Entrevue avec Patrice Drouin: plaidoyer pour la baignade à la Baie de Beauport (texte en vert)

Simon Boivin, Le Soleil, publié le 25 juin 2014

[Titre original de l’article: Entrevue avec Patrice Drouin: le nouvel amphithéâtre sur la carte]

L'absence de confirmation d'un club de hockey, ajoute... (Le Soleil, Yan Doublet)

(Québec) Pendant que la structure de l’amphithéâtre monte, sa programmation s’échafaude en parallèle même si aucun club de hockey ne pointe encore à l’horizon.

En entrevue au Soleil, Patrice Drouin, président de Gestev, entreprise spécialisée dans la gestion d’événements sportifs acquise il y a un an par Québecor, affirme que l’infrastructure est maintenant connue des grands gestionnaires de tournée.

«On est en train de placer l’amphithéâtre au bon endroit, dans les bons circuits, indique-t-il. Maintenant, il y a tout ce qui est à côté des concerts qui doit être booké», explique M. Drouin.

L’absence de confirmation d’un club de hockey, qui occuperait au bas mot une quarantaine de soirs du calendrier, ajoute une certaine pression, convient le patron de Gestev, qui n’est toutefois pas seul à devoir nourrir la programmation.

«Mais on n’est pas nécessairement sous pression de remplir tous les soirs, précise M. Drouin. L’objectif est d’aller chercher le meilleur contenu pour l’endroit, pour le marché. […] Le club de hockey est vraiment dans la mire. Tout est fait en fonction du club.»

Le patron de Gestev s’enthousiasme aussi pour les possibilités offertes par les alentours de l’amphithéâtre, dont ExpoCité, et l’arrivée d’hôtels et de restaurants.

«Ça va être un noyau important de Québec qu’on n’a pas encore connu», lance M. Drouin.

Développement des affaires

Son association avec Québecor a permis à Gestev, dont le chiffre d’affaires varie entre 10 et 20 millions $ par année, de se tourner sans réserve vers le développement des affaires. La nouvelle filiale, qui comptait quelque 45 employés permanents l’an passé, prévoit atteindre la barre des 60 cette année.

Au fil des ans, Gestev a fait sa niche avec les événements sportifs internationaux: vélo de montagne (Vélirium), planche à neige, ski de fond, Red Bull Crashed Ice.

«Si on faisait le recensement des villes dans le monde qui, au niveau du sport olympique, ont des acquis comme ceux-là, Québec est parmi les leaders», affirme M. Drouin.

Ses conversations «fréquentes» avec la Fédération internationale de ski (FIS) l’amènent à penser que le dossier olympique pour Québec est loin d’être enterré. «De plus en plus, j’entends que le Massif est une montagne extraordinaire pour la descente», dit M. Drouin, qui salive déjà à la pensée des images qui pourraient être retransmises par la télévision.

Les 80 mètres de dénivelé manquant à la piste La Charlevoix représentent un défi technique surmontable, selon lui. «La réalité du milieu alpin frappe un peu, dit-il. Tu ne peux pas faire des Olympiques juste dans les endroits classiques. Tu ne peux pas refuser des Jeux parce qu’il manque 80 mètres dans un coin où il y a tout le reste.»

D’autre part, l’anneau de glace réfrigéré installé sur les Plaines cet hiver, en face du jardin Jeanne d’Arc, a attiré des patineurs au-delà des espérances. Il est néanmoins possible qu’il doive changer d’emplacement l’an prochain. D’importants travaux pourraient être réalisés par la Ville aux réservoirs d’eau installés sous le plateau gazonné des Plaines, explique M. Drouin. Il faudra alors penser à un autre endroit, face au Musée national des beaux-arts ou ailleurs. Mais la Ville veut poursuivre l’expérience, qui a servi à deux événements sportifs : le Pentathlon des neiges et le triathlon d’hiver ITU.

Au chapitre des événements que Gestev organise, la Transat Québec-Saint-Malo devrait être de retour en 2016. Même si le tout n’est pas encore confirmé, M. Drouin espère perpétuer la tenue de la plus vieille course de voiliers transatlantiques sans escale.

Plaidoyer pour la baignade à la Baie de Beauport

La baignade dans le fleuve devrait être permise à la Baie de Beauport pendant certaines journées de l’été, estime le gestionnaire du site.

Des cours de kite-surf et de planche à voile sont donnés chaque année dans la baie, fait remarquer Patrice Drouin, patron de Gestev, qui gère le legs fédéral pour le 400e depuis 2008.

«Les jeunes reviennent, ils ont avalé trois litres d’eau et ils sont détrempés comme des canards, dit-il. Nos employés sont dans l’eau. On n’a eu aucun cas déclaré de gastro ou de problème cutané ou quoi que ce soit. Mais la baignade est interdite. On travaille très fort pour trouver un moyen de permettre la baignade en accord avec les autorités.»

Des tests se font chaque semaine pour mesurer la qualité de l’eau. Les résultats sont irréguliers, mais majoritairement positifs, fait valoir M. Drouin. Un système pourrait être mis en place pour permettre la baignade certains jours, croit-il. «L’eau est très bonne, elle est claire, le fond est beau, dit le président de Gestev. […] Je ne suis pas sûr que les tests dans les lacs avoisinants sont si positifs que ça…»

L’entreprise évalue la moyenne d’achalandage à 150 000 visiteurs par année depuis 2008. «Si on réussissait à publiciser qu’il y a de la baignade, ça augmenterait l’achalandage du jour au lendemain», estime M. Drouin.

Déficit

Depuis qu’elle gère le site, Gestev a accumulé un déficit de 10 à 15 % sur les cinq années. Un manque à gagner «récupérable» en une seule bonne saison, évalue M. Drouin. Mais les travaux routiers autour de la baie l’ont enclavée de 2010 à 2012, trois années «catastrophes». La subvention de la Ville, qui couvre 25 % des frais d’exploitation, et le stationnement ne suffisent pas à rentabiliser les opérations. Le développement du volet corporatif – mariages, location de salles, cours de voiles et autres – ont permis de garder le navire à flot. Les choses se redressent, mais l’accès, la signalisation et la desserte en transport en commun doivent être améliorés.

En attendant, Gestev cherche à bonifier l’offre en ajoutant des éléments, comme une piste de BMX et des terrains de pétanque. Des tables à pique-nique et des barbecues pourraient apparaître cette année.

«On sait qu’il y a un bon potentiel, mais il faut augmenter les activités, faire plus d’événements», indique M. Drouin.

Gestev est à renouveler pour un autre cinq ans son contrat de gestion pour la Baie de Beauport.

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