Annie Morin, Le Soleil, publié le 23 mars 2016
(Québec) Le grand patron du Port de Québec et le gouvernement fédéral ont livré un même message d’apaisement au maire de Québec, mercredi, après que celui-ci eut fait part de sa «grande inquiétude» de ne pas voir les 60 millions $ promis pour le projet d’agrandissement du secteur Beauport répercutés dans les documents du budget fédéral.
«Où est l’argent pour le port de Québec? Il faut arrêter d’en parler, il faut arrêter de bretter. Il faut officialiser ça une fois pour toutes pour qu’on procède», a lancé Régis Labeaume lors d’une mêlée de presse, mercredi matin.
«Alors qu’on pensait que c’était réglé, on a appris que les documents finaux n’ont pas été signés avant les élections et donc légalement l’argent n’est pas là», a-t-il déploré.
Avant le dernier scrutin fédéral, le précédent gouvernement avait annoncé le versement d’une subvention de 60 millions $ à même le fonds Chantiers Canada pour le projet d’agrandissement du port de Québec, qui coûtera près de 200 millions $. Les conservateurs avaient assuré que le financement n’était pas lié au résultat des élections, qu’ils ont finalement perdues.
«Moi, je suis très inquiet. Il va falloir que ça se règle un jour. Je sais pas si vous le savez, mais on perd des occasions d’affaires», a insisté le maire de Québec.
Quant à l’évaluation environnementale menée présentement par l’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE), il n’en fait pas de cas. «L’évaluation environnementale, c’est fait pour dire comment on va le faire, pas on le fait ou pas. Dans ma tête, c’est clair : on le fait. La question, c’est comment on va le faire. […] Les audiences vont servir à ça», considère le maire. «Mais pendant ce temps-là, il ne se passe rien et je trouve ça dangereux.»
En après-midi, le cabinet du ministre de l’Infrastructure et des Collectivités suggérait au maire de ne pas s’inquiéter. «Le projet a été soumis et il est en processus d’évaluation, donc tout va bon train», a indiqué Kate Monfette, directrice des communications d’Amarjeet Sohi. Celle-ci a expliqué qu’il n’était pas dans les coutumes de référer à des annonces passées dans le budget car le gouvernement «fait la promotion du nouvel argent», des nouveaux projets.
Évaluation environnementale
Mme Monfette ne peut dire combien de temps il faudra pour que les fonctionnaires passent au travers des dernières étapes d’approbation. Selon les critères du fonds Chantiers Canada, l’évaluation environnementale ne constitue pas un frein.
Le président-directeur général de l’Administration portuaire de Québec (APQ) s’est aussi montré confiant. «Il y a déjà une enveloppe réservée et les propos du ministre [Jean-Yves] Duclos sont très rassurants, a-t-il dit. Je comprends qu’il n’y a pas d’inquiétude à y avoir.»
M. Girard demandera tout de même la tenue d’une rencontre avec le fédéral car il y a «quelques petites questions» sans réponses encore.
Le pdg se donne par ailleurs le temps de décortiquer les documents du budget pour voir s’il y a du financement fédéral à espérer pour deux autres projets chers au Port, soit le deuxième terminal de croisières et l’aménagement de la promenade du Foulon.
Confiance pour le SRB et le TGF
Régis Labeaume a bon espoir de faire financer le futur service rapide par bus (SRB) de Québec et Lévis par le gouvernement fédéral, qui s’offre pour ramasser 50 % de la facture des projets de transport collectif. «Comme le gouvernement du Québec a parlé du SRB dans son budget, tout le monde semble s’entendre», s’est réjoui le maire de Québec, mercredi. Celui-ci ne s’inquiète pas de la concurrence des autres grandes villes canadiennes, qui ont toutes des projets à soumettre. «M. [Justin] Trudeau nous l’a dit quand on l’a rencontré : c’est une priorité. Moi, je pense que s’il en manque, il va en remettre», a dit M. Labeaume. Le maire applaudit également le retour au tracé d’origine du train à grande fréquence (TGF) planifié par VIA Rail. «Québec et Windsor, c’est normal. Je pense qu’ils s’étaient trompés la première fois. Je pense que c’était un lapsus», a-t-il soumis.