Projet Laurentia et Vanier: Mégaprojet = méga-inquiétude

Jacynthe Fortin

JACYNTHE FORTIN, Conseil de quartier de Vanier

Le Soleil, le 22 janvier 2021

POINT DE VUE / L’agrandissement du Port de Québec en vue de devenir un mégaport en eau profonde pour le transbordement de conteneurs vers des destinations de mégapoles de l’Ontario et de la côte est américaine suscite de multiples questions et résistance. Depuis environ 2015, ce projet est dans l’air du temps. 

Il prend forme et se précise pendant plusieurs années, à l’abri des regards critiques et des populations avoisinantes. Ce n’est que l’automne dernier que des réactions publiques, citoyennes et médiatiques montèrent à la surface. Les questions nombreuses d’ordre environnemental et sanitaire soulevées par le rapport provisoire de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada sont un point tournant pour cet important projet du Port de Québec.

Concrètement, Laurentia correspond à différentes étapes de réalisation : des travaux gigantesques de construction et d’adaptation de l’actuel port (quai prolongé + digue) afin de recevoir des méganavires porte-conteneurs, puis l’installation d’infrastructures complexes de transbordement et finalement le transit terrestre par trains et camions des marchandises pour leur destination.

Les réactions citoyennes des quartiers avoisinants (Maizerets, Vieux-Limoilou) n’ont pas tardé à se faire entendre avec force dénonciation sur les risques réels encourus pour la santé de leurs habitants. Des poussières et particules augmentées de façon nocive dans l’air du milieu de proximité sont des facteurs prouvés de vulnérabilité pour la population.

Sur cette question, l’on sait d’évidence que Vanier n’est pas très éloigné de cette source de pollution atmosphérique. Mais en ce qui nous concerne, là où le bât blesse, c’est le transport ferroviaire par lequel 90 % des marchandises seront acheminées. Et Vanier a la palme de dangerosité à ce sujet. Le quartier est coupé en deux par la voie ferrée. Actuellement, deux passages à niveau routiers bloquent la circulation piétonne et routière, et ce, en plus des deux passages à niveau piétonniers. Déjà là, il y a présentement ce qu’on peut appeler une fragilité de sécurité ferroviaire.

Il ne s’agit pas ici de crier au loup inutilement mais, sachant que près de 14 000 conteneurs seront, par semaine, transbordés à Québec, cela en moyenne pourrait correspondre à trois convois de trains intermodaux par jour. La circulation ferroviaire présente est loin d’être banale avec un trafic de longs convois à plusieurs moments du jour et de la nuit. Des matières dangereuses circulent dans des wagons-citernes sans que l’on sache vraiment de quoi il s’agit. Par contre, il est bien visible que la voie ferrée passe très près de résidences pour personnes aînées. La réglementation oblige à 30 mètres, mais vu du terrain, ça semble être une mesure aussi réduite qu’un quai de gare! Des établissements scolaires sont également dans une proximité à risque. Le passage à niveau piétonnier a déjà eu au moins un décès d’un jeune enfant. Et ce que nous savons par le Bureau de la Sécurité des transports du Canada, selon un relevé de 2019, c’est que les accidents ferroviaires sont la plupart du temps causés par des déraillements hors des voies principales.

Finalement, Vanier a de quoi, par son contexte ferroviaire, allumer un clignotant rouge sur une éventuelle augmentation du trafic du Canadien-National au sein de son milieu de vie. Ce mégaprojet fédéral ne doit donc pas correspondre à un mégasilence citoyen de Vanier.

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