Protégeons le libre accès aux plans d’eau: ne créons pas un précédent sur la rivière Bonaventure

COLLECTIF D’AUTEURS

POINT DE VUE, Le Soleil, 25 avril 2021

L’adoption précipitée du Plan de cohabitation pour la rivière Bonaventure pourrait fortement compromettre l’accès aux rivières du Québec.

Le Plan global de cohabitation, déposé au ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs pour encadrer les activités récréatives, est préoccupant pour toute personne souhaitant profiter des cours d’eau autrement qu’en pratiquant la pêche sportive.

Les rivières québécoises sont des joyaux qui méritent d’être partagés

Le dépôt du Plan soulève de sérieuses inquiétudes chez les acteurs touristiques. Nous sommes devant une situation où l’on tente de favoriser l’accès aux cours d’eau pour la pêche sportive au détriment des autres activités récréatives.

Selon le Plan, l’accès à la rivière Bonaventure se verrait réduit de manière significative à quelques semaines du début de la saison touristique, situation qui risque de se reproduire sur de nombreux autres cours d’eau. De nouvelles limitations quant au nombre d’usagers rendraient plus difficile l’accès aux plans d’eau pour les plaisanciers, les amateurs de plein air et les familles québécoises. Des activités encadrées comme celles qu’offrent nos entreprises favorisent le respect des bonnes pratiques environnementales et sécuritaires. Nous jouons un rôle important en ce sens et nous écarter de la solution est faire fausse route.

Nos organisations sont d’accord qu’une réelle cohabitation, respectueuse et équitable, sur les rivières est la priorité. Toutefois, la pérennisation des rivières ne doit pas passer par une dynamique de privatisation.

À titre d’exemple, la Gaspésie compte 18 rivières à saumon atlantique où est pratiquée la pêche sportive. De ce nombre, peu d’entre elles offrent un niveau de sécurité élevé pour les activités sans prélèvement de la faune, accessibles et familiales. Autrement dit, plusieurs rivières demeureront des rivières presque uniquement propices à la pêche. Celles qui sont adaptées au loisir du grand public doivent être partagées de manière concertée.

L’adoption d’un plan précipité aura des conséquences économiques sur les communautés

Année après année, les activités de plein air organisées charment les locaux et les visiteurs. Les retombées économiques directes et indirectes des activités récréatives sont importantes et participent à la vitalité des communautés. À bien des égards, la pandémie a eu un impact négatif sur les commerces et entreprises. La situation étant précaire, on ne peut se permettre de mettre à risque la saison touristique 2021.

À ce jour, aucune étude n’a été complétée pour documenter les impacts des activités récréatives sans prélèvement sur le saumon atlantique. Il est primordial, en 2021, de baser nos orientations sur des données scientifiques et non sur des perceptions. Pourquoi précipiter une décision lorsque nous pourrions tous nous asseoir ensemble, d’égal à égal, pour orchestrer la cohabitation des loisirs en rivière en nous appuyant sur la science et l’équité?

À l’aube de la saison estivale, il serait préférable pour tous de profiter de cette saison pour recueillir l’ensemble des données nécessaires à la conduite d’un exercice d’analyse rigoureux pour la gestion intégrée et pérenne des cours d’eau. Il y a lieu de recadrer la manière de gérer les rivières québécoises, afin que les décisions soient prises de manière représentative de tous les groupes d’intérêt pour arriver à des solutions réalistes, équitables et durables.

Ne créons pas un précédent

Les éléments inclus dans le Plan global de cohabitation pour la rivière Bonaventure pourraient créer un dangereux précédent pour l’ensemble des rivières du Québec.

Ensemble, trouvons de réelles solutions qui permettront à tous, peu importe leur loisir, de cohabiter harmonieusement.

Chaque Québécoise et Québécois doit avoir une chance égale d’accéder aux cours d’eau de notre province. Nous continuerons à défendre ce principe en éduquant les usagers aux bonnes pratiques environnementales et sécuritaires.

Élodie Brideau, directrice générale, Cime Aventures 
Emmanuel Laferrière, directeur, Altai Canada Opération et Centre d’Aventure Mattawin 
Gilles Talbot, président-directeur général, Rafting Nouveau Monde 
André Heller, propriétaire, Descente Malbaie 
Geneviève Labonté, copropriétaire, Nature Aventure 
Yann Barriault, propriétaire, Eskamer Aventure 
Olivier Bazinet, copropriétaire, Griffon Aventure 
Sébastien Savard, président-directeur général, Katabatik Aventure dans Charlevoix 
Jean-François Tapp, copropriétaire, Camp de base Gaspésie 
Vanessa Dumont et Olivier Chrétien, propriétaires, Valmont plein air 
Anick Caissy, propriétaire, Tula Yoga Gaspésie 
Pierre Bindet, propriétaire, York Expédition

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