François Carabin à Québec
Correspondant parlementaire, Le Devoir, 1 février 2023
Le seuil d’émission de nickel dans l’air dans le quartier Limoilou, à Québec, « n’est pas problématique », a assuré mercredi le ministre de l’Environnement Benoit Charette, au lendemain du dépôt d’un rapport indiquant que les émissions actuelles représentent « un risque inacceptable » pour la population du secteur.
« Ce n’est pas la norme qui pose problème, c’est s’assurer de son respect qui devient notre priorité », a souligné le ministre Charette en mêlée de presse mercredi matin.
La veille, le Groupe de travail sur les contaminants atmosphériques avait déposé son tant attendu rapport sur la qualité de l’air dans Limoilou. Le document de plus de 1200 pages établit notamment que les concentrations moyennes annuelles de particules fines dans l’air du quartier de la basse ville de Québec « sont parmi les plus élevées de la province ». Il fait aussi le constat que la norme quotidienne de 70 nanogrammes par mètre cube fixée par le ministère de l’Environnement en avril 2022 fait encore et toujours l’objet de dépassements.
« Ce qui doit être confirmé, c’est le respect de cette norme-là. Et le ministère de l’Environnement — c’est l’engagement qu’on avait pris dès le départ — va s’assurer du respect de cette norme-là », a lancé M. Charette lorsqu’invité à commenter le rapport. Or, a-t-il admis, « aucune, aucune » réglementation ne proscrit les dépassements du seuil.
« On se concerte pour la suite des choses »
Le rapport ne sera « pas tabletté » et « la qualité de l’air va continuer de s’améliorer dans le secteur », a promis en chambre l’élu de la Coalition avenir Québec, quelques minutes plus tard.
« Dès lundi soir, on a réuni au niveau technique les instances concernées. La Santé était présente, le ministère des Transports était présent. Naturellement, le Port de Québec, le ministère de l’Environnement, la Ville de Québec étaient présents. Donc, on se concerte pour la suite des choses », a assuré le ministre.
Le ministre de la Santé Christian Dubé attend par ailleurs une « position très claire » de la Santé publique au sujet de la qualité de l’air dans Limoilou. « Comme le docteur [Luc] Boileau l’a fait avec son équipe dans le cas de la fonderie Horne. Lorsque cette position-là sera très claire […], je vais laisser mon collègue faire le suivi approprié du côté de l’Environnement », a lancé l’élu au Salon bleu.
Interrogé après la publication du rapport, mardi, le maire de Québec, Bruno Marchand, avait indiqué évaluer ou avoir entrepris 40 mesures de lutte contre la pollution atmosphérique dans le quartier. Le ministre Charette reconnaît que les émissions de nickel « peuvent venir du port » de Québec. « Mais il y a plusieurs activités au port, a-t-il dit. Moi, je ne peux pas mettre en cause le Port de Québec. Il faut que je mette en cause le premier responsable. Et c’est là le défi : identifier laquelle de ces activités-là a été à l’origine du dépassement. »
C’est au port de Québec que la minière Glencore — aussi exploitante de la fonderie Horne de Rouyn-Noranda — transborde son nickel. L’entreprise, qui avait longuement plaidé en faveur d’un rehaussement de la norme, maintient qu’elle est « engagée dans une démarche sérieuse d’amélioration continue ».