Michel Corbeil, Le Soleil, publié le 08 juillet 2015
(Québec) Le potentiel économique que le gouvernement québécois prévoit développer au port de Cacouna ne fait pas que des heureux. Des voix s’élèvent pour rappeler qu’il s’agit toujours de la zone du Saint-Laurent considérée comme la pouponnière des bélugas.
Mardi, la formation de gauche Québec solidaire et le groupe écologiste Nature Québec ont critiqué le ministre Jean D’Amour (Stratégie maritime) pour les propos qu’il a tenus à Rivière-du-Loup, lundi.
Dans un communiqué de presse, le ministre a soutenu que la stratégie «permettra d’exploiter au maximum le potentiel de notre territoire maritime, et ce, dans une perspective de développement durable». Les «occasions de développement» sont aussi pour les ports de l’Est que sont Cacouna, Matane, Rimouski et Rivière-du-Loup, a-t-il fait valoir.
Le site Web d’Info Dimanche, qui diffuse depuis Rivière-du-Loup, précise que le député-ministre de l’endroit a évoqué «une nouvelle relance du port de mer» pour Cacouna. Selon l’article, M. D’Amour a parlé de «transbordement [par] camions avec la concrétisation du projet de rampe d’accès qui existe depuis plusieurs années».
Le ministre a également indiqué qu’il fallait analyser la possibilité d’y ajouter une voie ferrée, poursuit-on. «Le transport par camion, ferroviaire et maritime, c’est complémentaire», a poursuivi Jean D’Amour.
Jointe par Le Soleil, l’attachée du ministre a mentionné qu’il reste plusieurs étapes à franchir avant de s’engager dans l’aménagement d’une zone industrialo-portuaire. Tout se fera dans le respect des écosystèmes et du développement durable, a poursuivi Zoé Couture. La porte-parole a répondu qu’il est beaucoup trop tôt pour y aller d’estimations sur le trafic maritime que générerait le projet.
Alarmés
Le promoteur du projet d’oléoduc Énergie Est avait soulevé un tollé en planifiant l’installation d’un port pétrolier à Cacouna. TransCanada a abandonné l’idée lorsque les bélugas, qui trouvent une aire de reproduction au large des côtes de la municipalité du Bas-Saint-Laurent, ont été catalogués par les scientifiques «espèce en voie de disparition».
La députée solidaire Manon Massé a fait une sortie médiatique pour dénoncer «un gouvernement [qui] fait preuve de bien peu de respect envers cette zone chère à tant de Québécois […] la seule zone où naissent des bélugas en Amérique du Nord. L’élue a rappelé que TransCanada a «reculé sur la construction d’un port pétrolier à cet endroit en raison des dangers» qu’aurait fait courir à ces mammifères marins une explosion «de la circulation maritime».
Nature Québec s’est dit «interloqué» par les visées de Québec pour Cacouna. Pour son directeur général Christian Simard, «on ne peut comprendre l’aveuglement de Québec» de ne pas tenir compte «des enjeux écologiques essentiels» d’autant que les projets touchent «l’habitat critique des bélugas».
M. Simard a réitéré que la Stratégie maritime propose de placer 10 % du territoire maritime québécois dans des aires protégées marines, mais «sans énoncer de plan précis pour ce faire». Dans le communiqué de presse, il revient à la charge avec la solution «d’agrandir le territoire du parc marin du Saguenay» pour y englober le secteur se trouvant en face, sur la rive sud, Cacouna.