Le fleuve accessible, mais la baignade se fait attendre

Annie Morin, Le Soleil, publié le 09 avril 2016

(Québec) Il y a beaucoup d’accès publics au fleuve dans la région de Québec, mais la baignade demeure l’exception alors que de plus en plus de grandes villes du monde permettent à leurs citoyens de faire trempette dans un décor urbain.

La Communauté métropolitaine de Québec vient de rendre public un rapport d’une cinquantaine de pages sur les accès publics au fleuve de la région de Québec qui servira à planifier le projet de trame verte et bleue.

Pas moins de 89 accès publics ont été répertoriés sur un territoire comprenant l’agglomération de Québec, la ville de Lévis et les MRC de la Côte-de-Beaupré, de l’Île-d’Orléans et de Bellechasse. Les rives accessibles représentent 11 % des 286 kilomètres du littoral étudié.

La répartition est étonnamment homogène avec 25 accès à Québec, autant à Lévis et 13 accès par MRC. Une majorité de sites (52) donnent un accès physique direct à l’eau, 9 nécessitent l’utilisation d’une embarcation et 28 permettent un contact visuel avec le fleuve ou un accès à la rive, mais pas à l’eau.

Sur ce total, il y a seulement trois plages où la baignade est permise, soit au parc Louis-Turgeon ainsi qu’à la pointe et au village de Saint-Vallier dans Bellechasse.

Les auteurs du rapport reconnaissent que les pressions sont fortes pour que la baignade soit permise ailleurs dans le Saint-Laurent puisque la qualité de l’eau s’est améliorée ces dernières années. Quatre sites potentiels sont identifiés à Québec, soit le parc de la Plage-Jacques-Cartier, la Baie de Beauport, la plage de l’anse au Foulon et la plage Gagnon, accessible par le sentier des Grèves. Deux autres sont visés à Lévis: le parc de la Marina-de-la-Chaudière et le parc de l’Anse-Tibbits.

Le texte, très descriptif, ne donne priorité à aucune intervention. Un survol de projets publics en bordure de plans d’eau dans des villes d’Amérique du Nord et d’Europe donne toutefois des pistes d’améliorations.

Pendant ce temps…

Pas loin de nous, la Ville de Montréal possède quatre plages avec baignade surveillée et en projette au moins deux autres pour son 375e anniversaire en 2017. L’administration municipale effectue chaque semaine ses propres tests de la qualité de l’eau en plus de ceux du ministère de l’Environnement et les résultats sont rendus publics. «Selon la Ville, les deux tiers des berges sont propres pour la baignade», apprend-on.

L’exemple de Copenhague, capitale du Danemark, est également mis de l’avant. En 2002, un premier bain public a été ouvert dans le bras intérieur de la rivière Øresund. Victime de sa popularité, il a dû être déménagé et agrandi pour accueillir 600 baigneurs. Il est même accessible l’hiver. En 2013, une passerelle a été ajoutée dans le secteur portuaire. Les citoyens peuvent s’y prélasser, pratiquer des sports nautiques et même sauter à l’eau. Le projet a été réalisé pour 6,8 millions $CAN. En 2010, une plage avec jetée avait aussi été aménagée dans la baie Svanemølle. Grand succès populaire là aussi.

Obstacles routiers

Le rapport pointe une autre embûche, soit le fait qu’il n’est pas toujours facile d’atteindre les sites en bordure du fleuve et de se promener de l’un à l’autre.

De grands axes routiers, comme l’autoroute Dufferin-Montmorency et le boulevard Sainte-Anne, isolent ainsi 14accès au Saint-Laurent. Dans une moindre mesure, le boulevard Champlain agit aussi comme une barrière. Une quinzaine d’autres accès sont bloqués par l’escarpement des rives. «Leur interconnexion avec des zones de commerces, de services et les foyers denses de population est préoccupante et de nouvelles solutions ingénieuses et audacieuses gagneraient à être développées», peut-on lire.

Pour relier les sites entre eux, l’idée de navettes fluviales, souvent évoquée dans la région de Québec, est remise sur le tapis. «La mise en place d’un circuit de navettes fluviales, reliant le quai des Cageux, le quai du bateau (du traversier) ou le quai Paquet à Lévis, le quai de Saint-Laurent, le quai de Sainte-Anne-de-Beaupré, ou à long terme le quai de Sainte-Famille, permettrait de boucler un circuit métropolitain pouvant aussi se connecter avec la côte de Bellechasse», disent les auteurs.

Ils donnent d’ailleurs l’exemple de navettes fluviales qui existent à Vancouver, à New York et à Bordeaux et se multiplient dans la région de Montréal pour favoriser les liens interrives, connecter les réseaux cyclables et les attractions touristiques.

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