Gilbert Leduc, Le Soleil, publié le 30 juin 2015
(Québec) L’attente aura valu la peine, tranche Louis-Marie Beaulieu, président du conseil et chef de la direction de Groupe Desgagnés.
Depuis le temps que le gouvernement du Québec fait languir l’industrie maritime avec sa stratégie, il l’a finalement rendue publique lundi.
«J’aime mieux que le gouvernement ait pris le temps d’aborder tous les aspects – des questions de développement économique à celles de la protection de l’environnement en passant par la qualité de vie des communautés vivant dans les régions éloignées – dans une optique d’une vision à long terme qu’il fasse des annonces pour le simple plaisir de faire des annonces», juge le patron de l’entreprise de transport maritime de Québec. «Là, on sait où l’on s’en va d’ici 2030 avec des plans d’action qui vont s’échelonner sur des périodes de cinq ans.»
À l’instar de Groupe Desgagnés, Groupe Océan – qui offre des services de construction navale, de dragage et de remorquage – n’a jamais attendu l’annonce d’une stratégie maritime pour investir dans ses équipements.
La preuve? L’entreprise construit présentement à son chantier de L’Isle-aux-Coudres le jumeau de son remorqueur TundRA 100, le plus puissant remorqueur portuaire jamais construit au Canada. Et dans un chantier au Nouveau-Brunswick, elle investit 30 millions $ pour se doter d’une cale sèche flottante qu’elle rapatriera au Québec une fois terminée.
«C’est certain qu’avec le coup de pouce apporté par le gouvernement avec la stratégie maritime, ça nous incite à investir», fait remarquer le directeur des affaires publiques de Groupe Océan, Philippe Filion.
«En sachant que le gouvernement est dans le coup avec une stratégie à long terme, ça va nous permettre de devancer certains projets et de sécuriser les investissements», renchérit Louis-Marie Beaulieu.
Rappelons que Groupe Desgagnés (près de 1000 employés en forte saison) et Groupe Océan (800 employés) sont des acteurs économiques majeurs à Québec et dans la Belle Province. Il ne faut pas oublier non plus, dans le portrait régional, le Port de Québec, Chantier Davie Canada et Énergie Valero, entre autres.
Si la Stratégie maritime ne contient pas de nouvelles mesures particulières à l’égard des infrastructures maritimes pour la grande région de Québec – la part du lion allant au port de Montréal – Louis-Marie Beaulieu et Philippe Filion se réjouissent du soutien qu’entend continuer d’apporter Québec aux chantiers maritimes d’ici.
Comme il en coûte généralement plus cher de faire construire ou réparer un navire au Québec ou au Canada, les armateurs se tournent vers des chantiers étrangers. Or, Québec offre déjà un crédit d’impôt remboursable pour la construction ou la transformation de navires. Il veut aussi accorder une déduction additionnelle pour amortissement de 50 % aux armateurs québécois à l’égard des travaux de construction ou de rénovation de navires qui seront réalisés par des chantiers d’ici et une réserve libre d’impôt destinée aux propriétaires pour financer les travaux d’entretien, de rénovation ou de construction de navires qu’ils confieront à un chantier maritime québécois.
Port de Québec
Dans un communiqué de presse, l’Administration portuaire de Québec applaudit l’initiative du gouvernement Couillard, notamment les mesures qui seront mises de l’avant pour faire connaître les installations portuaires québécoises à l’extérieur des frontières et la mise en place de zones industrialo-portuaires qui stimuleront «assurément» de nouveaux investissements privés.
«En raison de l’accroissement du commerce maritime mondial, des travaux d’élargissement du canal de Panama et des investissements massifs dans les ports américains, la stratégie maritime est un appui de taille aux grands projets d’infrastructures structurants qui permettront d’améliorer la compétitivité du Québec», a souligné le pdg Mario Girard. «Il est maintenant opportun d’offrir les infrastructures requises pour saisir les opportunités d’affaires qu’engendreront des initiatives économiques comme cette stratégie.»
Le document gouvernemental rappelle que des investissements majeurs totalisant 550 millions $ sont prévus pour permettre l’agrandissement du port de Québec, notamment pour accueillir davantage de vrac liquide.
«Des projets de réaménagement du terminal de croisières sont en cours et le gouvernement entend appuyer l’administration du Port de Québec à cet égard», rapporte la Stratégie maritime.