Louis Gagné, Radio-Canada, publié le 24 octobre 2018
Dès les premiers jours qui ont suivi l’épisode de poussière rouge du 26 octobre 2012, il apparaissait évident aux yeux de la direction du Port de Québec que l’incident avait eu des impacts sur un « assez grand périmètre » du quartier Limoilou.
C’est ce que des échanges de courriels entre des responsables de l’Administration portuaire ont permis de mettre en lumière, mercredi, au procès opposant un regroupement de citoyens à l’entreprise Arrimage Québec.
Les courriels ont été présentés comme éléments de preuve par les procureurs du regroupement à l’occasion du témoignage du président-directeur général du Port de Québec, Mario Girard.
Le 28 octobre, deux jours après l’incident, M. Girard a envoyé un courriel aux membres du conseil d’administration du Port dans lequel il les informe qu’Arrimage Québec [alors appelée Arrimage St-Laurent, ou ASL] a eu « des problèmes avec un transbordement de minerai de fer ».
« De la poussière rouge s’est répandue sur un assez grand périmètre dans Limoilou. (Sans parler du secteur portuaire lui-même, qui en a eu pour son argent incluant les installations d’IMTT et Canterm) », écrit Mario Girard.
« Dix maisons, c’est déjà trop »
Invité par l’avocat des requérants, Me André Lespérance, à préciser ce qu’il entendait par « un assez grand périmètre », M. Girard a indiqué avoir utilisé cette expression pour refléter son niveau de préoccupation par rapport aux impacts de l’incident.
Le patron du Port assure qu’il ne faut pas y voir une référence à la grandeur à proprement parler de la superficie touchée.
« Qu’il y ait 10 ou 100 maisons touchées, ça ne faisait pas de différence dans mon sentiment d’agir d’urgence face à des choses inacceptables. Un périmètre correspondant à un très petit nombre de maisons, c’était déjà trop grand pour moi », a-t-il fait valoir.
« Répandue sur plusieurs kilomètres »
Un autre document présenté par la poursuite suggère que l’Administration portuaire était d’avis que l’épisode de poussière rouge avait touché une superficie du quartier Limoilou équivalente à « plusieurs kilomètres » .
La pièce en question est une ébauche de lettre destinée à être envoyée à Ivan Boileau, un haut responsable d’Arrimage Québec. Elle a été préparée par le directeur adjoint aux communications et relations publiques du Port, Anick Métivier.
« Comme vous le savez déjà, ce regrettable événement en lien avec la manutention de minerai de fer a occasionné une problématique de pollution par la poussière qui s’est répandue sur plusieurs kilomètres dans l’une des zones résidentielles du quartier Limoilou, à Québec, en plus d’affecter d’autres opérateurs du port », peut-on lire dans l’ébauche.
« Éviter les distractions »
La référence à la superficie de la zone a été supprimée dans la version finale de la lettre. Mario Girard a justifié ce retrait par une volonté d’éviter « les distractions ».
Selon lui, l’objectif de la missive n’était pas de délimiter la zone touchée, mais de veiller à ce qu’Arrimage Québec prenne les mesures nécessaires pour indemniser les citoyens touchés et éviter qu’un nouvel incident se produise.
La superficie de la zone concernée par l’épisode de poussière rouge du 26 octobre 2012 est au centre de l’action collective intentée contre Arrimage Québec. Elle déterminera le nombre de citoyens qui pourraient éventuellement recevoir une indemnité.