Jean-François Tardif, Le Soleil, publié le 9 novembre 2020
[Note d’ASLB: un communiqué du GIRAM met sérieusement en doute cette « vague » d’appuis.]
Le projet Laurentia du Port de Québec a reçu un appui de taille lundi matin alors que 170 villes, municipalités et MRC de la Capitale-Nationale du Centre du Québec, de Chaudière-Appalaches, du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine ont plaidé en faveur de la construction du terminal de conteneurs en eau profonde aux abords de la baie de Beauport.
Selon les villes, les municipalités et les MRC appuyant le projet, le terminal constituerait un atout de taille pour les entreprises présentes sur leur territoire qui profiteraient de gains de compétitivité importants au niveau de l’importation et de l’exportation. Et à cause de sa proximité et de ses coûts plus abordables, il pourrait permettre à de nouvelles entreprises de profiter des marchés internationaux. Le terminal pourrait ainsi collaborer au développement des régions et contribuer à la relance économique du Québec.
«C’est un super bel appui», a indiqué lors d’un point de presse M. Mario Girard, président-directeur général, Administration portuaire de Québec. «On est très fier de ça. Et c’est très significatif. Cet appui permet de montrer l’effet très structurant du projet qui est vraiment plus large que la région immédiate de Québec.»
Selon M. Girard, l’appui au projet Laurentia serait en relation directe avec le travail fait depuis cet été par les consultants engagés par le Port de Québec afin de se rendre dans les entreprises de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches, mais aussi du Centre du Québec, du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, afin de savoir quels pourraient être pour elles les impacts de l’arrivée d’un terminal de conteneurs en eau profonde à Québec. Une grande majorité d’entrepreneurs s’est montrée très enthousiaste au projet (80 %) qui a rapidement eu des échos dans les bureaux des élus régionaux.
«Ce que l’on réalise, c’est que les entreprises en région ont besoin de projets comme celui-là.»
Pour appuyer ses dires, M. Girard a repris le témoignage fait en point de presse lundi par Mme Guylaine Sirois, préfet élue de la MRC du Témiscouata. Elle a expliqué que son territoire comptait 300 entreprises acéricoles qui exportaient 20 millions de livres par année de sirop d’érable dans 53 pays. En passant par le Port de Québec plutôt qu’un autre port situé plus loin pour exporter leur sirop, elles pourraient réaliser des économies importantes qui pourraient servir à générer une activité économique additionnelle dans la région.
44 000 étudiants de l’UL contre
Presque au même moment où le Port de Québec dévoilait l’appui qu’il avait obtenu de villes, de municipalités et de MRC dans cinq régions, la Confédération des Associations d’étudiants et étudiantes de l’Université Laval (CADEUL) et l’Association des étudiants et des étudiantes de Laval inscrits aux études supérieures (AÉLIES) votaient à l’unanimité (44 000 étudiants et étudiantes) contre le projet Laurentia qu’il considérait comme écocide.
«J’ignore si c’est vraiment 100 % des étudiants et des étudiantes qui se sont prononcés en défaveur du projet», a mentionné M. Girard. «Mais ce que nous disons, c’est que ça nous ferait plaisir de rencontrer les associations étudiantes pour leur présenter le projet et leur montrer tout ce que nous avons fait en termes d’impacts environnementaux. On a fait 116 études environnementales depuis sept ans. On a mis 13 millions $ là dedans. On a fait nos devoirs.»
M. Girard a ajouté que selon un récent sondage mené par Sondage Léger pour le compte du Port de Québec, 68 % des gens de la Ville de Québec qui avaient une opinion sur le projet Laurentia y était favorable. «C’est extrêmement intéressant parce que dans un projet d’infrastructures on n’aura jamais l’unanimité. C’est le genre de projet qui génère des passions un peu.
«En même temps, un projet d’infrastructures ça ne peut pas se faire avec zéro impact. Maintenant, il y a moyen de les minimiser, il y a moyen de trouver des solutions alternatives, il y a moyen de rendre la chose responsable et durable. Et c’est là-dessus que l’on travaille depuis toutes ces années, c’est pour ça que l’on a fait toutes ces études et que l’on a mis ces millions de dollars pour trouver des solutions. On a présenté le projet à 150 parties prenantes. Et on invite les gens qui n’ont pas pris encore le temps de le regarder de venir nous rencontrer et ça va nous faire plaisir de présenter notre projet.»
D’une valeur estimée à 775 millions $, le projet de terminal projeté par le Port de Québec et le CN et Hutchison Ports, ses partenaires opérateurs, créerait 1750 emplois/année en phase de construction et plus de 1000 autre emplois permanents lorsqu’il sera en service en 2024. Il pourrait, selon le Port de Québec, permettre aux entreprises régionales de réaliser des économies annuelles de 17 millions $, soit autour de 25 000 $ par entreprise.
C’est au cours des prochaines semaines que l’Agence d’évaluation des impacts du Canada (AIEC) devrait publier son rapport préliminaire. Celui-ci devra ensuite être soumis à une consultation publique. Un second rapport, dans lequel figureront les commentaires émis lors de la consultation, sera ensuite produit et remis au ministre de l’Environnement fédéral qui devra par la suite donner l’autorisation ou non au Port de Québec d’aller de l’avant avec son projet. Se le ministère décidait de ne pas se prononcer, il pourrait alors référer le dossier aux gouverneurs en conseil afin de lui demander de trancher.