Le Port va de l’avant avec son processus environnemental

Guillaume Piedboeuf et Patricia Cloutier, Le Soleil, publié le 16 mai 2015

(Québec) Le Port de Québec va de l’avant avec son propre processus environnemental. Un processus à trois niveaux «qui place le Port comme un leader en participation citoyenne», assure son président-directeur général, Mario Girard.

En pleine tourmente avec le gouvernement provincial, qui somme l’Administration portuaire de Québec (APQ) de soumettre son projet d’expansion à un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), le Port persiste dans son désir de gérer lui-même les consultations.

Le nouveau processus environnemental présenté par M. Girard, vendredi après-midi, à la réunion publique annuelle de l’APQ, implique trois niveaux de participation, selon l’ampleur du projet.

Ainsi, pour les projets majeurs, comme l’expansion du port, des séances d’information seront d’abord offertes aux citoyens. S’ensuivront des audiences publiques menées par des commissaires indépendants nommés par l’APQ, où les mémoires déposés par des citoyens et des organismes seront rendus publics. Au bout du processus de quatre mois, les trois commissaires fourniront un rapport au conseil d’administration de l’APQ, sur lequel il se basera pour autoriser ou non le projet.

Pareil processus de consultation citoyenne est «une première dans l’histoire des administrations portuaires canadiennes», assure le pdg du Port de Québec.

Pas de pouvoir sur les lois

Questionné à savoir si la décision de créer un processus comparable à un BAPE sans s’y soumettre était une façon de contourner la législation provinciale, Mario Girard s’est limité à dire que son rôle n’était pas politique. «Non seulement on respecte les lois qui s’appliquent ici», a-t-il expliqué à propos de la législation fédérale, «mais on va plus loin que les lois». «Je n’ai pas le pouvoir de choisir quelles lois peuvent ou ne pas s’appliquer ici. S’il y a des choses qui doivent changer au niveau des lois, je vous invite à aller parler aux politiciens.»

M. Girard a toutefois réitéré le désir de l’APQ de collaborer avec le gouvernement provincial. «On va aller s’asseoir avec le ministre Heurtel et les gens de l’environnement, ça va nous faire plaisir de continuer la discussion.»

Le pdg espère trouver un terrain d’entente assez rapidement, avant le règlement du litige légal au sujet des compétences provinciales en comparaison de celles fédérales. L’APQ est aux prises avec une baisse de revenus et des installations vieillissantes, et Mario Girard soutient que le projet d’expansion de 500 millions $ est nécessaire pour permettre au Port de créer de nouveaux revenus.

Communauté d’affaires inquiète

En période de questions après la présentation de l’APQ, Nicole Trépanier, de la Société économique du Saint-Laurent, a salué le nouveau plan environnemental «transparent et engageant».

À l’inverse, Alain Aubut, de la Chambre de commerce de Québec, a souligné l’inquiétude de la communauté d’affaires à l’égard du processus environnemental lourd qui pourrait effrayer les investisseurs ou les partenaires potentiels.

Une première femme à la présidence de l’APQ

Marie-France Poulin est la nouvelle présidente du conseil d’administration de l’APQ. Elle devient la première femme à occuper ce poste dans l’histoire du Port de Québec, plus vieux port du Canada. Mme Poulin siégeait au C. A. de l’APQ depuis 2011 et a été choisie par ses pairs pour succéder au Dr Éric Dupont, dont le mandat de trois ans s’est terminé récemment. La femme d’affaires s’est dite très fière du mandat lui étant confié. «La bonne gouvernance, le développement du port et une relation citoyenne forte seront assurément les grandes orientations qui guideront les discussions du conseil au cours des prochaines années», a-t-elle annoncé, soulignant la contribution du Port de Québec à la qualité de vie des citoyens. En début d’allocution, vendredi après-midi, le président-directeur général du Port de Québec, Mario Girard, s’est réjoui de la nomination historique de Mme Poulin. Guillaume Piedboeuf

Un marché au futur bassin Louise?

Questionné sur l’avenir du bassin Louise, Mario Girard a ouvert la porte au retour d’un marché au Vieux-Port dans une forme plus petite. Le président-directeur général a expliqué que l’APQ dévoilera bientôt sa vision du futur bassin Louise. «On pourra laisser un bâtiment disponible», a-t-il expliqué, précisant que le bâtiment ne s’appellera pas tout de suite marché du Vieux-Port, mais qu’il pourrait le devenir si la volonté est là. «Personnellement, je pense que ce serait une bonne idée.» Guillaume Piedboeuf

Steven Blaney commente la controverse

Appelé à commenter la controverse qui oppose le Port de Québec et le gouvernement Couillard en matière environnementale, le ministre conservateur Steven Blaney a dit faire totalement confiance au Port. «Ils ont démontré par le passé qu’ils ont pris plusieurs mesures préventives pour s’assurer qu’on respectait les normes en matière environnementale. Je leur lève mon chapeau à cet égard-là», a-t-il lancé. Quand on lui demande si le Port doit se soumettre à une enquête du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, comme le prétend le gouvernement du Québec, il ne répond pas directement à la question. «Je laisse le soin au Port de Québec de s’assurer de la conformité aux lois […] Ils prennent les questions environnementales au sérieux, et j’ai confiance qu’ils vont prendre les moyens nécessaires dans leur projet d’expansion», a-t-il soutenu. Patricia Cloutier

Les commentaires sont fermés.