agricoles pourraient être perdus avec la création de Rabaska. Son avis défavorable au projet avait été renversé par les décrets du provincial.

Les commentaires sont fermés.