Laurentia sera carboneutre, promet le Port de Québec

DIANE TREMBLAY, Journal de Québec, mardi, 6 avril 2021

Le Port de Québec a présenté mardi une quarantaine de nouvelles mesures d’atténuation du projet Laurentia à l’occasion du dépôt des documents finaux à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC). 

«Le Port de Québec va aujourd’hui encore plus loin en annonçant que le terminal sera carboneutre durant la phase d’exploitation et qu’un plan global de diminution des gaz à effet de serre et des autres émissions de toutes les activités du Port sera aussi déposé à l’Agence avant la mise en opération du terminal», a annoncé Hugues Paris, directeur principal du projet Laurentia, au cours d’une présentation technique des nouvelles mesures apportées. 

En novembre dernier, l’AEIC avait été très critique à l’égard du projet de terminal de conteneurs en eau profonde dans un rapport provisoire estimant qu’il y aurait des impacts négatifs importants sur l’environnement. Le Port avait demandé un délai de trois mois pour le dépôt du rapport final de l’Agence afin de se donner le temps de retourner vers la communauté pour apporter d’autres bonifications au projet pour répondre aux préoccupations citoyennes.  

«Au total, depuis le dépôt de notre rapport d’étude d’impacts sur l’environnement en septembre dernier, nous avons déposé une quarantaine de mesures supplémentaires et bonifiées dont une quinzaine découle des récentes rencontres citoyennes tenues depuis janvier 2021», a ajouté M. Paris. 

«Rappelons que l’Administration portuaire de Québec avait déjà suggéré plus de 350 mesures d’atténuation pour son projet», a-t-il poursuivi.  

Selon M. Paris, Laurentia sera le terminal le plus moderne en Amérique du Nord et il utilisera des équipements électriques et hybrides.  

«Laurentia améliore non seulement la situation globale des GES à grande échelle, mais permet aussi d’avoir un effet positif local en évitant notamment plus de 7 millions de kilomètres de camionnage sur les routes du Québec.» 

«Nos échanges avec la communauté ont permis de bonifier le projet de manière significative», a-t-il affirmé. 

Le projet passe ainsi à plus près de 800 M$ que des 775 M$ véhiculés jusqu’à présent.  

«On a mis beaucoup de sérieux là-dedans. On espère que l’Agence va regarder ça avec les experts. On ne peut pas présumer de leur lecture de nos mesures de mitigation supplémentaires. On espère que ça va favoriser les conclusions du rapport final de l’Agence», a-t-il dit.  

Le groupe Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec n’est pas impressionné par la longue liste de mesures de bonifications au projet Laurentia. 

«Le Port est dans une démarche marketing depuis le dépôt du rapport de l’Agence qui disait que les impacts seraient importants. Il a demandé toutes sortes de reports. Il arrive aujourd’hui avec 500 pages comme s’il y avait de l’info là-dedans qu’on n’avait jamais entendue et que ça allait changer. Très honnêtement, on pense qu’il n’y a rien là-dedans de nature à changer profondément les conclusions de l’Agence», a réagi Véronique Lalande, porte-parole.  

De son côté, Régis Labeaume a dit, mardi après-midi, vouloir attendre le rapport final de l’agence fédérale d’évaluation environnementale avant de se prononcer davantage sur le projet. «Je veux voir le produit final (…) Le rapport et la réception des changements proposés par le port (…) Comment tout le monde va accepter les mesures de mitigation de l’autre, etc, etc. C’est ça qui m’intéresse». 

D’ici là, les conseillers municipaux de son parti politique – dont certains ont exprimé publiquement leur opposition à Laurentia – demeureront libres de se prononcer. «Les élus sont libres de penser ce qu’ils veulent», a laissé tomber le maire en glissant qu’il n’est pas «un dictateur».  

– Avec la collaboration de Taïeb Moalla

APERÇU DES NOUVELLES MESURES EN 10 POINTS:        

  1. Dans le processus d’appel d’offres, le Port exigera que les équipements lourds soient équipés de moteurs du groupe 4 (moins polluants);    
  2. Pour la phase de construction, il y aura contrôle par radar de la vitesse des véhicules sur le chantier, qui sera limitée à 15 km/h;    
  3. On prévoit la détection des émissions de poussières avec une technologie de détection par faisceaux lumineux et l’ajout de moyens de détection portatifs;    
  4. Lors de la phase d’opération, le Port prévoit utiliser des équipements électriques ou hybrides;    
  5. Le Port s’engage à faire en sorte que les navires à quai puissent s’alimenter en électricité plutôt que par des génératrices au diesel;    
  6. Pour ce qui est du transport terrestre à l’extérieur du terminal, le Port travaille avec des experts à identifier des opportunités pour électrifier les flottes de transport. On estime que 90% du transport sera effectué par la voie ferrée. En ce qui concerne le transport terrestre, le Port prévoit un va-et-vient de 90 camions par jour (180 passages) lorsque le terminal roulera au maximum de sa capacité, soit autour de 2036;     
  7. Pour le transport routier, le Port discute avec les autorités concernées pour l’aménagement d’une voie de contournement des quartiers centraux. Le projet prévoit la construction d’une route parallèle au boulevard Henri-Bourassa avec un viaduc;     
  8. On prévoit la création d’un nouveau parc urbain dans le secteur de la baie de Beauport et le verdissement de quatre hectares de terrain dans la zone récréotouristique;    
  9. Pour diminuer l’apport de suspensions dans l’eau pour la protection des poissons, le Port demandera des matériaux de remblayage exempt de granulat de moins de 10 mm;    
  10. Une séquence de construction conforme à l’avis de Pêches et Océan Canada sera mise en place.

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