Pour une plage au bassin Louise

Le Soleil, publié le 29 juillet 2016

Pour quelle raison la Ville de Québec a-t-elle décidé d’aménager une plage de plusieurs millions de dollars à la base de plein air de Sainte-Foy, au milieu de nulle part, dans un ancien pit de sable, où l’accès pour les piétons et les cyclistes est ardu et qui reste privé de desserte par transport collectif?

Pour comprendre ce grand mystère, il faut remonter au 16 septembre 2008, à l’occasion d’un échange intervenu au Musée de la civilisation. Ce jour-là, Noémie Beaudet demande au maire ce qu’il pense du projet de plage au bassin Louise.

Le maire Labeaume : «Je l’aime, ce projet-là! J’ai pas eu le temps de le développer. Il y a des gens qui ne veulent pas que je l’aime! Il y a des gens qui ne veulent pas que je le développe! Je vous dirais, au total, à Québec, ça prend une plage. Qu’elle soit là ou ailleurs, ça prend une plage. Ce serait plus distinctif LÀ. Ça serait complètement fou de l’avoir LÀ! Hein! C’est pour ça que je l’ai toujours trouvé bon, ce projet-là. Bon, on est rendus là. Si on n’est pas capables, il faut en trouver une autre ailleurs.»

Puis le maire raconte sa découverte de la base de plein air : «Vous savez, je suis allé visiter l’autre jour la base de plein air de Sainte-Foy, et je me suis dit : « Mon Dieu, qu’on sait mal exploiter. » Par exemple, il y a une petite plage : elle pourrait être plus grande. Alors, j’ai demandé de faire des plans, comprends-tu? Alors, c’est ça pour le bassin Louise.»

Le lion municipal devenu mouton face au port fédéral, la Ville s’est repliée sur un site en tous points inférieur en comparaison de la centralité inégalée du bassin Louise, de son accessibilité publique exceptionnelle et de sa qualité urbaine incomparable.

Conclusion : les divinités du Hasard et du Destin gouvernent bien davantage la chose publique que les connaissances approfondies, le bon jugement, le type de dirigeants ou encore la recherche de l’intérêt général.

Léonce Naud, Deschambault

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