Le Port de Québec rêve de conteneurs

Annie Morin, Le Soleil, 12 décembre 2017

Le Port de Québec a fait son nid. S’il n’en tient qu’à lui et à la Ville de Québec, l’agrandissement projeté dans le secteur de Beauport deviendra un terminal de conteneurs.

Mario Girard, président-directeur général de l’Administration portuaire de Québec (APQ), a profité de son passage devant la Chambre de commerce et d’industrie de Québec (CCIQ), mardi midi, pour en faire l’annonce.

Ce dernier a parlé d’un «grand virage», d’une «vision simple et ambitieuse à la fois» : «Il s’agit d’établir un terminal de conteneurs de classe mondiale sur le site de Beauport 2020 afin de faire de Québec un pôle logistique maritime continental.»

Le Port est arrivé à cette conclusion après deux ans et demi d’études techniques et commerciales avec des consultants internationaux et d’échanges avec des entreprises oeuvrant dans ce secteur d’activité maritime.

L’idée est de profiter de la profondeur d’eau du fleuve Saint-Laurent à Québec — au moins 15 mètres à marée basse — laquelle sied aux navires de fort gabarit qui prennent le contrôle des eaux depuis l’élargissement du Canal de Panama.

La capitale québécoise deviendrait ainsi le point de transbordement de marchandises au départ ou à destination des marchés du midwest américain, de l’Europe ou de l’Asie. La Chine, dont la classe moyenne est en explosion actuellement, est particulièrement visée ainsi que l’Inde.

Une partie des conteneurs pourraient arriver ou repartir par les voies ferroviaires et le réseau routier.

Il y a déjà eu du transbordement et de l’entreposage de conteneurs à Québec, le long du boulevard Champlain, mais ce secteur d’activité maritime a été abandonné au profit de Montréal depuis une quarantaine d’années. M. Girard tend d’ailleurs la main à Montréal et aux autres ports du Saint-Laurent pour repenser l’organisation du trafic maritime au Québec.

Jusqu’à 500 000 conteneurs

Selon les calculs disponibles, environ 500 000 conteneurs pourraient transiter par Québec dans une première phase. Il serait possible d’en entreposer environ 10 000 à la fois, empilés cinq de haut, sur le site de 17 hectares planifié à Beauport. C’est l’équivalent d’un terminal comme Prince Rupert en Colombie-Britannique, a donné comme exemple M. Girard.

Celui-ci prédit également l’installation de nouvelles entreprises d’entreposage, d’expédition et de finition dans la région de Québec pour alimenter le terminal.

Le maire de Québec, présent aux côtés du pdg du Port lors de l’annonce, a vanté le plan qui, selon lui, a un grand potentiel de développement économique et des avantages environnementaux. Non seulement il y aurait moins de poussières liées au vrac, un avantage pour les quartiers environnants, mais cela tuerait dans l’œuf le projet de draguer le fleuve jusqu’à Montréal pour laisser passer les nouveaux porte-conteneurs surdimensionnés, a plaidé Régis Labeaume.

Le politicien ne s’inquiète pas de l’augmentation du trafic ferroviaire puisque ce sont des conteneurs et non des wagons de pétrole qui vont circuler sur les voies. Il se dit également confiant de trouver des façons de diminuer l’impact visuel des piles de conteneurs.

M. Labeaume ne fait pas qu’appuyer le projet. Il prend sur lui de convaincre la province au grand complet de sa pertinence. «Je ne veux pas faire une guerre Montréal-Québec, mais à un moment donné, la réalité économique existe», a-t-il fait valoir.

Le Port doit soumettre en février ou mars à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale une nouvelle série de documents qui détailleront le projet de terminal de conteneurs et en évalueront les impacts environnementaux.

Une réponse de l’organisme fédéral est attendue à la fin de 2018. Les deux années suivantes seraient consacrées à la construction en vue d’une ouverture à la fin de 2020 ou au début de 2021. L’agrandissement est toujours estimé à 400 millions $, construction et équipement inclus. Les gouvernements du Canada et du Québec sont sollicités pour des subventions.

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