Nouveau terminal maritime: l’étude devra être bonifiée

Denis Villeneuve, Le Quotidien, publié le 08 juillet 2016

L’étude d’impact environnemental produite par Port Saguenay, dans le cadre du projet de construction d’un nouveau terminal maritime au nord du Saguenay, destiné à l’exportation du minerai d’Arianne Phosphate, devra être bonifiée. L’Agence canadienne d’évaluation environnementale exige qu’une trentaine de documents soient produits avant de débuter l’analyse technique de l’étude d’impact.

Dans une lettre transmise le 30 juin dernier à Patrice Maltais, gestionnaire de projet à Port Saguenay, on y mentionne que l’étude déposée est incomplète et ne satisfait pas aux exigences des lignes directrices.

Même si certaines exigences semblent relativement faciles à remplir, comme un résumé de l’étude d’impact en français ou en anglais, l’horaire d’opération du terminal lorsque des navires sont à quai, ou la vitesse et le temps de transport des navires, l’agence demande à Port Saguenay qu’il fournisse des études sur les caractéristiques physicochimiques des cours d’eau et des milieux humides touchés par le projet ainsi que la description des habitats propices aux espèces en péril, entre autres choses les probabilités que ces espèces soient présentes dans la zone d’influence du quai.

Le Béluga

Parmi les points particuliers sur lesquels il devra travailler, Port Saguenay devra revoir l’évaluation des effets résiduels du projet sur le béluga dans le Saguenay. Les sources de données concernant les observations de cette espèce ont été revues puisque, selon Parcs Canada, des observations ont été rapportées jusqu’à Saint-Fulgence. L’agence recommande de contacter Parcs Canada et le Centre d’interprétation des battures et de réhabilitation des oiseaux (CIBRO) et Pêches et Océans sur ces observations.

Compte tenu du statut de cette espèce, de la préoccupation du public et des autochtones qui y sont associés, Port Saguenay devra fournir une analyse des effets cumulatifs détaillés du projet sur l’espèce tout en tenant compte des renseignements contenus dans le Programme de rétablissement du béluga dans l’estuaire du Saint-Laurent.

Un autre chapitre sur lequel Port Saguenay devra travailler consiste à revoir l’identification des autres activités concrètes passées, présentes et futures comprises à l’intérieur des limites du projet susceptible d’entraîner des impacts. Par exemple, en ce qui concerne le béluga, les activités comme la navigation commerciale, récréotouristique et récréative ainsi que les industries susceptibles de rejeter des polluants doivent être considérées. Le promoteur doit fournir une analyse pour savoir comment les effets du projet pourraient se cumuler aux effets des autres activités concrètes.

Il est exigé également que Port Saguenay considère des variantes pour le chenal d’accès du terminal, les zones d’ancrage ainsi que les systèmes pour le transport du concentré et le chargement des navires ou encore de justifier pourquoi une telle analyse n’a pas été présentée.

L’étude du document faite par l’agence révèle la présence de certaines contradictions, informations incomplètes, coquilles, omissions qui nécessiteront du travail additionnel de la part de Port Saguenay.

Carl Laberge, directeur général de Port Saguenay... (Archives Le Quotidien) - image 2.0

Carl Laberge n’est pas surpris

Le directeur général de Port Saguenay, Carl Laberge, reconnaît qu’il a du pain sur la planche pour satisfaire les exigences des lignes directrices de l’Agence canadienne d’évaluation environnementale, mais n’est pas surpris des commentaires reçus.

Invité à réagir à la demande d’informations complémentaires, M. Laberge déclare que dans le cadre de la réalisation d’une étude d’impact, le promoteur tente le plus possible de répondre aux exigences des lignes directrices en fonction de ce que pense le promoteur. «Nous avons remis une version de l’étude d’impact en mode de travail en évolution. On pense qu’on a fait le tour, mais les discussions au sein de l’agence ont lieu entre spécialistes. On voit dans les commentaires reçus une occasion de bonifier le projet.»

Même si la liste des demandes de complément peut sembler assez longue et qu’il s’agit de sujets très techniques et complexes, surtout en ce qui a trait à la question de la survie du béluga, M. Laberge estime qu’il ne s’agit pas de défis insurmontables. Il est normal, selon lui, qu’une attention spéciale soit apportée sur le plan de rétablissement du béluga, une espèce menacée.

À titre d’administrateur, M. Laberge mentionne qu’il ne tient pas à présenter du travail bâclé d’autant plus qu’il a affaire à des spécialistes et qu’il lui incombe de présenter un projet porteur portant sur les principes de développement durable. «L’agence d’évaluation veille au grain. C’est réconfortant pour le public.»

M. Laberge prévoit pouvoir répondre aux demandes de l’agence d’ici quelques semaines tout au plus.

Les commentaires sont fermés.