Lia Lévesque, La Presse canadienne, publié le 29 juin 2015
Le gouvernement Couillard a fini par lancer officiellement sa stratégie maritime, lundi à Montréal, la décrivant comme l’un des piliers de sa stratégie de relance économique du Québec. Le coût de la stratégie est passé de 7 à 9 milliards $ depuis que le Parti libéral en parlait durant la dernière campagne électorale.
Le premier ministre Philippe Couillard fait le pari de convaincre l’entreprise privée d’investir 4 de ces 9 milliards $, dans des domaines aussi variés que le tourisme, la pêche, l’aquaculture, le transport de marchandises et, surtout, la création de deux pôles logistiques à Contrecoeur et Vaudreuil-Soulanges.
Ultimement, il prévoit que 30 000 emplois seront créés d’ici 2030. De ce nombre, 10 000 devraient être créés d’ici cinq ans, a précisé le premier ministre au cours d’une rencontre avec la presse dans le Vieux-Port de Montréal.
«Le Québec a une chance unique de s’établir comme la porte internationale de l’est de l’Amérique du Nord en matière de marchandises et en transit», a souligné le premier ministre du Québec.
Il a décrit l’économie maritime comme «le joyau caché de l’économie du Québec».
Plusieurs des mesures contenues dans cette stratégie maritime ont déjà été annoncées, voire ont été enclenchées, comme l’expansion de la capacité du port de Montréal. Autre exemple: dans le dernier budget provincial, Québec avait déjà annoncé 55 millions $ pour améliorer les terminaux de croisières à Montréal et Québec.
D’autres mesures, en matière de formation de la main-d’oeuvre pour les métiers reliés à l’industrie maritime, prendront bientôt forme.
De même, le ministre délégué aux Transports et à l’Implantation de la stratégie maritime, Jean D’Amour, a annoncé la création d’un Centre d’expertise spécialisé dans la prévention, la préparation et les interventions d’urgence environnementale aux déversements maritimes de matières dangereuses sur le Saint-Laurent. Ce centre sera situé aux Îles-de-la-Madeleine.
M. Couillard a d’ailleurs justifié la hausse des coûts de 7 à 9 milliards $ par «l’effet de levier» et «l’intérêt du milieu» pour sa stratégie maritime depuis qu’il a commencé à en parler. Il rapporte que dans ses missions à l’étranger, notamment, plusieurs entreprises s’intéressent vivement à cette stratégie, désireuses qu’elles sont d’investir dans le domaine au Québec.
La consultation menée avant le lancement officiel de la stratégie «a permis de valider l’intérêt du milieu, non seulement national, mais international également, pour cette stratégie-là. Déjà, il y a des entreprises qui se pressent et qui désirent savoir où, quand et comment investir, qui nous donnent leurs prérequis en termes d’accueil, notamment en infrastructures», a relaté le premier ministre.
La ministre du Tourisme, Dominique Vien, ne s’en est pas cachée: cette stratégie maritime représente «l’un des piliers de la relance économique du Québec» pour le gouvernement Couillard.
Une inconnue demeure, cependant: les discussions qui devront avoir cours avec le gouvernement fédéral, puisque les ports relèvent de sa compétence. Et le Québec n’est pas le seul à souhaiter être la porte d’entrée internationale de l’Est de l’Amérique du Nord, puisqu’il existe également un important port à Halifax.
Ottawa a d’ailleurs déjà annoncé des investissements pour favoriser l’expansion du port de Montréal, en janvier dernier, en expliquant que cela résultait de l’entente conclue entre le Canada et l’Union européenne et de l’accroissement des échanges qui doit en découler.
Le gouvernement fédéral avait alors annoncé l’octroi d’une somme de 43,7 millions $ pour un projet globalement évalué à 132 millions $. Le projet comprenait l’augmentation de la profondeur des ports d’amarrage, l’amélioration des accès maritimes au port et l’aménagement d’un terminal à conteneurs dans le secteur Viau.
Le ministre des Transports Robert Poéti a indiqué que pour le port de Montréal, le gouvernement du Québec se concentrera sur ses compétences, à savoir les accès routiers à l’est du port.
Le gouvernement Couillard avait prévu lancer sa stratégie maritime à Montréal le 2 juin dernier. Le lancement officiel avait toutefois été reporté à cause du décès de l’ancien premier ministre Jacques Parizeau.
Le gouvernement a visiblement voulu marquer l’importance pour lui du lancement officiel de cette stratégie, puisque pas moins de sept conférenciers ont pris la parole, en plus du premier ministre Couillard. Et des représentants patronaux avaient été invités, en plus de ceux des PME, des manufacturiers et exportateurs, du Fonds de solidarité, des municipalités et de l’opposition.