Laurentia: référendum si nécessaire

Jean Baillargeon, expert-conseil en communication stratégique

CARREFOUR DES LECTEURS, Le Soleil, publié le 25 novembre 2020

Plus du tiers des conseillers municipaux de la Ville de Québec s’opposent maintenant au projet Laurentia du Port de Québec, qui consiste à construire en plein centre-ville un nouveau quai capable de recevoir plus de 700 000 conteneurs par année.

En effet, neuf conseillers municipaux sur 22, dont trois de l’Équipe du maire Labeaume, s’opposent maintenant au projet Laurentia, qui contribuera fortement, selon un rapport préliminaire de l’Agence d’évaluation des impacts du Canada, à polluer les quartiers centraux de Québec déjà saturés par des contaminants toxiques.

J’invite donc les citoyens et les organismes qui participeront aux consultations publiques de l’Agence fédérale qui se déroule d’ici le 16 décembre prochain à demander à la Ville de Québec d’organiser, si nécessaire, un référendum lors des prochaines élections municipales. Il est essentiel en effet de connaître le véritable appui de la population selon les principes d’acceptabilité sociale à ce projet industriel qui transformera à jamais notre capitale nationale reconnue par l’UNESCO comme un site du patrimoine mondial.

Quels sont les principes d’acceptabilité sociale? Mon collègue consultant en responsabilité sociale M. Gaston Déry les décrit très bien dans une opinion publiée récemment dans Le Soleil. «L’acceptabilité sociale est une notion associée au développement durable. Elle est désormais une condition sine qua non pour tout projet, bien au-delà des considérations environnementales et économiques. Sans acceptabilité sociale, un projet ne peut voir le jour, car la population revendique leur espace citoyen et désire vivre en harmonie avec tout projet qui exerce un impact sur leur vie. Définir une relation ville-port est un phénomène mondial qui concerne tous les ports et le Port de Québec n’y échappe pas».

J’ai déjà dirigé trois consultations publiques sous l’égide du gouvernement fédéral, dont deux sur les terrains du Port de Québec et j’ai toujours eu une excellente collaboration des autorités portuaires qui ont manifesté à l’égard des consultations publiques beaucoup de respect. Cette fois-ci, j’ai l’impression qu’il n’y a que l’aspect économique qui gouverne le choix du projet Laurentia en négligeant les aspects environnementaux et sociaux.

J’invite donc la Ville de Québec, après le dépôt du rapport final de l’Agence d’évaluation des impacts du Canada au début de la prochaine année, à adopter une approche de responsabilité sociale envers ses citoyens et de mettre en place une véritable démarche de consultation publique en acceptabilité sociale impliquant à la fois les partisans au projet du Port de Québec, ainsi que ses opposants pour trouver une voie de passage. À défaut de consensus, il faudra organiser un référendum sur cette question, en même temps que les prochaines élections municipales afin de dénouer l’impasse.

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