Fanny Samson, Radio-Canada, publié le 24 novembre 2020
Alors que l’opposition au projet Laurentia du Port de Québec prend de l’ampleur, le premier ministre François Legault a affirmé mardi qu’il souhaite que son propre gouvernement puisse évaluer les impacts sur l’environnement du terminal.
Le premier ministre s’est d’ailleurs rangé derrière la position du Bloc québécois qui demande que le projet Laurentia soit soumis aux lois et aux évaluations environnementales de la province, plutôt que celles du fédéral.
On veut s’assurer qu’il y ait une formule pour qu’on puisse s’assurer nous-mêmes des impacts sur l’environnement par le gouvernement du Québec
, a fait savoir François Legault lors de son point de presse sur l’état de la COVID-19.
La semaine dernière, l’Agence d’évaluation d’impact du Canada a conclu dans un rapport que le projet aurait des impacts environnementaux importants, notamment sur la reproduction de bar rayé.
Le gouvernement du Québec s’est déjà battu pendant de nombreuses années pour qu’une entreprise installée dans le port applique les lois québécoises sur l’environnement. Toutefois,la Cour d’appel a confirmé en septembre 2019 que les lois fédérales s’appliquent aux installations du Port de Québec.
Il y a encore du travail à faire dans le projet pour bien évaluer les retombées et les impacts sur l’environnement, on est en train de prendre connaissance du rapport qui a été publié la semaine dernière
, ajoute le premier ministre.
Depuis plus d’une semaine, le futur terminal de conteneurs dans la baie de Beauport est plongé dans une tempête. Les opposants sont de plus en plus nombreux à remettre en doute le projet Laurentia.
Les opposants se multiplient
Depuis la publication du rapport de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada, Laurentia perd de nombreux appuis, notamment parmi les élus municipaux.
Le Comité de vigilance des activités portuaires, présidé par la conseillère municipale Suzanne Verreault, a d’ailleurs déclaré mardi qu’il s’oppose à l’agrandissement du port.
Le Port de Québec aurait des conséquences néfastes, et ce, tant sur la santé et la qualité de vie des citoyens que sur la biodiversité
, peut-on lire dans un communiqué.
Mme Verreault fait partie des trois élus de l’équipe Labeaume à avoir retiré son appui, alors que le maire garde le cap. Tous les conseillers de l’arrondissement de La Cité-Limoilou s’opposent au projet.
Le document démontre que le projet contribuerait à augmenter l’émission de contaminants atmosphériques et ainsi avoir des effets négatifs sur la qualité de l’air et sur la santé humaine
, ajoute le comité de vigilance.
Dissidence symbolique?
La cheffe du parti municipal Transition Québec, Jackie Smith, salue les prises de position des conseillers de l’équipe Labeaume, mais admet avoir l’impression que cela apaise faussement la population
.
Elle juge que ces oppositions permettent de rassurer la population, mais n’a aucun impact concret. Au final, qui tranche sur Laurentia? Régis Labeaume, qui lui continue d’appuyer le projet
, soulève-t-elle.
Les conseillers Verreault, Hamelin et Lachance ont confirmé qu’ils se représenteront aux prochaines élections. Mon malaise, c’est que je ne vois pas comment quelqu’un d’honnête pourrait se représenter sous la bannière Labeaume, qui appuie Laurentia, tout en décriant publiquement le projet
, a-t-elle ajouté.