JEAN-FRANÇOIS RACINE et STÉPHANIE MARTIN, Journal de Québec, publié le lundi 30 novembre 2020
Le ministère québécois de l’Environnement a critiqué à son tour le projet Laurentia du Port de Québec en soulevant «certains enjeux importants reliés à sa réalisation».
Le ministère a publié, lundi, son rapport de recommandations concernant le projet de terminal de conteneurs de l’Administration portuaire de Québec (APQ).
Le gouvernement du Québec participe à l’analyse menée par l’Agence d’évaluation d’impact du Canada. Cette dernière avait soulevé récemment les effets négatifs importants du projet.
Québec s’inquiète entre autres de l’atteinte aux milieux humides et hydriques, notamment en raison du remblayage dans le littoral, du dragage du fleuve, des nuisances, de la sécurité reliée au transport routier ou ferroviaire, des émissions atmosphériques, de la dégradation de la qualité de l’air, du bruit, de l’insertion dans le paysage naturel et de l’impact sur les activités récréotouristiques à la Baie de Beauport.
Des nuisances
Le rapport du provincial formule d’ailleurs plusieurs recommandations à cet effet.
Concernant l’objectif d’accroître l’espace pour l’entreposage de marchandises à même le cours d’eau, la réponse est sans équivoque.
«[…] le projet, dans sa forme actuelle, n’est pas en phase avec la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables.»
Les conclusions sur les impacts du projet Laurentia sur les milieux hydriques, caractérisés par l’habitat du poisson, demeurent actuellement incomplètes.
Quant à la période de restriction proposée pour la réalisation des travaux de dragage, celle-ci doit être plus étendue afin de couvrir la période plus sensible pour les espèces de poissons. Minimalement, les travaux de dragage ne doivent pas être réalisés durant la période du 1er mai au 15 août.
Transport et émissions
Le projet entraînerait aussi une augmentation du transport routier et ferroviaire susceptible d’apporter des nuisances importantes dans les quartiers limitrophes.
La problématique actuelle des contaminants atmosphériques dans les quartiers résidentiels adjacents reste également un élément très sensible. Le ministère explique que la modélisation montre déjà des dépassements en phase de construction.
«Ces mesures doivent faire en sorte que la réalisation du projet Laurentia n’entraîne pas une augmentation nette des émissions de nickel dans l’air ambiant à Québec.»
Enfin, à cause de son impact sur le paysage, mais aussi par rapport à la sécurité nautique, le projet est susceptible d’affecter l’utilisation et la fréquentation de la Baie de Beauport.
De plus, on peut lire que le plan de mesures d’urgence (PMU) de l’APQ devra couvrir une zone plus élargie touchant les deux rives du fleuve.
Le ministère précise que «le projet Laurentia suscite d’importantes préoccupations chez des citoyens et des organismes du milieu.»
Rappel
En août 2015, l’Administration portuaire de Québec a annoncé son projet d’agrandissement portuaire dans le secteur Beauport.
Le projet Laurentia prévoit maintenant l’entreposage de marchandises conteneurisées.
Cet agrandissement vise la construction d’un nouveau terminal avec l’ajout d’un quai en eau profonde, offrant une profondeur de 16 m à marée basse permettant d’accueillir des porte-conteneurs.
Le projet actuel consiste à prolonger la ligne de quai du secteur Beauport, sur une distance de 610 m, afin d’y ajouter un quai en eau profonde, de 450 m de longueur, et de construire une digue de retenue permettant d’ajouter un espace portuaire supplémentaire.