Kassandra Nadeau-Lamarche, Radio-Canada, publié le 20 novembre 2020
Le Port de Québec juge que le rapport provisoire de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AÉIC) publié plus tôt cette semaine est « incomplet ». L’administration portuaire minimise les « impacts négatifs » du projet de terminal de conteneurs sur l’environnement.
L’administration portuaire de Québec (APQ) affirme avoir effectué plus d’une centaine d’études environnementales sur le projet Laurentia.
Le PDG Mario Girard estime que le Port possède plusieurs données que l’AÉIC n’a pas prises en compte dans l’élaboration de son rapport.
Nous ne partageons pas plusieurs des observations incluses dans le rapport provisoire de l’agence
, a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse, vendredi matin.
Le Port de Québec compte déposer un mémoire à l’agence fédérale contenant des données permettant de rassurer la population quant aux éventuels impacts du projet d’extension du terminal de conteneurs dans la baie de Beauport.
Acceptabilité sociale
Depuis la publication du rapport provisoire le 16 novembre, plusieurs groupes et élus municipaux se sont opposés au projet Laurentia.
Geneviève Hamelin et Suzanne Verreault qui représentent Maizerets-Lairet et Limoilou au sein de l’Équipe Labeaume ont joint leur voix cette semaine aux dissidents. L’opposition officielle à l’hôtel de ville s’est aussi prononcée contre le projet.
Mario Girard comprend leurs inquiétudes, mais les invite plutôt à lire le rapport en entier. Il estime également qu’elles pourront trouver réponse à leurs craintes dans le mémoire qui sera déposé.
Malgré les conclusions du rapport, et les nombreuses oppositions, le Port de Québec croit encore à son projet. Avec les réponses qu’on va donner à l’agence, avec les données scientifiques qui n’ont pas encore été considérées dans le rapport de l’agence et du côté de Pêches et Océans […] les décisions du gouverneur en conseil seront positives
, explique Mario Girard.
Circulation urbaine des poids lourds
L’une des inquiétudes véhiculées par les opposants, dont Suzanne Verreault, touchait la circulation des camions dans le quartier Limoilou.
Le Port affirme avoir mis en place au début de l’année une campagne de sensibilisation afin d’inciter les camionneurs à utiliser les grands axes routiers comme l’autoroute Dufferin-Montmorency plutôt que de traverser Limoilou.
Il se dit également prédisposé à rendre l’utilisation de cette voie de contournement obligatoire.
Impacts sur les poissons du Saint-Laurent
La situation du bar rayé dans le Saint-Laurent est au coeur des inquiétudes de l’AÉIC, qui estime que le projet risque de détruire une frayère de cette espèce, en plus d’aires d’alimentation et de déplacement pour l’esturgeon jaune et l’esturgeon noir et une aire de rassemblement pour la reproduction de l’alose savoureuse.
L’administration portuaire estime toutefois que les risques sont restreints, et que l’agence fédérale n’a pas pris en compte toute l’information disponible. Elle indique entre autres que l’aire de fraie est plus grande que celle indiquée dans le rapport provisoire.
Pollution atmosphérique
Le rapport de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada faisait aussi état d’effets sur la qualité de l’air liés aux émissions de contaminants atmosphériques.
Marie-Ève Lemieux, directrice environnement pour Laurentia, affirme que le projet a été modifié et que le Port n’effectuera que la manutention de conteneurs, ce qui ne générera pas de poussière.
Elle ajoute que selon une étude réalisée l’an dernier par la Santé publique, le chauffage au bois est responsable de plus de 60 % des émissions de particules fines dans La Cité-Limoilou, et que les industries et le transport se partagent le reste. L’administration portuaire estime donc que les effets du projet seront négligeables.
Québec maintient son appui
Dans un point de presse vendredi matin, la vice-première ministre, et ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale, Geneviève Guilbault a affirmé que Laurentia demeurait un projet important pour le bien-être économique du Québec.
Elle a toutefois indiqué que le gouvernement était prêt à travailler avec le Port de Québec afin d’adapter le projet pour qu’il réponde mieux aux critères environnementaux.