Projet Laurentia: le ministère de l’Environnement préoccupé par le nickel

Isabelle Porter, Le Devoir, publié le 1er décembre 2020

En raison des concentrations déjà élevées de nickel dans l’air, le Port de Québec doit nécessairement réduire ses émissions de nickel « actuelles et futures » s’il souhaite réaliser le projet Laurentia.

Telle est l’une des recommandations d’un rapport rendu public lundi soir par la direction de l’Évaluation environnementale et stratégique du ministère.

Laurentia est un projet d’agrandissement de plusieurs centaines de millions de dollars visant à positionner Québec comme un leader dans le transbordement de conteneurs.

Or la zone portuaire est située à proximité du quartier Limoilou où les concentrations de nickel dans l’air dépassent de façon importante les normes (571 %). En 2013, une étude du ministère avait d’ailleurs démontré que la source principale d’émissions était le Port de Québec qui transborde d’importantes quantités de minerai (le vrac solide).

Certains des défenseurs du projet Laurentia plaident qu’en misant sur les containers, le Port pourra justement réduire ses activités dans l’industrie du vrac solide et améliorer sa cohabitation avec les quartiers résidentiels environnants.

« Tous nos problèmes depuis quelques années dans tout ce débat-là, c’était la provenance de la poussière qui venait du transbordement de vrac », déclarait le maire Labeaume à Radio-Canada lors d’une sortie à la mi-novembre.

Or le ministère affiche néanmoins des inquiétudes à ce sujet. « Considérant qu’une partie importante des [émissions de nickel] est attribuable aux activités se déroulant actuellement sur le site du Port de Québec, l’autorisation pour en générer de nouvelles, susceptibles d’augmenter ces émissions ne devrait être délivrée […] que si des mesures de réduction des émissions de nickel actuelles et futures soient proposées et appliquées », peut-on lire dans document cité plus haut.

Une tuile de plus

Ce rapport a été produit par le ministère dans le cadre d’une évaluation beaucoup plus large menée dans ce dossier par Ottawa. Le document vise notamment à énumérer des conditions à respecter et d’ajustements à faire par le Port dans l’éventualité où le projet serait autorisé par le fédéral.

Or l’Agence d’évaluation d’impact du Canada a déjà déposé un premier rapport très critique du projet faisant état d’impacts environnementaux négatifs notamment sur la qualité de l’air.

L’organisme mène jusqu’au 16 décembre des consultations virtuelles avant de soumettre ses recommandations au conseil des ministres du gouvernement Trudeau.

Dans le passé, le maire de Québec Régis Labeaume a toujours soutenu ce projet mais certains de ses conseillers municipaux représentant des quartiers centraux se sont prononcés contre récemment.

Le gouvernement Legault a, lui aussi, toujours affiché un préjugé favorable envers Laurentia. Or, le projet ne semble pas bénéficier d’un consensus qui lui est largement favorable en dehors des intervenants socio-économiques », relève le ministère de l’environnement dans l’analyse publiée lundi.

Les commentaires sont fermés.