Qualité de l’air dans Limoilou : « On va prendre nos responsabilités », dit Marchand

Félix Morrissette-Beaulieu, Radio-Canada, le 31 janvier 2023

Même si le maire de Québec se réjouit de l’amélioration globale de la qualité de l’air, il n’entend pas se défiler pour rehausser celle de Limoilou, qui traîne la patte selon un rapport d’experts commandé par le gouvernement et rendu public mardi.

De façon générale, la qualité de l’air s’améliore dans les quartiers de Québec. Elle s’améliore toutefois moins vite dans Limoilou-Basse-Ville qu’ailleurs au Québec, a immédiatement réagi le maire Marchand.

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a publié mardi le rapport du Groupe de travail sur les contaminants atmosphériques à Limoilou. Ce dernier a identifié quatre polluants qui présentent le plus de risques pour la santé.

Il s’agit des particules fines et respirables (PM 2,5), des poussières/particules en suspension totales (PST), du nickel et des oxydes d’azote (NOx).

Même si on s’améliore […] on a envie de s’améliorer encore plus. On prend les recommandations du rapport […] parce qu’on croit profondément qu’il faut améliorer la qualité de l’air, a indiqué Bruno Marchand.

Solutions

Le maire de Québec dit maintenant vouloir poursuivre les efforts déjà mis en place pour améliorer la qualité de l’air. Il souligne les 40 actions posées par la Ville en lien avec les recommandations pour limiter les émissions de contaminants.

On vous l’a dit qu’on ne se défilerait pas. On va prendre nos responsabilités. On va prendre nos responsabilités en fonction de la science, en fonction du travail qu’on doit faire avec les partenaires. La Ville de Québec ne peut pas travailler seule, mais elle va assumer ses responsabilités et elle va être proactive, a assuré Bruno Marchand.

L’usine de biométhanisation, qui permet de recycler des déchets de table pour en faire de l’énergie plutôt que de les envoyer à l’incinérateur, en est un exemple, a précisé le maire.

Le Port de Québec réagit

Dans un rapport publié en 2013, le ministère de l’Environnement écrivait que les activités de transbordement du Port de Québec étaient toutes désignées comme responsables des concentrations élevées de nickel dans l’air du quartier Limoilou.

Les experts demandent aujourd’hui à l’administration portuaire de mieux encadrer cet aspect, notamment avec de meilleurs mécanismes de surveillance. Le Port entend travailler à bonifier ses façons de faire, et se montre ouvert à regarder une approche par audit indépendant qui s’appliquerait aux différents sites industriels de Limoilou-Basse-Ville, incluant le territoire portuaire.

Je tiens à souligner la qualité du rapport présenté par le Groupe de travail. Ses conclusions sont claires et enfin les citoyens de Limoilou et de la Basse-Ville ont un portrait exhaustif de la qualité de l’air, écrit le PDG du Port de Québec, Mario Girard.

« Ses recommandations seront certainement utiles pour accélérer les changements. Il s’agit d’un grand chantier commun. Le Port de Québec est déjà en action pour déployer plusieurs de ces recommandations et nous allons nous assurer de collaborer avec toutes les parties prenantes, autant au Port avec les opérateurs qu’avec la société civile et les gouvernements, pour respecter les échéanciers proposés par le rapport. » — Une citation de  Mario Girard, PDG du Port de Québec

Concernant spécifiquement les émissions de nickel, l’administration portuaire rappelle que de nombreuses améliorations ont été apportées au cours des dix dernières années. La fermeture complète des cales de navires lors du chargement/déchargement est d’ailleurs en cours d’analyse par l’entreprise et des solutions innovantes sont en développement.

Souvent montrée du doigt pour les dépassements de la norme sur le nickel à Québec, la multinationale Glencore a salué par voie de communiqué le travail accompli par le groupe de travail. Elle compte prendre le temps de lire et d’analyser le rapport avant de le commenter. Les citoyens de Québec peuvent compter sur notre entière collaboration, peut-on lire.

Une norme rehaussée déjà dépassée

Sol Zanetti, député solidaire de Jean-Lesage, bien impliqué dans le dossier, se réjouit des recommandations des experts.

« Il y a beaucoup de mesures d’atténuation qui sont proposées pour le Port de Québec, qui visent la manutention de vrac. C’est quelque chose que l’on sait, que c’est une source de pollution importante depuis longtemps. […] Je trouve que c’est de bon augure. » — Une citation de  Sol Zanetti, député de Jean-Lesage

Toutefois, il se désole que les émissions de nickel surpassent déjà la nouvelle norme rehaussée du gouvernement du QuébecÇa prouve que le ministre de l’Environnement a eu tort d’augmenter cette norme-là […] avant d’avoir un portrait de la situation.

Sol Zanetti accuse le gouvernement Legault de ne pas se préoccuper de la santé des résidents du centre-ville de Québec.

Le député souhaite maintenant prendre plus de temps pour bien analyser le rapport.

Plusieurs coupables

Tout comme les experts, Bruno Marchand constate que la qualité de l’air ne repose pas sur un seul coupable.

La question des déplacements des citoyens en voiture, en camion ou en autobus a des conséquences sur les émissions de particules fines et, ultimement, sur la qualité de l’air. On va avoir, comme citoyens, des choix à faire parce que, si on veut une meilleure qualité de l’air, on va devoir être partie prenante de la solution.

Pour y remédier, la Ville dit vouloir faire l’acquisition des camions à ordures électriques, des autobus hybrides, des surfaceuses hybrides, des véhicules de patrouille policière hybrides, notamment.

Le chauffage au bois est également responsable de la moins bonne qualité de l’air dans le secteur Limoilou, signale le rapport d’expert.

On évalue sommairement que nous avons 25 000 appareils de chauffage sur le territoire de la Ville et il y en a de 5000 à 8000 qui sont non conformes, rappelle le maire. Malheureusement, comme citoyens, là aussi on a un impact sur la qualité de l’air, et le rapport l’illustre clairement.

Un programme de subvention de la Ville permet aux résidents de se procurer un poêle certifié. En 2026, la Ville interdira complètement les poêles non conformes. La Ville se dit ouverte à améliorer son programme.

Le nettoyage des voies de circulation, les chantiers de construction et les industries jouent aussi un rôle dans la piètre qualité de l’air, selon le maire.

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, compte rencontrer les acteurs concernés dans les prochaines semaines.

Nous allons prendre le temps d’analyser le rapport et nous avons l’intention de rencontrer rapidement l’ensemble des acteurs concernés. S’il y a des actions à prendre, nous allons travailler ensemble pour assurer une meilleure qualité de l’air du secteur, écrit son cabinet.

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