Marie Maude Pontbriand, Radio-Canada, le 6 avril 2021
Le Port de Québec présente une quarantaine de modifications à son projet de terminal de conteneurs afin de répondre aux nombreuses préoccupations de la population. Électrification, réduction de la poussière, interdiction du camionnage en ville… l’administration portuaire vise du même coup un projet carboneutre.
À la suite des rencontres avec des citoyens, des groupes environnementaux, des politiciens et la Nation huronne-wendat, l’Administration portuaire de Québec apporte des modifications au projet Laurentia de sa construction à son exploitation.
La réduction des émissions atmosphériques, la protection des écosystèmes et la biodiversité du fleuve, la circulation routière et ferroviaire dans les zones urbaines et la protection des activités récréotouristiques de la baie de Beauport sont au cœur des améliorations apportées.
Dès le lancement des appels d’offres, le Port exigera des consortiums de répondre à des normes environnementales strictes. Il souhaite notamment l’utilisation de camions qui émettent moins de gaz à effets de serre et préconise l’utilisation de véhicules hybrides.
Réduire la poussière
Souvent montré du doigt pour ses émissions de poussière, le Port de Québec désire éviter que l’histoire ne se répète. Pour ce faire, il y aura épandage d’abat-poussière sur les routes où circuleront les camions pendant la construction des nouvelles installations. Le pavage de ces voies de circulation est aussi prévu et des limites de vitesse basse seront imposées.
L’équipement sera fréquemment nettoyé, assure Hugues Paris, directeur principal du projet Laurentia.
Le Port s’engage aussi à rendre publiques les données recueillies sur la qualité de l’air dans le secteur.
Biodiversité du fleuve
Afin de répondre aux préoccupations des groupes environnementaux et de protéger l’écosystème du fleuve, le Port met de l’avant différentes mesures de protection.
Il exigera notamment l’utilisation de matériaux exempts de fragments de roche de moins de 10 millimètres pour réduire l’apport de matière en suspension dans l’eau.
Le Port s’engage aussi à respecter une séquence de construction conforme à l’avis de Pêches et Océan Canada qui limitera les interventions en eau à l’extérieur des périodes de restrictions pour la protection du poisson
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Pas de camions sur Champlain et Henri-Bourassa
Bien conscient des inquiétudes des résidents des quartiers voisins de voir augmenter le camionnage avec l’arrivée de Laurentia, le Port souligne que 90 % des conteneurs transiteront par voie ferroviaire.
L’autre 10 % correspond à la marchandise destinée aux marchés limitrophes et ne devrait pas transiter par les autoroutes, précise M. Paris. Nous effectuons les démarches nécessaires pour qu’il n’y ait plus de camions transportant du matériel de Laurentia en transit que ce soit par le boulevard Champlain ou sur le boulevard Henri-Bourassa. Nous désirons que les camions générés par Laurentia circulent obligatoirement sur le réseau autoroutier
, a ajouté le directeur principal du projet Laurentia.
« C’est un projet développé en collaboration avec le CN qui vise en entre autres à mieux exploiter le réseau ferroviaire de la région à l’intérieur de ses capacités actuelles. » – Hugues Paris, directeur principal du projet Laurentia
Un projet carboneutre
Une fois en activité, le nouveau terminal de conteneurs sera plus vert que prévu dans le projet initial notamment parce que l’Administration portuaire souhaite y aménager des quais électrifiés.
Ainsi, les navires qui y seront accostés pourront se brancher et éviter d’utiliser leurs génératrices bruyantes et polluantes.
« Le Port s’engage à réaliser un projet carboneutre autant dans la phase de construction que dans celle de l’exploitation. » – communiqué de presse du Port de Québec
Le Port planche aussi sur un projet d’électrification des locomotives qui serviront à transporter les conteneurs.
L’avenir du projet
Le Port de Québec a déposé sa proposition finale à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada le 31 mars dernier.
Rappelons qu’en novembre dernier, un rapport provisoire de l’Agence concluait que le terminal de conteneurs aurait des impacts environnementaux importants et difficiles à mitiger sur plusieurs aspects.
En janvier, l’Agence a avait suspendu la publication de son rapport final sur le projet d’agrandissement du Port de Québec pour permettre au promoteur d’améliorer son dossier.
Le maire attend le rapport final
Interrogé en marge d’une conférence de presse mardi, le maire de Québec a refusé de commenter les nouvelles mesures de mitigation dévoilées par le Port.
« J’aime autant ne pas m’exprimer, je veux voir le produit final. » – Régis Labeaume, maire de Québec
M. Labeaume attendra donc le rapport final de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada avant, prévu à la fin du printemps, avant de trancher.
Rappelons que trois conseillers d’Équipe Labeaume s’opposent au projet en raison de ses impacts sur les quartiers centraux et le fleuve Saint-Laurent.