Grand Splash : Nouvelle mobilisation pour un bain portuaire dans le Vieux-Port

(Montréal) Le traditionnel Grand Splash s’est tenu samedi matin dans le Vieux-Port, en présence d’élues municipales. Des dizaines de Montréalais ont sauté à l’eau pour réclamer un accès « public et sécuritaire » à la baignade dans le bassin Jacques-Cartier, jugeant qu’il est tout à fait possible d’y aménager un bain portuaire.

HENRI OUELLETTE-VÉZINA, LA PRESSE, publié le 3 juillet 2021

« Il y a vraiment une perception que l’eau n’est pas de qualité dans ce secteur, alors que les chiffres démontrent pourtant tout le contraire. Sur 10 ans, on compte une dizaine d’épisodes de contamination », explique André Bélanger, directeur général de la Fondation Rivières, qui chapeaute l’évènement.

L’idée d’installer un bain portuaire dans le secteur ne date pas d’hier. En fait, c’est la 15e édition du Grand Splash à cet endroit. Et la mobilisation s’est souvent transportée sur la scène politique par le passé.

Cette année, l’organisme appelle la Société immobilière du Canada, gestionnaire de la Société du Vieux-Port de Montréal, à imiter le Port de Québec. Celui-ci a convenu plus tôt cette semaine de lancer un dialogue avec la population afin de rendre la baignade possible d’ici l’été 2022, au bassin Louise. « Les mentalités évoluent à vitesse grand V », selon M. Bélanger, qui garde bon espoir d’y arriver à Montréal. « On n’a qu’à regarder le grand succès qu’est la plage urbaine de Verdun. Ici, c’est notre 15e année. On espère que ça ne prendra pas 30 ans comme à Québec », insiste-t-il.

En 2017, le parti de Valérie Plante, Projet Montréal, avait promis d’installer un bain portuaire au Vieux-Port de Montréal. L’idée avait aussi été évoquée par le candidat à la mairie Denis Coderre lors de son précédent mandat.

Mais l’an dernier, la Ville a dû abandonner le projet, dans la foulée de la publication de nouvelles études, selon lesquelles il serait trop difficile d’aménager un bain portuaire, vu les activités du port et le courant dans le secteur. La qualité de l’eau, jugée « bonne », ne serait toutefois pas en cause. Selon nos informations, l’administration Plante remet pour l’instant l’ouverture du projet à 2022 ou 2023.

Appelé à réagir samedi, le cabinet de la mairesse est demeuré prudent. « Le projet de bain portuaire a dû être modifié en raison de divers enjeux soulevés en cours de planification. Nous travaillons sur des études pour un nouveau site et nous serons en mesure de donner les détails lorsque nous serons plus avancés », a simplement répondu l’attachée de presse Geneviève Jutras.

La réalité, c’est qu’on a l’espace pour installer un bain portuaire, un peu comme la ville de Copenhague a fait et comme le Port de Québec s’apprête à faire. C’est le lieu idéal pour le faire à Montréal. Avec le mélange entre habitation et commerce, ça pourrait devenir une attraction touristique importante.

André Bélanger, DG de la Fondation Rivières

Destiné à la navigation

Pour l’heure, la Société du Vieux-Port de Montréal refuse d’admettre que l’eau au bassin Jacques-Cartier est propre à la baignade, et dit même l’ignorer, en réalité. L’organisation renvoie les questions sur la qualité de l’eau au Port de Montréal. La société de la Couronne accepterait-elle d’aménager un bassin de baignade à cet endroit ? L’endroit est « destiné à la navigation », répond Nathalie Carrière, directrice du marketing et des relations d’affaires.

Des concessionnaires y sont installés, dont le Bateau-Mouche et Le Petit Navire. Des navettes fluviales de l’est et de Longueuil l’utilisent, et il y a aussi le Port d’escale, a-t-elle noté. « Ce n’est tout simplement pas viable à notre avis », a renchéri un porte-parole, Marcelo Gomez-Wiuckstern.

Il reste que la Société du Vieux-Port de Montréal se dit « ouverte » à l’aménagement d’un bain portuaire sur ses terrains et dit collaborer avec la Ville sur l’« alternative » du quai de l’Horloge, une option maintes fois écartée étant donné les enjeux de sécurité, notamment la force du courant et les risques liés à la navigation.

Une élue de Projet Montréal, soit la présidente du conseil municipal, Suzie Miron, a participé à l’activité samedi matin. Plus tôt cette semaine, la mairesse Valérie Plante avait aussi sauté à l’eau à Lachine, soit dans le secteur où son administration travaille à implanter un nouveau parc sur les eaux du lac Saint-Louis. Le Grand Splash du Vieux-Port s’inscrit en effet dans une semaine complète de mobilisations pour réclamer l’accès aux berges aux abords de nombreux cours d’eau au Québec.

Avec La Presse Canadienne

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