Quelques dizaines de braves se sont jetés à l’eau au Vieux-Port de Montréal

La Presse canadienne

3 juillet 2021

Une trentaine de personnes ont bravé samedi matin la fraîche température en sautant dans l’eau du fleuve Saint-Laurent afin de réclamer, une fois de plus, « un accès public et sécuritaire » à la baignade dans le bassin Jacques-Cartier du Vieux-Port de Montréal.

L’événement, qualifié de « Grand Splash », était organisé pour la 15e année par la Fondation Rivières. L’organisme écologiste soutient que l’eau du bassin Jacques-Cartier est « pratiquement toujours propre et l’accès sécuritaire ». Il s’explique mal pourquoi la Société du Vieux-Port refuse bec et ongles d’y autoriser la baignade.

Comment est l’eau ? « Bonne », voire « parfaite », répondent des adultes, mais « froide » tempère Alexis, un enfant qui a également fait le saut. À l’extérieur, le mercure indiquait 17 °C, selon Environnement Canada.

Les organisateurs disaient attendre 200 baigneurs, mais il faut croire que plusieurs ont préféré porter une veste de laine plutôt qu’une veste de sécurité.

« C’est une expérience spéciale, confie Jean Trudeau, un des braves immédiatement après être sorti de l’eau. À l’ombre des gratte-ciel, c’est super. »

Avec une telle température, « il fallait y croire », résume au micro André Bélanger, de la Fondation Rivières. « C’est comme ça les batailles. À Québec, ça leur a pris trente ans. Ils viennent de gagner », dit-il faisant référence à la décision des derniers jours du Port de Québec de déployer un bain portuaire dans le bassin Louise dès l’été prochain.

« C’est les mêmes conditions [qu’à Montréal], a-t-il expliqué en entrevue. Il y a des bateaux, il y a une marina. Ils ont simplement proposé de laisser de l’espace pour aménager un bain portuaire. […] Ici, il y aurait de la place pour en faire 20 bains portuaires si on voulait. »

L’organisme estime que le bassin Jacques-Cartier est le « dernier endroit, le meilleur endroit », pour en installer un à Montréal. Il suffirait de déplacer des bateaux de 100 à 200 mètres et « il y aurait de la place pour aménager quelque chose à peu de frais dès l’été prochain ».

Un avis que partage la conseillère municipale Suzie Miron, qui s’est elle-même jetée à l’eau. « C’est assez incroyable qu’on vive sur une île, mais qu’on ne vive pas notre insularité », a-t-elle déclaré en pleine baignade lorsque questionnée en pleine baignade. Il pourrait « certainement avoir un petit coin » où un tel bain pourrait être aménagé, selon elle, ce qui serait « au bénéfice de toute la communauté montréalaise ».

Selon les plus récentes données publiées sur la carte interactive de suivi de la qualité bactériologique des cours d’eau publiée sur le site de la Ville de Montréal, la qualité de l’eau est considérée « bonne » à la marina du Vieux-Port, et même « excellente » non loin de là à la Plage de l’Horloge.

Dans une entrevue à La Presse canadienne, la Société du Vieux-Port de Montréal, qui est responsable du site, refuse d’admettre que l’eau du bassin Jacques-Cartier est propre à la baignade et dit même l’ignorer. L’organisation dirige les questions sur la qualité de l’eau vers les autorités du Port de Montréal.

La société de la Couronne accepterait-elle d’aménager un bassin de baignade à cet endroit ? L’endroit est « dédié à la navigation », a répondu Nathalie Carrière, la directrice du marketing et des relations d’affaires. Des concessionnaires y sont installés, dont le Bateau-Mouche et Le Petit Navire, les navettes fluviales de l’est et de Longueuil l’utilisent et il a aussi le Port d’escale, a-t-elle noté.

Enjeux de sécurité

La Société du Vieux-Port de Montréal se dit « ouverte » à l’aménagement d’un bain portuaire sur ses terrains et dit collaborer avec la Ville de Montréal sur « l’alternative » du Quai de l’Horloge, une option maintes fois écartée étant donné les enjeux de sécurité, notamment la force du courant et les risques liés à la navigation maritime.

L’organisation estime qu’au bassin Jacques-Cartier aussi des enjeux de sécurité « entrent en ligne de compte ».

« C’est absolument faux que c’est dangereux », réplique André Bélanger, de la Fondation Rivières, d’autant plus qu’il s’agit d’une « marina où les gens viennent accoster leur bateau ».

« Il s’agit d’avoir de la bonne volonté », a-t-il lancé, en expliquant qu’un bain portuaire est un endroit « protégé, encadré », « l’équivalent de grands quais flottants et à l’intérieur vous mettez la zone de baignade ».

Le bain portuaire de Copenhague, par exemple, est installé « là où il y a les transatlantiques », de gigantesques navires, argumente-t-il.

Neuf « Grand Splash » ont eu lieu cette année à travers le Québec, notamment à Saguenay et Trois-Rivières.

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