Laurentia et la promesse d’un parc urbain

JOCELYN FORTIER, Québec

POINT DE VUE, Le Soleil, 26 avril 2021

Pour vendre Laurentia, le Port de Québec fait miroiter la livraison d’un parc urbain et il s’appuie sur des études de toutes sortes qu’il a commanditées et payées et d’alléchantes simulations infographiques.

Le Port de Québec veut nous convaincre qu’il est un bon citoyen, respectueux de l’environnement et désireux d’améliorer la qualité de vie des citoyens. Il faut cependant se méfier du chant des sirènes et plutôt juger les personnes et organisations sur leurs réalisations.

Au début des années 2000, on nous promettait l’appropriation de notre fleuve par la construction de la promenade Champlain. Après la livraison de la promenade en 2008, on a commencé à rêver à son prolongement vers l’est. Pourtant, durant la même période, le Port de Québec a décidé de construire un nouveau terminal céréalier dans cette zone comprise entre la côte Gilmour et le Cap-Blanc, détruisant ainsi le rêve d’une promenade Champlain bucolique du pont de Québec au Vieux-Québec.

Les investissements importants consacrés au prolongement de la promenade Champlain ne pourront malheureusement en aucune façon réparer l’énorme gâchis créé par le Port de Québec dans cette zone hautement sensible de Québec. Il suffit d’aller se promener sur le boulevard Champlain entre la côte de Sillery et l’anse Brown pour juger de la crédibilité des promesses du Port de Québec et de son partenaire le Canadien National pour leur projet de la baie de Beauport.

Au hasard de notre promenade, nous verrons le déboisement sauvage de la falaise à la hauteur de Bergerville à Sillery, les anciens réservoirs pétroliers transformés en silos dégueulasses, les nouveaux silos monstrueux, les boules blanches à granules de bois, les tours de chargement des navires qui défigurent le paysage, la nouvelle cour de triage bruyante (eh oui! Les trains ne roulent pas sur pneumatiques), l’entreposage en vrac à ciel ouvert sur le quai, le terminal de conteneurs (il est plutôt petit, imaginons ce que ce sera dans la baie de Beauport), l’augmentation du trafic ferroviaire et de la circulation routière lourde, le grondement perpétuel des génératrices des navires qui ne sont pas équipés pour se brancher sur le réseau électrique du Port de Québec ou dont les armateurs préfèrent ne pas utiliser ce réseau en raison de la tarification imposée, etc.

Et je ne parle ni de l’état lamentable du pont de Québec au crédit du Canadien National, ni de toute la problématique vécue par les résidents de Limoilou.

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