Laurentia : le Port de Québec en opération charme

Louise Boisvert, Radio-Canada, publié le 15 décembre 2020

Le PDG du Port de Québec plaide pour un débat sur les faits. La qualité de l’air n’est pas menacée dans les quartiers centraux, affirme Mario Girard.

Il est minuit moins une pour le projet de terminal de conteneurs du Port de Québec.

L’Agence d’évaluation d’impact du Canada, l’instance fédérale qui étudie les conséquences environnementales, termine ces jours-ci ses consultations publiques à la suite du dépôt de son rapport provisoire en novembre.

Elle doit maintenant rédiger la version finale.

C’est le président-directeur général du Port qui a sollicité une entrevue avec Radio-Canada. L’objectif était de clarifier certaines informations qui circulent dans les médias qui ne reflètent pas la réalité, selon Mario Girard, particulièrement en ce qui concerne l’impact du projet sur la qualité de l’air dans les quartiers centraux.

Dans son rapport provisoire, l’Agence d’évaluation estime que Laurentia aura des effets environnementaux négatifs importants. Lors de la phase de construction et d’exploitation, les activités vont générer des émissions de particules fines qui vont dépasser les normes établies. Il s’agit de dioxyde d’azote ou encore de nickel par exemple.

Dans une présentation d’une trentaine de minutes, le PDG a voulu démontrer que ces dépassements n’auront pas les effets que l’on pense sur la qualité de l’air. On est catégorique là-dessus, affirme Mario Girard. Le rapport fait état de 6 à 10 épisodes par année, dans le pire des scénarios, dans un rayon de 300 mètres. Cela veut dire à l’intérieur de la zone portuaire. On ne touche pas le secteur résidentiel, explique-t-il.

L’Agence d’évaluation d’impact conclut tout de même qu’il y a un risque pour la santé. Mario Girard voudrait que l’Agence soit plus précise.

« C’est comme cela qu’ils parlent les experts. Ils parlent de risque et ensuite ils posent la question : quelle est la probabilité? Est-ce que le risque est acceptable? Est-ce qu’il est négligeable? Est-ce qu’il est faible? » (Mario Girard, PDG Port de Québec)

Le PDG souligne que le débat est émotif dans Limoilou. C’est un milieu où le dossier de la qualité de l’air est très sensible. Il estime que le rapport provisoire a créé une étincelle qu’il faut éteindre par le dialogue et la communication. Le Port s’engage dès janvier à reprendre ses rencontres avec les groupes et organismes du quartier pour rétablir les faits.

Il faut que la science prédomine dans cette décision-là.

Amélioration

Le camionnage aussi est une préoccupation. Quand le projet aura atteint sa pleine capacité, en 2035, il y aura 180 voyages de camions par jour dans le secteur portuaire.

Il faut mettre les choses en perspective, croit le PDG. Il souligne que les études démontrent que la qualité de l’air s’améliore dans les quartiers centraux depuis 10 ans. La circulation automobile a un impact négatif sur ce bilan.

Selon Mario Girard, dans 15 ans, il y aura de plus en plus de véhicules, autos et camions inclus, électriques ou hybrides. La situation sera extrêmement différente. L’ajout de camions n’aura pas l’effet négatif anticipé.

Il répète qu’une directive pourrait obliger les camionneurs d’utiliser l’autoroute Félix-Leclerc pour contourner l’arrondissement de la Cité-Limoilou pour diminuer le bruit. Ça n’existe pas des projets d’infrastructures zéro impact.

Dernier droit

L’Agence fédérale tient depuis plusieurs semaines des consultations publiques sur son rapport provisoire. À ce jour, 400 personnes l’ont commenté et 13 mémoires ont été déposés.

Le Port met la dernière touche sur le sien qui sera déposé dans les prochaines heures. Le temps presse, on est dans le dernier droit.

Mario Girard affirme avoir des réponses aux inquiétudes soulevées dans le rapport. Il suit de près tout ce qui se dit sur le projet et ses impacts. Il entend les critiques. Il reconnaît que ses efforts de communications n’ont pas été à la hauteur.

Il rappelle que le projet Laurentia est parmi les plus verts au monde.

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