Le projet bat de l’aile

KARINE GAGNON, Journal de Québec, Mardi, 17 novembre 2020

Il devient impossible d’applaudir le dernier projet du Port de Québec, Laurentia, après avoir pris connaissance des conclusions alarmantes d’un rapport préliminaire de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada.

Depuis son arrivée en 2010, le PDG du Port de Québec, Mario Girard, a fait de nombreuses volte-face après avoir présenté des projets d’agrandissement. 

Il a d’abord parlé d’un projet qui permettrait de faire transiter du pétrole, puis avec Beauport 2020, il envisageait d’augmenter le transport et l’entreposage de vrac liquide et de produits inflammables. 

Pour finir, le projet Laurentia vise toujours l’agrandissement de la ligne du quai actuel, mais pour implanter, grâce à 775 millions de dollars d’investissements, un important terminal de conteneurs en eau profonde. 

En plus de s’être perdue en conjectures, l’Administration portuaire de Québec n’a surtout jamais semblé en mesure de justifier ces projets face aux impacts appréhendés sur l’environnement et la qualité de vie des citoyens des environs. 

Effets inquiétants

Depuis 2015, on attend le rapport de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC), qui a rendu une version préliminaire de ses principales conclusions, hier. 

Loin de rassurer, les conclusions de l’Agence viennent confirmer les multiples appréhensions soulevées depuis cinq ans. Il y est question d’effets environnementaux négatifs importants, notamment sur la qualité de l’air et la santé humaine.

À la fin de l’été, lors d’une conférence de presse à laquelle ont participé M. Girard, la rectrice de l’Université Laval et le patron de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec, le maire de Québec a tenté de jouer la carte de la rivalité Québec-Montréal. 

Selon Régis Labeaume, le port de Montréal combat le projet de Québec et veut le saboter afin de protéger son propre projet de terminal situé à Contrecœur, près de Sorel-Tracy, dans un secteur industriel. 

Dans le cas de Laurentia, celui-ci serait implanté dans la baie de Beauport, à six kilomètres à peine du Vieux-Québec et encore plus à proximité de Limoilou et de ses quartiers résidentiels. 

Plus récemment, le maire a aussi vertement critiqué le fédéral parce que, contrairement au gouvernement Legault, il tardait à donner son aval au projet. 

De son côté, le Port a mené une vaste opération de relations publiques, cette année. La semaine dernière, son PDG conviait la presse pour annoncer l’appui de 170 maires et préfets. Pour la ministre Geneviève Guilbault, il s’agit d’une occasion de relancer notre économie. 

Qualité du projet

Toutefois, au-delà de toutes les considérations économiques et de concurrence entre les deux régions, une différence majeure distingue ces deux projets. « Laurentia s’insère dans un environnement urbain déjà densément peuplé » qui visiblement souffrira de son aménagement, selon les conclusions de l’AEIC. 

Dans les circonstances, il y a de toute évidence lieu de se questionner sur l’acceptabilité d’un tel projet. Et cela n’a rien à voir avec la rivalité Québec-Montréal. Ni avec des retombées économiques dont l’ampleur reste à prouver.

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