HUGUES PARIS, Directeur principal, projet Laurentia
POINT DE VUE, Le Soleil, 23 avril 2021
En réponse à votre point de vue «sur le projet Laurentia publié le 19 avril dernier, je tiens à rectifier certains éléments importants qui reposent davantage sur votre vision des choses que sur les faits. Je suis quand même heureux que vous ayez manifestement pris le temps de lire certains des documents déposés sur le registre de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada bien que l’interprétation que vous en faites soit erronée. Sur ce point, j’invite d’ailleurs tous les citoyens intéressés par le projet Laurentia à consulter la documentation rendue disponible afin qu’ils puissent se faire une opinion sur les propositions concrètes de l’Administration portuaire pour bonifier ce projet.
Dans une perspective plus générale, nous sommes réellement dubitatifs et perplexes face à ce que vous appelez le «désastre Laurentien», car il faut bien le dire, ce projet utilisera principalement l’hydroélectricité du Québec et les meilleures technologies pour permettre son fonctionnement. Sur quelle base un projet innovant, utilisant notre électricité et permettant d’épargner annuellement 84 000 tonnes de GES sur la chaîne logistique à l’échelle mondiale peut-il être qualifié par une expression aussi péjorative, si ce n’est que par une profonde incompréhension des fondements du projet, jumelée à une méconnaissance des grandes chaînes logistiques mondiales qui permettent de dynamiser notre économie, et dont le rôle essentiel est d’apporter aux citoyens les denrées et les produits qu’ils utilisent, pour leur bien et celui de leur famille, tous les jours?
Le Port de Québec fait partie de ce grand réseau d’autoroutes maritimes qui permet de faire transiter plus de 85 % des marchandises à travers le monde. Un terminal de conteneurs moderne dynamisera, jour 1, la Ville de Québec et son Port à l’instar des villes portuaires remarquables comme le sont Barcelone et Rotterdam.
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D’un point de vue plus spécifique, le Port de Québec travaille à poursuivre la bonification de son projet et n’hésitera pas à investir pour atténuer au maximum les impacts du projet. D’ailleurs, le Port de Québec a annoncé le 6 avril dernier plus d’une quarantaine de mesures supplémentaires pour atténuer les effets du projet. Parmi celles-ci, il y a bien sûr l’électrification des navires à quai qui fait partie des stratégies globales pour diminuer les émissions et les GES. Notre intention est de travailler avec nos partenaires pour optimiser au maximum l’utilisation de cette infrastructure. L’hypothèse actuellement documentée est que 25 % des navires pourraient s’y brancher.
Il importe aussi de souligner que l’industrie maritime subit des transformations importantes qui visent à diminuer leur empreinte environnementale. D’ailleurs, à cet effet, mentionnons que l’organisation internationale maritime (OMI) s’est engagée à réduire les émissions totales de gaz à effet de serre d’au moins 50 % d’ici 2050 par rapport à 2008, tout en poursuivant ses efforts pour les éliminer complètement.
Quant au transport terrestre par camions ou par trains, il est important de noter que le projet Laurentia n’ajoutera pas de camions sur les routes. Au contraire, Laurentia permettra de diminuer de plus de 7 millions de km annuellement les distances parcourues, notamment aux bénéfices de nos exportateurs/importateurs en région qui seront plus près du terminal de Québec. Quant à l’électrification des moyens de transport terrestre, j’espère que vous ne nous reprocherez pas de tenter d’accélérer le déploiement de ces technologies avec des partenaires crédibles dans l’industrie même si cela n’est pas sous l’entière responsabilité du Port.
70 % de la population du grand Québec appuie Laurentia et, pour dissiper vos doutes, la méthodologie scientifique sur laquelle repose cette donnée est validée et confirmée par Léger Marketing, notre plus importante firme de sondage au Québec qui a d’ailleurs réalisé le sondage.
Finalement, nous réitérons fièrement notre engagement de carboneutralité du projet autant en phase de construction qu’en phase d’exploitation. Les documents déposés à l’Agence illustrent très bien les moyens qui seront mis en place pour y arriver. L’engagement du Port est responsable puisqu’il vise les activités sur lesquelles il peut exercer un contrôle des sources d’émissions et il est balisé dans le temps étant donné l’accélération des progrès anticipés en cette matière qui pourrait même amener le Port à être encore plus ambitieux sur ses objectifs en matière de réduction des GES.
Nous sommes une organisation de parole, et cette parole sera bien mesurée, car vous noterez que le Port devra faire une reddition de compte à l’Agence sur 10 ans quant à ses objectifs de réductions de GES et autres émissions, ce qui inclut l’ensemble de ses autres activités à l’extérieur du Projet Laurentia, ce que vous avez omis dans vos calculs.
Comme toujours, notre porte est grande ouverte pour échanger avec vous et votre formation politique sur ce projet de développement stratégique et économique majeur pour le Québec et doté d’attributs environnementaux très innovants et responsables.