Le Port de Québec a annoncé vendredi qu’il soumettrait son projet d’expansion à un nouveau mode de consultation publique avec des commissaires indépendants. Mais pas question de se soumettre au système déjà existant du Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE).
Le nouveau « processus environnemental de participation citoyenne » comprend trois modèles allant de la simple consultation en ligne pour les petits projets à des audiences publiques pour les projets« de nature complexe » comme l’agrandissement.
Dans ce dernier cas, il y aurait des séances d’information suivies d’audiences publiques. Ces audiences, qui courent sur 45 jours, seraient présidées par trois « commissaires indépendants ». Les citoyens pourraient déposer des mémoires et intervenir sur place. Au final, les commissaires déposeraient un rapport sur lequel le conseil d’administration « s’appuiera » pour « autoriser ou non le projet et à quelles conditions ».
Le patron du Port, Mario Girard, affirme que son modèle dépasse tout ce qui se fait ailleurs en matière de développement durable. « Avec ce qu’on a présenté [vendredi], on va même plus loin que les lois qui s’appliquent ici. »
Il a tenu ces propos en marge de l’assemblée générale annuelle du Port. Au même moment, à Montréal, le ministre du Développement durable, David Heurtel, réitérait son intention de soumettre le Port de Québec au BAPE.
« Il y a des questions fondamentales liées au projet d’agrandissement du port de Québec, liées à la qualité de l’air, liées aux hydrocarbures, liées à l’écosystème marin », a-t-il déclaré. Et d’ajouter que « le Port a son processus d’évaluation environnementale et ce que fera le BAPE n’empiète en rien sur ce qu’envisage de faire le Port de Québec ».
Le projet d’expansion prévoit d’abord le prolongement de la ligne des quais sur plus de 600 mètres et la reconfiguration de la baie de Beauport. La construction d’un duc-d’Albe pour les produits pétroliers se ferait dans une seconde phase.
Contrer l’érosion à la plage de Beauport
Lors de l’assemblée annuelle à Québec, un représentant de la Chambre de commerce, Alain Aubut, a dit craindre que le processus d’évaluation environnementale du Port« fasse peur » aux investisseurs.
M. Girard a concédé que le processus n’accélérait pas les choses, mais que la pire situation pour des gens d’affaires était l’incertitude et que le nouveau processus établissait des règles claires.
Un représentant du groupe Océan a quant à lui manifesté de l’impatience de voir le projet d’expansion se réaliser. Indépendamment de l’enjeu des consultations, le Port est de toute façon en attente d’une réponse du fédéral pour financer son projet. « On espère des nouvelles bientôt », a dit M. Girard.
Le p.-d.g. a aussi fait savoir qu’il profiterait du projet pour régler le problème de l’érosion des berges à la baie de Beauport. Il s’est dit aussi personnellement ouvert à conserver une « petite halte » pour la vente de produits au Marché du Vieux-Port.