Texte collectif *
Lettre à la rectrice de l’Université Laval
Lundi 31 août, à titre de rectrice de l’Université Laval, vous avez participé à une conférence de presse au cours de laquelle Régis Labeaume, maire de Québec, et Mario Girard, p.-d.g. du Port de Québec, ont fait la promotion du projet Laurentia.
À titre de diplômés de tous âges et disciplines de cette université, fermement convaincus de l’importance d’assurer le développement durable de notre société, nous aimerions savoir pourquoi notre alma mater, par votre présence, cautionne ce projet qui nous semble en contradiction complète avec le concept de développement durable.
Sur le site Internet de l’institution que vous dirigez et dont nous sommes fiers, nous pouvons lire : « Animée d’une profonde culture de développement durable, l’Université Laval s’engage plus que jamais dans cette voie et est prête à poursuivre et à multiplier ses efforts pour contribuer au bien commun. »
Avec cet engagement ferme et que nous applaudissons, vient une responsabilité : tout projet appuyé par l’Université doit répondre minimalement aux principaux critères du développement durable qui s’énonce comme suit : « Le développement durable s’appuie sur une vision à long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement. » (Loi sur le développement durable, article 2)
Est-ce le cas du projet Laurentia ? Voici ce que révèle une analyse globale de ce projet :
Environnement: Remblayage sur 17 hectares et dragage du fleuve au cœur de la ville de Québec, face à l’île d’Orléans, ainsi que destruction d’un habitat essentiel du bar rayé.
Social: 1100 mouvements de camions potentiels par jour dans Limoilou (où la population est déjà affectée par les poussières produites par le port). S’ajoute un impact majeur sur la plage de la baie de Beauport, seul accès de la région au fleuve pour la baignade.
Économie: Viabilité économique à démontrer sans compter une concurrence directe avec le port de Montréal qui ne peut qu’affaiblir ces deux acteurs importants de notre industrie maritime.
Résultat de cette analyse : Laurentia obtient une note « parfaite » = 0/3.
Ajoutons un moins à cette note « parfaite », car, à terme, le terminal se trouvera en pratique aux mains d’une entreprise chinoise. Une tendance dont plusieurs pays s’inquiètent sérieusement. Le Canada devrait commencer à y réfléchir.
Nous pensons donc que ce projet ne répond aucunement à la perspective d’un développement durable, comme souhaité pour notre société. Compte tenu de la culture et de l’engagement de l’Université en faveur du développement durable, ce projet ne peut être appuyé par notre alma mater. De plus, afin de préserver sa crédibilité et de maintenir son objectivité, il nous semble essentiel que l’Université se garde un devoir de réserve et évite de participer à la promotion de ce projet. En ce qui nous concerne, plus vite ce projet insensé sera enterré, mieux ce sera.
Si les gouvernements tiennent absolument à investir dans le Port de Québec, ils pourraient le faire en contribuant à la restauration des vieux quais existants, un projet acceptable, sur les plans environnemental, social et économique. Rappelons l’ironie ici : selon le Port, la raison d’être initiale du projet Laurentia est de générer les fonds nécessaires pour stopper le délabrement et restaurer les vieux quais !
* Ce texte est signé par : les diplômé/es de l’Université Laval :
Guy Ampleman : B. Sc. et Ph. D. Chimie (1982 et 1987);
Conrad Anctil : B. Ing. Génie civil (1971);
Guy Baillargeon : B. Sc. A. Bio-Agronomie et M. Sc. Biologie végétale (1978 et 1981);
Michel Beaulieu : B. Sc. Biologie (1980);
Carole Beausoleil : B. Serv. Soc. et M. Serv. Soc. Service Social (1994 et 1998);
Michèle Berthelot : M.A. et Ph. D. Éducation (1987 et 2007);
Yves Blanchet : B. Sc. Biologie (1985);
Nicole Charest : B. Sc. A. Bio-Agronomie et M. Sc. Biologie végétale (1978 et 1981);
Michel Chaussé : B. Ing. Génie géologique (1987);
Sylvie Cloutier : B. Sc. Biologie (1983);
Nadine Davignon : B. Ing. Génie physique (1996);
Benjamin Denis : B.A. et M.A. Sociologie (2002 et 2005);
Geoffroy Denis : B. Sc. Biochimie (2002);
Mario Denis : LL. B. Droit (1976);
Louis Duchesne : B. Sc. A. Génie forestier et M. Sc. Sciences forestières (1996 et 1999);
Monique Gagnon : B.A. Sciences de la consommation (1975);
Simon-Olivier Gagnon : M.A. Sociologie (2019);
Renée Gauthier : B. Sc. et M. Sc. Chimie (1984 et 1987);
Hélène Gilbert : B. Sc. Biologie (1976) et M. Sc. Biologie végétale (1979);
Michel Gilbert : LL. B. Droit et M.A. Relations internationales (1987 et 1991);
Steve Gingras : B. Ens. Enseignement au secondaire (2011);
Daniel Guay : B.A. Relations industrielles (1983);
Alice Guéricolas-Gagné : B.A. Études et pratiques littéraires (2017);
Serge Hébert : B. Sc. Biologie (1982);
Johanne Laberge : B. Sc. Géologie (1984);
Jean Lacoursière : B. Sc. et M. Sc. Physique (1988 et 1991);
Clément Lapierre : B. Sc. Géologie, B. Ing. Génie géologique et M. Sc. Géotechnique (1983, 1984 et 1987);
Noël Morin : B. Sc. A. Bio-Agronomie (Phytologie) (1979);
Micheline Ouellette : B. Serv. Soc. Service social (1992);
Jean Painchaud : B. Sc. et Ph. D. Biologie (1976 et 1994);
Martin Paradis : B. Sc. A. Bio-Agronomie (1979);
Stephane Poirier : B. Sc. et M. Sc. Physique (1989 et 1992);
Claude Sénéchal : B. Ing. Génie minier (1985);
Jacques Sénéchal : B. Sc. Biologie (1980);
Marc Simoneau : M. Sc. Biologie (1986);
Luc Sirois : M. Sc. Écologie & Pédologie forestière et Ph. D. Biologie végétale (1984 et 1989);
Colette Tremblay : B.A. (1980);
Dominique Tremblay : B.A. Histoire (1981);
Ève Tremblay-Morel : B.A.A. Administration des affaires (2009);
Renée Claude Tremblay : B.A.A. Administration des affaires (1994);
Pierre Vézina : B. Sc. Géologie (1972);
Laurence Viau-Guay : B.A. Psychologie (2006);
Heidi Wagner : M.A. Littérature (1999);
Sami-Jai Wagner-Beaulieu : B. Sc. Biologie (2020).