Baptiste Ricard-Châtelain, Le Soleil, publié le 26 novembre 2020
Bien qu’un immense réservoir ait été construit près de l’Anse au Foulon afin d’éviter que les égouts débordent dans le fleuve, les autorités publiques n’ont toujours pas l’intention d’autoriser la baignade à la grande plage aménagée dans le cadre de la phase 3 de la promenade Samuel-De Champlain.
Précisons : il sera éventuellement possible de se mouiller, de s’immerger même, dans la piscine et sur le miroir d’eau équipé de jets qui apparaîtront sur la rive du Saint-Laurent. «La baignade en bassin, sécurisée et surveillée, est toujours un élément prévu au projet», indique Stéphane Desmeules, coordonnateur aux communications et à la promotion de la Commission de la capitale nationale du Québec (CCNQ). «La baignade dans le fleuve sera toutefois interdite et donc non encadrée.»
La populaire plage de l’Anse au Foulon, fermée durant les années 60 par les autorités sanitaires, ne renaîtra donc pas. À tout le moins, la plage à venir n’offrira pas d’accès à l’eau pour une saucette. Seulement un accès pour les petites embarcations comme les kayaks.
Voici d’ailleurs ce que disait le premier ministre François Legault le jour de la première pelletée de terre officielle, en juin 2019 : «On va rendre la place un peu comme si on allait se baigner dans le fleuve. […] Les gens vont avoir l’impression de se baigner dans le fleuve même s’ils se baignent dans une espèce de piscine. […] L’idée c’est de se réapproprier les berges.»
Réservoir de rétention
Pourtant, un réservoir de rétention a été construit dans ce secteur. Il permettra de recueillir le trop-plein d’eaux usées les jours de pluie pour le réacheminer vers les usines d’épuration le beau temps revenu, explique Wendy Whittom, conseillère en communication municipale. «La construction du réservoir est terminée, il ne reste que les infrastructures permettant de le raccorder au réseau existant à effectuer. Ces derniers travaux sont coordonnés avec ceux de la CCNQ, qui réalise actuellement la troisième phase de la promenade Samuel-De Champlain.»
La Ville n’envisage néanmoins pas d’autoriser les plongeons dans le fleuve. «L’eau dans le secteur de l’Anse au Foulon n’est pas analysée pour la baignade», note d’ailleurs Mme Whittom.
Il faut dire que les nombreux réservoirs de rétention construits au cours des dernières années, d’une capacité totale de 222 000 mètres cubes d’eaux usées, ont permis de réduire grandement la quantité de souillure rejetée dans la nature. Mais le réseau n’est pas «hermétique à 100 %». Parfois, il y a des débordements.
«La qualité de l’eau à cet endroit, comme partout ailleurs, est influencée par les fortes pluies qui entraînent des matières qui peuvent miner la qualité de l’eau près des exutoires au fleuve lors de surverses», explique Wendy Whittom. «Les réservoirs de rétention ont d’ailleurs comme objectif de retenir la majorité du surplus d’eau lors de fortes pluie, et ainsi de contrôler la qualité de l’eau acheminée au fleuve. Le réservoir de l’Anse au Foulon a été construit dans cet objectif, mais dans un souci environnemental, et non récréatif.»
Les travaux du réservoir de rétention de l’Anse au Foulon auront coûté environ 29,6 millions $ une fois terminé. Les gouvernements supérieurs paieront les 2/3 de la facture.