Le temps est écoulé, Laurentia doit couler

Monquartier.quebec • 11 janvier 2021

Simon Parent
Table citoyenne Littoral Est

La Table citoyenne Littoral Est mène depuis 2019 une démarche pour proposer une vision citoyenne du développement du secteur Littoral Est, basée sur la démocratie participative, l’écologie et l’inclusion sociale. Dans le texte suivant, la Table réagit à l’extension accordée par l’Agence d’évaluation d’impact du Canada pour le dépôt de son rapport final sur le projet Laurentia du Port de Québec.

L’analyse du projet d’agrandissement portuaire de Québec par l’agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC) est en cours depuis 5 ans. Lors des consultations publiques, de novembre à décembre 2020, près de 700 commentaires ont été déposés à l’AEIC par des organismes et citoyen.ne.s. À la suite de cette étape cruciale, l’Administration portuaire de Québec (APQ), promoteur du projet faisant l’objet de l’évaluation, a demandé à l’agence fédérale de reporter le dépôt de son rapport final. Le 8 janvier 2021, cette demande d’extension était accordée par l’AEIC. Nous, membres de la table citoyenne Littoral Est, voyons dans cette décision une entorse importante au processus démocratique et croyons que le manque de temps exprimé par l’APQ n’est rien d’autre que le fruit de sa propre négligence.

Huit ans. C’est le nombre d’années qui séparent le premier recours collectif de l’initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec de la production du rapport provisoire concernant le projet Laurentia par l’AEIC.

Huit ans. C’est le temps qu’a eu l’administration portuaire de Québec (APQ) pour améliorer ses installations suite aux mobilisations citoyennes dans Limoilou, exaspérées par la poussière rouge polluant l’air des quartiers centraux.

Huit ans. C’est la période qu’avait l’APQ pour démontrer aux citoyen.ne.s qu’elle était sensible aux enjeux relatifs à la santé publique et à la qualité de l’environnement.

Huit ans. C’est presque une décennie consacré par l’APQ au mépris des citoyen.ne.s, à la pollution des quartiers densément peuplés et au financement d’une propagande dédiée à l’expansion des activités cancérigènes du Port de Québec : Beauport 2020 et aujourd’hui Laurentia.

Après huit ans d’insouciance, c’est le 23 décembre, l’avant-veille de Noël, à l’aube des élections fédérales et quelques semaines avant la publication du rapport final de l’AIEC que l’APQ demande à l’agence fédérale de reporter le dépôt de son évaluation d’impact sous prétexte que « l’échéancier actuel ne lui permettra pas d’inclure toutes les informations ». Autrement dit, l’APQ prétend avoir manqué de temps.

Mais où était l’APQ pendant toutes ces années? Elle savait que ses activités soulevaient la grogne populaire et qu’elles exerçaient une pression sur la santé publique et l’environnement. Elle avait tout le temps nécessaire pour produire des études environnementales, faire des démonstrations sérieuses et améliorer ses installations. Pourtant, elle a choisi de se mettre la tête dans le sable et d’enfoncer son agrandissement portuaire dans la gorge des citoyen.ne.s à grands coups de propagande mensongère, de partenariats douteux et de lobbyisme. Maintenant, à la dernière seconde, elle demande un délai supplémentaire parce qu’il lui manque du temps!?

Enfin, les huit années passées auront suffi pour comprendre que toute activité supplémentaire de l’APQ à Québec sera une nuisance pour les habitant.e.s et l’écologie. Et son projet, comme ses démarches, n’a rien d’acceptable. La demande de prolongement ne visent désormais qu’à faire de Laurentia un enjeu électoral qui divisera les conservateurs, le Bloc québécois, le NPD et les libéraux. Mais venons-en à l’évidence : Laurentia tombe à l’eau. Et, comble de l’ironie, ce ne sont pas les citoyen.ne.s qui en auront eu raison, mais bien le mépris pathologique de l’APQ pour les réalités du monde que sont les habitant.e.s du territoire, leur santé et celle des écosystèmes.

Huit ans. Le temps est maintenant écoulé. Laurentia doit couler.

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