Isabelle Porter et Alexandre Shields, Le Devoir, publié le 4 février 2021
L’examen du projet Laurentia par Ottawa n’a pas abordé l’impact environnemental de la circulation accrue de trains et de camions, déplore une coalition de groupes citoyens qui réclament la tenue d’un Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE).
« Tout reste à faire en ce qui concerne l’analyse des impacts santé et sécurité de la desserte terrestre du projet Laurentia à travers la capitale », plaident-ils dans une lettre transmise ce jeudi au ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette.
Laurentia est un projet d’agrandissement du Port de Québec de plusieurs centaines de millions de dollars visant à positionner la ville comme un chef de file dans le transbordement de conteneurs. Le projet fait déjà l’objet d’une évaluation de la part de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC).
En novembre, un premier rapport très critique avait été rendu public à la suite duquel le promoteur a demandé — et obtenu — un prolongement de la période de consultation. Le ministre Charette, plaident les signataires, doit « profiter de ce temps d’arrêt » pour confier au BAPE un nouveau mandat.
Axé sur le transport par bateau de conteneurs, le projet Laurentia nécessite une hausse du transport des marchandises par camion et par train entre la zone du port et l’extérieur. Les signataires jugent que « le scénario de 180 mouvements de camions par jour avancé par le promoteur est minimaliste ». Pour ce qui est des trains, ils craignent les « risques accrus pour les usagers et les populations habitant à proximité des corridors qui seront empruntés ».
La lettre est cosignée par les représentants des conseils de quartier de Maizerets, Lairet, Limoilou, Vanier, Saint-Roch et de cinq autres groupes, dont l’Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec.
Enjeu similaire à Montréal
Le projet d’expansion portuaire à Québec n’est pas le seul qui entraînera une hausse du trafic routier et ferroviaire au Québec. Avec son projet de terminal de Contrecœur, qui doit accueillir plus d’un million de conteneurs par année, le Port de Montréal prévoit une augmentation très importante du trafic routier dans le secteur, notamment vers l’autoroute 30.
Selon les évaluations du promoteur, jusqu’à 1200 camions transiteront chaque jour au nouveau terminal industriel en période de pointe, ce qui équivaut à plus de 400 000 camions chaque année. Dans le cadre de l’évaluation environnementale du projet, la Direction de la santé publique de la Montérégie avait d’ailleurs souligné le fait que cette hausse du trafic routier pourrait avoir des impacts sonores et sur la qualité de l’air dans la région.
Dans le cas d’un autre projet de terminal déjà autorisé par le gouvernement Legault, cette fois pour faire transiter du carburant d’avion sur l’île de Montréal, la Corporation internationale d’avitaillement de Montréal (CIAM) estime que près de 11 000 wagons-citernes chargés de kérosène partiront ainsi chaque année de ces nouvelles installations portuaires, traversant l’île de Montréal d’est en ouest, en direction de l’Ontario.
Ce transport de kérosène longera des secteurs habités et avait soulevé des inquiétudes dans le cadre de l’évaluation environnementale, même si les autorités affirment que tout est prévu pour assurer la sécurité des citoyens. Dans son rapport sur le projet, le BAPE a indiqué que ce type de transport « est encadré par plusieurs législations fédérales et provinciales ».