Sempiternel dilemme que celui-là : notre salut économique serait assuré par notre capacité à «dompter la nature». Il n’y a pas d’espace à Québec pour un terminal de conteneurs? Qu’à cela ne tienne, on n’a qu’à le prendre au fleuve. Qui va s’en plaindre? Il n’appartient à personne.
C’est une pratique vieille comme le monde. Lacs, rivières ou océans, aucun n’a jamais pris action civile contre ceux et celles qui empiètent sur sa propriété comme l’aurait fait n’importe quel de nos voisins terrestres. Ils n’en ont bien sûr pas la capacité. Ce qui ne les empêche pas de se servir à leur tour sans notre autorisation, le moment venu. Le terrain qu’on vole à un endroit, nos lacs, rivières et océans vont nous le reprendre et comme ils forment une grande fédération, c’est peut-être quelque part dans le Bas-du-Fleuve, sur la Côte-Nord ou même dans le Lac St-Louis que le prélèvement sera effectué, question de rééquilibrer les comptes.
Prendre du terrain au fleuve, c’est faire un emprunt qui sera comptabilisé en haut lieu, mais que d’autres que nous devront rembourser. C’est ça qui est un peu immoral dans le projet du terminal de conteneurs de Québec.