Un «cri du coeur» pour Laurentia

JEAN-FRANÇOIS NÉRON, Le Soleil, 3 juin 2021

Le président de la Corporation des parcs industriels, Pierre Dolbec, lance un «cri du coeur» pour la réalisation du projet Laurentia du Port de Québec. À ses yeux, un refus du gouvernement fédéral la semaine prochaine représenterait «un coup de poing majeur» pour l’économie du Québec.

«Ce n’est pas la première fois que je prends position. Mais là, avec deux grèves au port de Montréal, les blocus ferroviaires autochtones, l’accident récent qui a bloqué le canal de Suez, je veux que le message soit clair: le projet Laurentia est un «must» pour le Québec alors que l’industrie de la conteneurisation connaît une transformation mondiale majeure», lance d’entrée de jeu le président de la corporation, qui regroupe plus de 26 000 entreprises.

Pierre Dolbec connaît bien l’industrie pour être lui-même à la tête de Dolbec international, qui aide les entreprises à faire transiter leurs marchandises sur l’eau, sur rail, dans les airs et sur routes.

«Le marché se transforme dangereusement», lance-t-il à propos de la croissance du nombre de porte-conteneurs toujours plus gros. Seul Québec peut les accueillir parce que le fleuve y est suffisamment profond.

«S’ils ne vont pas à Montréal, ni à Québec, ils iront aux États, même si Halifax en reçoit quelques-uns. Ça aura un impact incalculable sur le prix des marchandises à cause des coûts de transport. Ça sera un coup de poing majeur pour l’économie du Québec. Ça ne prend pas un cours classique pour comprendre», plaide-t-il, comme d’autres avant lui.

Évidemment, M. Dolbec sait pertinemment que Laurentia rencontre de sévères critiques au plan environnemental. Le ministère de la Santé, celui de l’Environnement et Pêches et Océans Canada ont récemment maintenu un avis défavorable envers le projet de terminal de conteneurs du port de Québec, malgré la bonification des mesures de mitigation.

À l’automne, l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC), qui compile et analyse les avis des divers ministères fédéraux et agences, avait sévèrement critiqué les «effets environnementaux négatifs importants» du projet de 775 millions$.

Dans la version provisoire de ce rapport, l’Agence juge notamment que le futur quai à construire de 610 mètres empiétera «sur le poisson et son habitat». Aussi, que le terminal — d’une superficie totale de 31,7 hectares — affectera «la qualité de l’air et la santé humaine compte tenu de l’augmentation des émissions de particules dans l’air et de contaminants issues de la combustion de combustibles fossiles».

«Je comprends mal les plaintes. Il y a une volonté du port et de ses partenaires d’atténuer les impacts», soutient M. Dolbec. Selon lui, l’électrification du terminal de conteneurs et la promesse d’en faire des installations carboneutres devraient suffire à convaincre. Pour les résidents de Québec inquiets de la pollution que créera le transport terrestre, il souligne que 75% à 80% des conteneurs transiteront par train.

«Ça sera un terminal à la fine pointe de la technologie en Amérique du Nord. Si c’était une calamité environnementale, je n’associerais pas mon nom à ça», ajoute celui qui se dit sensible aux préoccupations environnementales, à titre de maire de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, un endroit réputé pour sa nature.

M. Dolbec promet de mener la guerre contre un refus d’Ottawa. «Si ça arrive, on va se mobiliser et on va faire des représentations.» Le ministre fédéral de l’Environnement doit rendre sa décision le 10 juin.

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