Baignade à Québec: la baie de Beauport privilégiée, la Saint-Charles écartée

Samuel Auger, Le Soleil, publié le 26 mai 2014

Qualifiée de «désastre» dans sa version bétonnée par... (Photothèque Le Soleil)

(Québec) La baignade dans la rivière Saint-Charles ne sera pas permise avant plusieurs décennies, la Ville de Québec préférant concentrer ses efforts à la baie de Beauport.

«L’orientation de la Ville, c’est d’aller pour la baignade à la baie de Beauport. Ça, ça va passer par le contrôle des débordements le long du fleuve», a précisé le directeur du service de génie civil à la Ville de Québec, Daniel Lessard.

Le financement est toutefois loin d’être acquis pour les installations rendant la baignade possible. «On n’est pas tributaire du financement de l’ensemble de ces projets-là. C’est sûr qu’on a cette ambition-là. La Ville est prête à faire sa part, mais on va voir si des programmes peuvent nous aider financièrement», a indiqué le vice-président du comité exécutif de la Ville de Québec, Jonatan Julien.

L’espoir de plonger un jour dans la rivière Saint-Charles semble beaucoup plus mince. Embellie, plus verte et achalandée que jamais, la rivière n’en demeure pas moins très polluée. «Je pense pas que sur la rivière Saint-Charles, c’est possible de voir ça à moyen terme. La baignade, avec toute l’historique qu’il y a dans le secteur… on n’est pas là aujourd’hui», a soutenu Jonatan Julien.

Le travail de Dame Nature

La capitale a investi dans les dernières années pour revoir tout le système de gestion des eaux pluviales du secteur. Sauf que les bassins de rétention ne sont fonctionnels que depuis 2011, explique le porte-parole de la Ville, Jaques Perron. «La dépollution totale, et la renaturation, ça peut prendre presque 10, 20 ou 30 ans avant que vraiment l’ensemble de l’effet se fasse sentir sur l’état des eaux.»

La rivière Saint-Charles permet déjà en amont des activités dites secondaires: canotage, kayak. Mais la baignade devra attendre quelques décennies, le temps que Dame Nature et ses berges fraîchement retrouvées dépolluent tranquillement le cours d’eau urbain.

Patience donc pour la Saint-Charles, insiste Daniel Lessard. «L’objectif, c’est d’aller vers un cours d’eau qu’on a dégradé, qu’on a bétonné, et pour lequel on redonne graduellement l’accès à la population, pour éventuellement revenir à ce qu’on avait au début du siècle, c’est-à-dire un cours d’eau que l’on pouvait pleinement utiliser.»

L’élu municipal Jonatan Julien ferme par ailleurs la porte à la baignade éventuelle dans un autre plan d’eau souvent convoité par les citoyens, le bassin Louise dans le Vieux-Port. «Le bassin Louise, c’est impensable», tranche le conseiller municipal responsable des infrastructures.

Une erreur et un prix

Considérée par le vice-président du comité exécutif comme une «erreur» et un «désastre» dans sa version bétonnée d’antan, la rivière Saint-Charles en a parcouru du chemin. Au point de permettre à la Ville de Québec de remporter un prix pour sa gestion des infrastructures entourant la rivière.

La rivière polluée et bétonnée ne rappelle rien de bon au vice-président du comité exécutif et responsable des Infrastructures, Jonatan Julien. «Avant la réalisation de ce projet, la rivière Saint-Charles, en raison de l’état de ses eaux, était un égout à ciel ouvert, rappelle-t-il. C’était une dette, un passif environnemental. C’était extrêmement désagréable d’observer cette situation-là. Lorsqu’il pleuvait, les précipitations importantes engorgeaient les réseaux d’égouts et ceux-ci se déversaient directement, sans traitement, dans la rivière.»

Des fleurs aux ingénieurs

Vendredi dernier, la Ville de Québec a néanmoins remporté un prix pour le leadership gouvernemental en infrastructures durables de Société canadienne de génie civil. L’élu Jonatan Julien n’a rien à voir avec ce prix, et lance toutes les fleurs aux ingénieurs. «Ce prix souligne sans l’ombre d’un doute la compétence, les efforts et l’acharnement du personnel du service de l’ingénierie pour réaliser des projets d’envergure», dit-il.

Depuis les années 1960, la capitale a dépensé près d’un milliard pour de grands ouvrages de contrôle des débordements des eaux. À elle seule, la rivière Saint-Charles a nécessité des travaux de 110 millions $, sans compter une somme de 17 millions $ pour l’embellir et aménager une piste cyclable et un sentier linéaire.

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