Promenade Samuel-De Champlain: coût haussé, ambitions abaissées

Baptiste Ricard-Châtelain, Le Soleil, publié le 26 novembre 2020

La phase 3 de la promenade Samuel-De Champlain, en construction sur la berge du fleuve à Québec, coûtera plus cher qu’annoncé, cela même si les ambitions ont été réduites afin de contenir la croissance de la facture. Aussi, le chantier durera plus longtemps que ce qu’avait dit le premier ministre François Legault le jour de la première pelletée de terre.

La Commission de la capitale nationale du Québec (CCNQ), responsable du chantier, a eu une mauvaise surprise quand elle s’est finalement lancée à la recherche des entrepreneurs pour effectuer les travaux, en 2019. «Un premier appel d’offres […] s’est conclu par une hausse de 31,4 millions $ par rapport au budget initial de 171,1 millions $», confirme au Soleil le coordonnateur aux communications et à la promotion de l’organisme public, Stéphane Desmeules. 

On demandait donc 202,5 millions $ pour réaliser la prolongation du parc riverain sur 2,5 kilomètres entre la côte de Sillery et la côte Gilmour.

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De 60 M$ à 202,5 M$

Dix ans plus tôt, en 2009, quand les autorités parlaient déjà ouvertement de la phase 3, l’aménagement était évalué à… 60 millions $. Au fil des ans, il a été question d’une enveloppe de 100 millions $, de 130 millions $, puis de 160 millions $.

Finalement, les experts et les élus s’étaient entendus pour 171 millions $.

C’était le montant évoqué en mai 2018, quand le libéral Sébastien Proulx avait annoncé le début imminent du chantier (160 M$ du gouvernement plus 11 M$ provenant de partenaires comme la Ville de Québec). Le député-ministre présageait la fin des travaux en 2021. On l’entend dans cette vidéo 

«On parle d’un projet de 171 millions $», a répété le premier ministre caquiste François Legault en juin 2019, en proclamant le vrai début des travaux et la réalisation d’une promesse électorale. «Ça va s’étaler sur trois ans. Si vous faites le calcul, c’est 2022.» Voyez la vidéo 

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Finalement: 193,3 M$

Quand le gouvernement a vu l’appel d’offres à 202,5 millions $, il a demandé à la CCNQ de réviser les plans afin de faire fondre l’extra de 31,4 millions $. Une «réingénierie» qui a conduit à un nouvel appel d’offres, nous explique Stéphane Desmeules.

Résultat? Le Conseil du trésor a ensuite autorisé un surplus de 22,2 millions $. Total du nouveau budget de la 3phase du parc linéaire : 193,3 millions $.

Pour faire fondre le supplément budgétaire, il a cependant fallu réduire «l’ampleur» de certaines installations promises. «Toutes les composantes majeures prévues à l’origine, tels un miroir d’eau, un vaste bassin de baignade, l’aménagement d’une plage urbaine, la construction de pavillons de services et la continuation de l’aménagement de la piste cyclable ont été préservées», assure M. Desmeules. «Seules l’ampleur de certains de ces éléments et les méthodes de travail ont été revues.»

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Indexation et surchauffe

Qu’est-ce qui explique le nouveau budget consenti? «Plusieurs facteurs», répond Stéphane Desmeules. Les coûts de construction ont grimpé depuis l’évaluation de 171 millions $; il y a eu indexation. Puis le déplacement du rail du CN au pied de la falaise coûtera 3 millions $ de plus que ce qu’on pensait. 

Surtout, les entrepreneurs ont du boulot ce qui pousse les prix vers le haut, avance-t-il. «Le secteur de la construction a été extrêmement sollicité durant l’année 2019, ce qui a créé une surchauffe ainsi qu’une rareté de certains corps de métier. Le coût des matériaux a aussi fortement augmenté durant cette période et demeure toujours élevé à l’heure actuelle. Le projet de la phase III de la promenade n’a pas échappé pas à cette réalité.»

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Échéancier étiré : 2023

«En ce qui a trait à l’échéancier, celui-ci a dû être revu, notamment en raison de la surchauffe du domaine de la construction, mais également en raison des délais nécessaires à l’obtention de l’autorisation de l’Office des transports du Canada pour le déplacement de la voie ferrée. Cette réponse n’a été obtenue que le 22 septembre dernier, soit après plus de 450 jours d’analyse», poursuit-il.

«À la fin de l’été 2021, le secteur situé au pied de la côte de Sillery sera complété. Par la suite, au cours de 2022, le secteur famille et d’autres infrastructures dans le secteur baignade seront complétés. Enfin, l’ensemble des éléments du secteur de la plage seront livrés au cours de l’année 2023.»

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PLUS CHER POUR LA VILLE DE QUÉBEC AUSSI

La Ville de Québec aussi devra délier les cordons de sa bourse. Sa contribution à la phase 3 de la promenade Samuel-De Champlain vient de gonfler de près de 2,8 millions $.

En 2018, l’administration municipale a évalué qu’il serait plus simple de confier à la Commission de la capitale nationale du Québec les travaux de réfection de ses infrastructures du boulevard Champlain. Ceux-ci seraient ainsi réalisés en même temps que le chantier de la phase 3 de la promenade. Le contrat prévoyait le versement de 8,5 millions $.

Mais, pour les mêmes raisons qui expliquent la crue de la facture étatique, les coûts imputés à la Ville ont pris du poids. «Une somme supplémentaire s’avère nécessaire en raison des montants des soumissions déposées qui ont dépassé l’estimation prévue par la CCNQ», lit-on dans un document de la mairie : 2,3 millions de plus que budgété.

En outre, la Ville a ajouté au contrat le remplacement d’une conduite d’aqueduc supplémentaire au bas de la côte Gilmour : 460 000 $.

Les travaux municipaux liés à la phase 3 sont donc maintenant facturés 11,3 millions $.

Wendy Whittom, conseillère en communication, explique au Soleil que ce montant permettra de refaire en neuf à peu près toute la tuyauterie de la Ville dans le secteur de la phase 3 de la promenade.

  • Remplacement de la conduite d’aqueduc existante le long du boulevard Champlain;
  • Ajout d’une conduite raccordée au réservoir de rétention du Foulon [Voir notre autre texte sur la baignade qui sera interdite dans le fleuve];
  • Remplacement de toutes les conduites d’égouts;
  • Remplacement de tous les accessoires, tels que les bornes d’incendie, les puisards, les regards, les chambres de vannes et les chambres de purge d’air;
  • Pose d’un conduit vide pour l’éventuel passage de fibres optiques.

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