Labeaume appuie sans réserve le projet du Port

Jean-Luc Lavallée, Journal de Québec, 12 décembre 2017

Le maire de Québec appuie sans réserve le projet de terminal de conteneurs au Port de Québec, quitte à froisser celui de Montréal en jouant dans ses plates-bandes.

Les activités de transbordement de conteneurs, le long du boulevard Champlain, avaient été abandonnées il y a une quarantaine d’années au profit de Montréal. Les nouvelles lois du marché et la «logique» militent toutefois pour un retour des conteneurs, a plaidé Régis Labeaume.

«Je ne veux pas faire une guerre Montréal-Québec mais la réalité économique existe. J’ai parlé à la mairesse de Montréal ce matin (hier). C’est très délicat politiquement, j’en conviens, mais on a décidé de dire la vérité. Montréal n’est plus dans le circuit de l’avenir du transport maritime à cause de la grosseur des bateaux. C’est inévitable», a déclaré Régis Labeaume, aux côtés du pdg du Port de Québec, Mario Girard.

Le maire croit qu’il faut miser sur la profondeur de l’eau à Québec. Les nouveaux porte-conteneurs et ceux du futur, qui seront encore plus gros, ne pourront jamais se rendre à Montréal à moins d’effectuer une opération d’envergure pour draguer le fleuve Saint-Laurent entre la capitale et la métropole.

«En terme de développement durable, je pense que c’est impossible. Socialement, ça ne passera pas et ça coûterait des centaines de millions de dollars», a-t-il opiné.

Une «alliance» avec Montréal ?

Messieurs Labeaume et Girard disent avoir déjà «tendu la main» à Montréal pour développer une «alliance» qui profiterait à toute l’économie de la province. Des bateaux trop lourds pourraient, par exemple, débarquer une partie de leur cargaison à Québec avant de filer vers Montréal, ont-ils illustré.

«Notre prétention, c’est qu’une alliance Québec-Montréal peut faire la différence (…) et qu’elle profitera à toute l’économie du Québec. Le Québec ne peut absolument pas se permettre de manquer le bateau», a fait valoir M. Labeaume, qui ne s’inquiète pas de l’augmentation du trafic ferroviaire en ville.

«Les gens de Limoilou, les inquiétudes qu’ils avaient sur l’agrandissement, c’étaient les matières qui allaient être manutentionnées là. Je préfère qu’on transporte des conteneurs ferroviaires que toute autre matière. Un conteneur, ce n’est pas dangereux. Les chemins de fer existent, ils sont là pour être utilisées.»

Critiques et scepticisme

L’annonce de mardi a été accueillie avec un grand scepticisme par divers groupes de pression et n’a pas du tout calmé la grogne de certains. «Ça ne change rien au débat. Ils ruinent le panorama et le charme de la baie de Beauport avec le remblaiement du fleuve. Il y a un enjeu d’aménagement du territoire et de qualité d’accès au fleuve en plein centre-ville», a déploré Jean Lacoursière d’Accès Saint-Laurent Beauport.

«Si ça élimine le vrac liquide, solide et les matières dangereuses qu’on appréhendait, c’est une bonne nouvelle mais sur le plan de la rentabilité, je me pose de grosses questions quand même, a observé Pierre-Paul Sénéchal du Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM).  Avec sa petite voie ferrée qui passe sur le pont de Québec, dites-moi comment on va faire pour transborder 10 000 conteneurs par semaine ?»

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