Le Port de Québec a dépensé 14 M$ pour promouvoir le projet Laurentia

Le Port a mené plusieurs activités de promotion et d’information sur le projet

STÉPHANIE MARTIN, Journal de Québec, vendredi 16 juillet 2021

Le Port de Québec a déboursé 14 millions $ pour faire la promotion du terminal de conteneurs Laurentia, un montant « indécent », selon les opposants au défunt projet.

Envois postaux, lobbyisme, présentations vidéo, stratégie média, campagnes dans les journaux, journées d’information, site web, production d’études pour l’Agence d’évaluation d’impact, etc., les dépenses ont été nombreuses pour faire la promotion du projet et préparer les études dans le cadre du processus environnemental, constate-t-on à la lecture d’un document obtenu par Accès Saint-Laurent Beauport, par l’entremise de la Loi sur l’accès à l’information. 

La seule réalisation des études et analyses pour l’Agence a coûté 11 millions $. 

Les dépenses totalisent 13,8 millions $. « C’est indécent », tranche Véronique Lalande, de l’initiative Vigilance Port de Québec et opposante notoire au projet Laurentia. Celui-ci a été officiellement rejeté par Ottawa il y a quelques semaines en raison de ses « effets environnementaux négatifs importants ».

Pour elle, il y a une iniquité flagrante entre les moyens dont a disposé le Port et ceux des citoyens qui s’opposaient au projet. 

« Choqué »

Jean Lacoursière, d’Accès Saint-Laurent Beauport, se dit « choqué » par les montants « stratosphériques » qui ont été investis uniquement en promotion. C’est tout près de 2 millions $, constate-t-il.

Il s’interroge particulièrement sur les activités de lobbyisme auprès des gouvernements du Québec et du Canada, pour 712 000 $. « Comment se fait-il que pendant que l’Agence évalue le projet, il y a un autre jeu qui se déroule en même temps ? »

Ces sommes ont été dépensées entre 2015 et le 31 mai dernier. Elles ne comprennent pas les salaires des dirigeants et employés qui ont travaillé à la promotion. 

Fonds publics ?

Pour Mme Lalande, il s’agit de fonds publics, ce que dément vertement le Port, qui n’a pas du tout la même interprétation. 

« Il n’y a pas de deniers publics pour assumer les coûts d’opération dans lesquels sont inclus les coûts de Laurentia », a martelé Frédéric Lagacé, directeur des affaires publiques à l’Administration portuaire de Québec (APQ). 

« Le gouvernement ne fournit aucun dollar pour les opérations de l’APQ. »

Le Port gère les terres de la Couronne qui lui ont été confiées, oppose Véronique Lalande. « Il n’est pas propriétaire. Cet espace appartient à la population et le Port a la mission de le gérer et de le faire fructifier. Quand tu prends cet argent pour faire une campagne de propagande, c’est de l’argent qu’il n’utilise pas pour bien gérer le bien fourni ou [pour distribuer] des redevances. C’est uniquement de l’argent public. Le Port n’est pas une entreprise privée qui met de l’argent de sa poche. »

Frédéric Lagacé rappelle que l’APQ a investi des millions de dollars dans la réfection de ses quais et infrastructures. « Le Port a travaillé fort dans les dernières années pour augmenter ses revenus de façon à pouvoir poursuivre ses investissements dans ses infrastructures qui ont même battu un record en 2020. »   

DÉPENSES POUR LE PROJET LAURENTIA   

  • Envois postaux : 29 838 $ 
  • Campagnes dans les journaux : 446 920 $ 
  • Dépliants : 55 648 $ 
  • Journées d’information : 21 076 $ 
  • Présentations vidéo : 37 725 $ 
  • Stratégie média : 463 707 $ 
  • Site web : 56 245 $ 
  • Lobbyisme auprès des gouvernements fédéral et provincial : 712 493 $ 
  • Production (mesures, études, analyses, etc.) de la documentation requise par l’AÉIC pour l’étude d’impact environnemental : 11 117 868 $ 
  • Frais de voyage : 197 880 $ 
  • Honoraires professionnels de Don Krusel, directeur du projet : 700 795 $ 
  • TOTAL : 13 840 195 $  

*Entre 2015 et le 31 mai 2021

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