Jean-Luc Lavallée, Journal de Québec, publié le 3 juin 2016
(Photo: Daniel Mallard, Journal de Québec)
Malgré une nouvelle baisse du tonnage en 2015 au Port de Québec – la troisième en trois ans – le pdg du Port Mario Girard maintient que le projet d’agrandissement Beauport 2020 est toujours aussi justifié.
Depuis 2012, l’année de tous les records avec un sommet de 33,1 millions de tonnes de marchandises manutentionnées, le Port de Québec assiste à la dégringolade des quantités de vrac liquide et solide qui transitent par ses quais. Elles ont chuté à 27 millions en 2013, à 24 millions l’année suivante puis à 21 millions l’an dernier.
Les revenus d’exploitation du Port ont également diminué de 4,5 M$ par rapport à 2014, passant de 30,5 M$ à 26 M$. Au final, le Port a essuyé une perte de 2,8 M$ en 2015. Lors de la présentation du rapport annuel, en assemblée publique vendredi, les administrateurs du Port ont attribué cette baisse au contexte économique mondial et à la chute du prix des ressources naturelles comme le fer et le charbon.
«On a été durement touchés», a convenu Mario Girard Girard en mêlée de presse. «Ce sont des cycles naturels», a-t-il toutefois ajouté, se disant optimiste pour l’avenir, rappelant que le même phénomène s’était produit en 2001 et en 2009.
«Ce n’est pas quand la demande est très forte que c’est le temps de penser à un projet. Il faut être prêt lorsque ça va arriver. Est-ce qu’un cycle va redevenir haussier avec les ressources naturelles ? Nous, on pense que oui. Mais c’est important aussi de diversifier les activités du Port. C’est pour ça que le projet Beauport 2020 est extrêmement important», a-t-il déclaré.
Questionné par des citoyens et divers groupes de pression qui craignent les impacts négatifs du projet et affirment que le Port gonfle les retombées réelles en promettant plus de 1 000 emplois récurrents, Mario Girard s’est défendu bec et ongles et invité les sceptiques à consulter l’étude réalisée par KPMG en 2015.
Déficit d’entretien de 300 M$
«Le projet Beauport 2020, ce n’est pas juste agrandir pour agrandir, c’est aussi parce qu’on a besoin de nouveaux revenus», a plaidé M. Girard, rappelant que le Port de Québec a les installations les plus vieilles au pays. Le déficit d’entretien des quais actuels est évalué à 300 M$. Le Port mise sur les revenus des futurs terminaux pour assurer sa pérennité et rénover ses actifs.
L’échéancier de Beauport 2020, un projet de 190 M$ qui consiste notamment à allonger la ligne de quai de 610 mètres dans le secteur de Beauport, pourrait être repoussé en raison du processus fédéral d’évaluation environnementale et des consultations qui suivront. Prudent, M. Girard n’ose plus se commettre au sujet du début des travaux, évoquant 2017 ou 2018.
Moins de bateaux de croisières
Par ailleurs, le Port ne sera vraisemblablement pas en mesure de rééditer son exploit de 2015 au chapitre des navires de croisières. Le Port de Québec avait attiré 168 000 visiteurs à bord de 122 navires. M. Girard évoque toutefois un rebondissement pour l’année 2017.
«2016, ça ne sera pas l’année de tous les records mais 2017 s’annonce une année extrêmement prometteuse. Les bateaux se repositionnent parce qu’ils veulent garder leur clientèle avec eux alors ils changent les endroits où ils vont puis ça fait des cycles comme ça qui sont tout à fait normaux dans l’industrie des croisières», a-t-il fait valoir.