Gilbert Leduc, Le Soleil, publié le 07 novembre 2016
(Québec) «Il y a péril en la demeure, lâche Steven Blaney. La navigabilité du fleuve Saint-Laurent est en danger.»
Pour lui, les activités commerciales sont «compromises» en raison de la détérioration «avancée» des brise-glace de la Garde côtière.
«Des centaines de millions de dollars et des milliers d’emplois dépendent de l’activité économique qui se passe dans ce grand corridor commercial», plaide-t-il.
Le député conservateur de Bellechasse-Les Etchemins-Lévis joint sa voix à celle du gouvernement du Québec qui craint une réduction du va-et-vient des navires sur le fleuve Saint-Laurent au moment de l’arrivée des glaces. Inquiet pour la réalisation de sa Politique maritime, le ministre délégué aux Affaires maritimes, Jean D’Amours, s’est d’ailleurs fait entendre auprès des libéraux de Justin Trudeau.
La semaine dernière, Radio-Canada diffusait un reportage illustrant les conséquences du vieillissement des brise-glace et des retards qui n’en finissent plus de s’accumuler dans la Stratégie nationale d’approvisionnement en matière de construction navale (SNACN) et qui freinent le rythme de remplacement des vieux navires.
Une situation qui devient intenable pour des entreprises, comme Rio Tinto, qui dénoncent publiquement le manque de disponibilité de brise-glace. Des navires venant approvisionner leurs usines restent pris dans les glaces plus longtemps qu’auparavant, car le nombre d’heures d’utilisation est à la baisse. Plusieurs brise-glace ont pris le chemin des chantiers maritimes pour y subir une cure de rajeunissement. C’est le cas du Pierre-Radisson, un bateau quarantenaire qui se trouve actuellement au chantier Verreault Navigation aux Méchins.
Pour rassurer les industriels qui craignent un ralentissement ou une cessation de leurs opérations, le ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, Dominic LeBlanc, a déclaré, la semaine dernière, qu’Ottawa allait construire de nouveaux brise-glace. Sans toutefois déposer un échéancier sur la table.
«Où était le ministre LeBlanc au cours de la dernière année?» demande Steven Blaney qui avait réuni les médias, lundi, devant l’entrée principale de Chantier Davie Canada, à Lévis.
«La solution, le gouvernement libéral l’a entre ses mains depuis un an», martèle l’élu de Bellechasse-Les Etchemins-Lévis et candidat à la direction du Parti conservateur.
En effet, le chantier naval de Lévis a levé la main pour proposer au gouvernement de construire deux navires afin de répondre aux besoins urgents de la Marine royale et de la Garde côtière : un navire de soutien multifonctionnel et un brise-glace. «Il y a des limites à tenter de faire du neuf avec du vieux.»
Insistant pour dire que Davie était actuellement le seul chantier au Canada à avoir la capacité de livrer rapidement plusieurs navires – Irving Shipbuilding et Vancouver Shipyards ont eu leur part du gâteau avec les contrats de la SNACN -, M. Blaney rappelle que Davie dépanne la Marine royale avec le projet Resolve. Le chantier de Davie est à convertir à ses frais un vraquier en navire ravitailleur qu’il louera ensuite à la Marine royale canadienne.
Davie ajoute son grain de sel
«Il est essentiel de garder le fleuve Saint-Laurent ouvert toute l’année et maintenir la sécurité de la navigation tant pour l’économie que pour l’environnement, et ce, au Québec et au Canada», a indiqué au Soleil la direction de Chantier Davie Canada. «La confirmation du ministre LeBlanc, quant à la volonté du gouvernement d’agir de façon urgente pour combler des lacunes en matière de capacités maritimes, est une bonne nouvelle.»
La compagnie rappelle qu’il est devenu «le centre d’excellence pour l’entretien et la modernisation de la flotte de brise-glace au Canada».
En plus de proposer d’en construire un tout neuf, Davie a aussi l’oeil sur le NGCC Louis St-Laurent, construit en 1968, qui devra bientôt être soumis, à son tour, à des travaux majeurs de radoub.
Des retombées de plus de 2 G$
Au cours des trois dernières années, l’impact économique du Chantier Davie Canada dans l’économie canadienne s’élève à un peu plus de 2 milliards $.
C’est ce que révèle une évaluation effectuée pour le compte du chantier naval de Lévis par OMX, une firme torontoise spécialisée en chaîne d’approvisionnement.
Selon OMX, en date du 1er novembre, Chantier Davie Canada était à l’origine de 3004 emplois directs et indirects. À Lévis, le constructeur naval fait travailler près de 900 personnes.
Le chantier s’approvisionne auprès de 990 fournisseurs au pays dont 814 ont pignon sur rue dans la Belle Province.
Le salaire moyen payé par Davie à ses employés est de 69 649 $.
Au cours des trois dernières années, c’est un peu plus de 172 millions $ que le chantier a versés à ses travailleurs.
Chantier Davie Canada et ses employés ont payé un peu plus de 80 millions $ en impôts aux divers paliers de gouvernement au cours de cette période.
Finalement, un peu plus de 3 employés sur 10 au chantier sont âgés de moins de 40 ans.
Selon la direction de l’entreprise, la publication de ces données permet de chiffrer les bénéfices apportés par une entreprise de sa taille dans son environnement économique qui dépasse largement Lévis et Québec, et surtout d’attirer de nouveaux fournisseurs.