David Rémillard, Radio-Canada, 30 juin 2021
Des opposants aux visées expansionnistes du Port de Québec croient que le lien de confiance est brisé avec une partie de la population.
S’ils se réjouissent de leur triomphe, des opposants au terminal de conteneurs Laurentia refusent de s’arrêter au rejet officiel du projet, confirmé cette semaine par le fédéral. Certains croient qu’il serait maintenant le temps d’un changement de garde à la direction du Port de Québec, qui a selon eux manqué de respect envers la communauté et ses citoyens.
Le militant Daniel Guay se bat depuis deux décennies contre les visées expansionnistes de l’Administration portuaire de Québec (APQ). Malgré des demandes répétées à la direction du port de ne pas agrandir ses installations de Beauport, des projets comme Laurentia sont obstinément revenus à l’ordre du jour.
Cette culture s’est poursuivie en 2011 lors de la nomination de Mario Girard comme PDGprésident-directeur général de l’APQAdministration portuaire de Québec, dit-il. Ce dernier avait en effet évoqué, dès son entrée en poste, un nouveau de plan de match en vue d’une expansion dans la baie de Beauport, dont une version avait été présentée au fédéral en 2008.
Cette vision s’est concrétisée à travers Beauport 2020, devenu par la suite Laurentia. M. Guay se dit aujourd’hui irrité et impatient envers cette attitude-là
.
Daniel Guay milite depuis des années contre les projets d’expansion du Port de Québec, d’abord Beauport 2020 et plus récemment le projet Laurentia. PHOTO : RADIO-CANADA
Des questions à se poser
Maintenant que le gouvernement fédéral a annoncé qu’il rejetait Laurentia, craignant des impacts négatifs sur la santé humaine et l’environnement, M. Guay estime qu’une réflexion doit s’amorcer au sein de l’administration portuaire.
Il y a des questions à se poser
, a dit celui qui est à la tête d’Accès Saint-Laurent Beauport et membre de la Table citoyenne Littoral est. Le même questionnement s’applique selon lui au futur de Mario Girard comme pilote de l’APQAdministration portuaire de Québec.
« Plus on soulève la question, plus je pense qu’il faut penser à un nouveau quart-arrière par rapport au Port de Québec. » – Daniel Guay, militant et membre de la Table citoyenne du littoral est
Que ce futur passe par un changement à la direction ou non, M. Guay soutient que le Port de Québec est à tout le moins mûr pour du changement
et une nouvelle vision de son développement
.
Arrogance
Le son de cloche est similaire chez Véronique Lalande, qui a dû en découdre à plus d’une reprise avec l’administration portuaire. Mme Lalande a lancé deux actions collectives en justice contre l’APQAdministration portuaire de Québec en raison d’épisodes de poussière dans les quartiers voisins du Port, en particulier le Vieux-Limoilou.
Elle se souvient qu’au jour un
de ses démarches après l’événement d’octobre 2012, elle avait candidement reçu les gens du Port de Québec
. Elle estime que dès lors, la relation de confiance avec l’administration portuaire a été difficile.
La citoyenne Véronique Lalande a lancé deux actions collectives en justice contre l’APQ. PHOTO : RADIO-CANADA
Elle n’a jamais voulu en faire un combat personnel
avec Mario Girard, a-t-elle précisé. Force est cependant d’admettre, à son avis, que la direction a fait preuve d’arrogance
.
Cette attitude s’est selon elle manifestée à travers les différentes luttes menées par les citoyens et les groupes de pression, que ce soit au sujet de la poussière ou le projet d’agrandissent dans la baie de Beauport.
« Je pense que l’administration portuaire devrait faire une réflexion à savoir qui elle veut être dans notre communauté. » – Véronique Lalande
Au-delà d’un seul individu, Véronique Lalande évoque un changement dans la composition du conseil d’administration de l’APQAdministration portuaire de Québec, dans lequel l’industrie est selon elle surreprésentée par rapport aux élus et aux membres de la communauté.
Réflexion inévitable
Suzanne Verreault, présidente du Comité de vigilance des activités portuaires (CVAP) et conseillère municipale du district de Limoilou, refuse de se prononcer sur un éventuel changement de garde à la direction de l’APQAdministration portuaire de Québec.
Elle croit par contre qu’une remise en question s’impose après le revers du projet Laurentia. C’est inévitable qu’il y ait une réflexion de l’APQAdministration portuaire de Québec sur l’avenir, sur son avenir de développement
, a mentionné l’élue municipale.
Mme Verreault ajoute que, si le Port de Québec avait placé le développement durable et les considérations environnementales au cœur de sa démarche, il aurait pu obtenir un résultat différent. Mais l’angle économique, alors que l’APQAdministration portuaire de Québec a multiplié les appuis chez les gens d’affaires, a selon elle pris le dessus.
Suzanne Verreault a tenu à saluer la rigueur du travail de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada. Rappelons également qu’elle s’était dissociée de son chef et maire de Québec, Régis Labeaume, lequel avait appuyé publiquement Laurentia.
Mme Verreault se dit toujours prête à collaborer avec la direction du Port de Québec, à condition que ce dernier rencontre les grands principes de développement durable à travers ses ambitions.
Avec la collaboration d’Olivier Lemieux