Laurentia continue de perdre des appuis au conseil municipal

Sébastien Tanguay, Radio-Canada, publié le 21 novembre 2020

De plus en plus d’élus municipaux manifestent désormais ouvertement leur opposition au projet Laurentia, présenté par le maire Régis Labeaume comme un des piliers de la relance économique de la région de Québec après la pandémie.

Le doyen du conseil municipal, Yvon Bussière, a changé son fusil d’épaule au sujet du chantier qui veut transformer le fleuve Saint-Laurent en une autoroute maritime

Le projet, tel qu’il est présentement, est inacceptable pour la population et la qualité de l’environnement, à Québec et au Québec, a confié à Radio-Canada, vendredi, le conseiller de Montcalm—Saint-Sacrement.

Un troisième élu de l’Équipe Labeaume remet également en question son soutien à Laurentia.

Pierre-Luc Lachance, élu dans Saint-Roch—Saint-Sauveur et adjoint au maire pour l’entrepreneuriat, indique être en réflexion.

« Je vais prendre le temps d’analyser le rapport de l’Agence d’évaluation d’impact avant de me prononcer. » (Pierre-Luc Lachance, conseiller de Saint-Roch—Saint-Sauveur)

Ce rapport, présenté lundi par l’AÉIC, souligne les impacts environnementaux néfastes que Laurentia aurait sur l’écosystème du Saint-Laurent et sur la qualité de l’air dans les quartiers centraux.

Deux membres de l’équipe Labeaume, Geneviève Hamelin et Suzanne Verrault, respectivement élues dans Maizerets—Lairet et Limoilou, ont déjà retiré leur appui au projet Laurentia cette semaine.

Si l’élu de Saint-Roch-Saint-Sauveur imite ses deux collègues, tous les représentants de la Cité-Limoilou au sein de l’équipe au pouvoir à l’hôtel de ville auront désavoué Laurentia.

Le cabinet du maire a indiqué que Pierre-Luc Lachance allait pouvoir s’exprimer librement par rapport au projet d’agrandissement du port de Québec.

Moi je l’invite à suivre sa conscience et suivre, aussi, l’appel des citoyens et l’acceptabilité sociale de ce projet-là, ajoute Yvon Bussière, qui, jusqu’à tout récemment, appuyait Laurentia.

Le chef de Démocratie Québec, Jean Rousseau, partage l’avis de son collègue : M. Lachance doit exprimer clairement sa position concernant le projet Laurentia.

Les citoyens de son district sont parmi ceux qui sont les plus affectés, insiste l’élu de Démocratie Québec. Quand le nordet ramasse la pollution dans le coin du port, ce sont ses gens qui souffrent. J’invite M. Lachance à faire preuve d’un acte de courage et de s’exprimer selon sa conscience.

Pour le conseiller indépendant Raymond Dion, opposé lui aussi à Laurentia, les désaveux manifestés cette semaine au sein de l’Équipe Labeaume se résument à des effets de toge politiques.

J’ai été 10 ans avec le parti, je sais comment ça marche!, indique l’élu du district de Loretteville-Les Châtels.

Lui croit que les désavantages de Laurentia dépassent largement les bénéfices, pour le fleuve et pour la population de Limoilou.

« Pour les gens de Limoilou, la coupe est pleine. » (Raymond Dion, conseiller district de Loretteville-Les Châtels)

Partisans et opposants face à face

Le Port de Québec a vertement critiqué, vendredi, les conclusions tirées par l’Agence. Selon le PDG du Port, Mario Girard, plusieurs d’entre elles ne seraient pas fondées sur la science et le rapport, dit-il, est incomplet, provisoire et perfectible. 

La vice-première ministre Geneviève Guilbault, tout comme la rectrice de l’Université Laval, Sophie D’Amours, maintiennent leur soutien au projet. S’il faut apporter des améliorations, c’est bien sûr qu’on va le faire, a toutefois indiqué la ministre responsable de la Capitale-Nationale, vendredi.

Des groupes citoyens et des organismes se mobilisent quant à eux pour manifester leur opposition à Laurentia. Le mouvement pourra compter sur l’appui de Québec solidaire, qui prépare une campagne pour faire pression sur le gouvernement Legault.

Laurentia, un projet estimé à 780 millions de dollars, propose d’ériger le port en eau profonde le plus à l’intérieur des terres en Amérique du Nord pour accueillir un terminal de conteneurs.

Selon le Port de Québec, sa construction permettrait de réduire de 18,5 % les émissions de gaz à effet de serre créées par le transport des marchandises qui y transiteront, du port d’outre-mer jusqu’à sa destination finale.

Avec les informations d’Olivier Lemieux

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