Même si le fédéral étudie déjà la demande de financement du Port de Québec pour la construction d’infrastructures d’exportation de pétrole, le ministre de l’Environnement David Heurtel n’a pas encore pris connaissance du projet. Trop tôt, donc, pour dire si Québec mènera une évaluation environnementale.
« On attend de voir un projet avant de nous prononcer sur l’agrandissement du port », s’est contenté de répéter mardi le ministre Heurtel, en marge du caucus libéral. Son cabinet a aussi confirmé au Devoir que le Port de Québec n’a pas déposé d’« avis de projet » auprès du gouvernement du Québec.
Questionné à savoir si le gouvernement Couillard mènera une évaluation environnementale de cet important projet d’agrandissement en milieu marin, David Heurtel n’a pas donné de précisions. « Ça dépend du projet », a-t-il dit.
« Avant de parler de cela, a ajouté le ministre de l’Environnement, il faut savoir de quoion parle. Tout ce que j’ai comme information, c’est qu’on agrandit le port. Ça veut dire quoi au niveau du territoire, mais aussi de quel type d’agrandissement est-il question ? »
Port pétrolier
En fait, les principaux éléments du projet sont publics depuis des mois. Avec son projet « Beauport 2020 », le Port de Québec souhaite investir plus de 500 millions de dollars sur cinq ans afin d’agrandir ses installations industrielles dans le secteur de Beauport. L’administration portuaire compte ainsi prolonger ses quais sur une longueur de 610 mètres, mais aussi construire un duc-d’Albe.
Cette structure est implantée directement dans l’eau et permet de charger des liquides à bord de navires sans que ceux-ci aient à accoster à un quai. Elle peut, par exemple, être reliée à la terre ferme par un oléoduc sous-marin. Selon une brève présentation écrite du projet, cet élément « offrira une solution compétitive pour le Port de Québec afin de devenir un point de sortie pour les exportations de produits pétroliers canadiens ».
Le document ne précise pas comment sera acheminé le pétrole vers le secteur portuaire de Beauport, si le projet se réalisait. Il bénéficie toutefois d’un accès direct au réseau ferroviaire. Selon la carte du réseau de la région, des trains qui seraient chargés de pétrole brut traverseraient impérativement des quartiers résidentiels de Québec, dont Limoilou, Vanier et probablement Sainte-Foy.
Malgré l’ampleur du projet, l’Agence canadienne d’évaluation environnementale a indiqué que celui-ci n’est « pas assujetti » à une étude. En fait, c’est l’administration portuaire de Québec qui mène elle-même sa propre évaluation. « Comme c’est la coutume pour ce type de projet, le Port effectue une étude environnementale exhaustive », a répondu l’administration.
Une consultation publique doit avoir lieu sur le projet, précise-t-on. Celle-ci aura lieu une fois que le financement du projet « sera complété ».
Interpellé en début de semaine sur les projets d’expansion du port, qui relève du fédéral, le maire de Québec n’a pas voulu commenter le dossier.