Labeaume: «Montréal combat le projet du Port de Québec»

JEAN-FRANÇOIS NÉRON

Le Soleil, 31 août 2020
Régis Labeaume fait revivre la rivalité Montréal-Québec, en accusant des acteurs économiques de la métropole de torpiller le projet de terminal de conteneurs Laurentia du port de Québec.

«On ne voit pas comment Laurentia sera favorisé. Au contraire, il va en manger une maudite», a lancé le maire à propos du projet de 775 millions $ lors d’un point de presse tenu lundi.

M. Labeaume accuse des acteurs économiques de la métropole de favoriser auprès du gouvernement fédéral le projet de terminal de conteneurs Contrecoeur du Port de Montréal au détriment de celui de Québec.

«Je vais dire quelque chose de délicat, mais il faut que je le dise. Monique F. Leroux vient de Montréal et elle travaille pour sa ville. Bravo pour elle. C’est juste qu’elle vient d’être nommée présidente du comité de relance du fédéral dans le secteur économique, rappelle-t-il, à propos de l’ex-présidente de Desjardins, qui conseillera Ottawa sur les mesures à prendre dans le secteur industriel pour traverser la crise actuelle. Il faut que ça se sache parce qu’on est en train de se faire avoir complètement», ajoute le maire.

M. Labeaume craint aussi du fait que Sylvie Vachon, PDG du Port de Montréal, opposante au projet Laurentia, siège sur un comité de relance fédéral. «S’ils font des propositions, je vous jure que Laurentia ne sera pas dedans. Ça nous inquiète énormément.»

Le PDG du Port de Québec, Mario Girard, sent le vent contraire qui vient de la métropole. «Il y a une opposition de certaines personnes à Montréal contre le projet de Québec. Les deux (projets) peuvent se réaliser puisqu’ils ne visent pas les mêmes marchés. C’est positif avec le provincial. On sent plus de résistance au fédéral. On aimerait sentir un peu plus d’Ottawa que ce projet fait partie des projets prioritaires», ajoute-t-il.


« Je vais dire quelque chose de délicat, mais il faut que je le dise. Monique F. Leroux vient de Montréal et elle travaille pour sa ville. Bravo pour elle. C’est juste qu’elle vient d’être nommée présidente du comité de relance du fédéral dans le secteur économique. Il faut que ça se sache parce qu’on est en train de se faire avoir complètement »
 Régis Labeaume

Pour le maire, cet «esprit de clocher» n’a pas raison d’exister puisque les deux projets visent des navires de tailles différentes. Selon lui, Québec peut accueillir des porte-conteneurs beaucoup plus gros en raison de la profondeur suffisante du fleuve. Si le projet devait avorter, tout le monde sortirait perdant, croit-il.

«On a du retard à rattraper. Actuellement, on perd cette clientèle au profit des ports de la côte est américaine. On est en train de se faire manger la laine sur le dos.»

Le maire se dit las d’entendre Ottawa se réfugier derrière l’étude environnementale en cours. «Il va falloir dans les prochaines semaines savoir où loge le fédéral dans le projet Laurentia. Si l’étude environnementale est positive, qu’est-ce qu’ils vont faire. À Montréal, personne ne s’inquiète du projet de Contrecoeur au plan environnemental», soutient-il.

L’étude devrait être rendue publique en octobre. Il y aura ensuite une période de consultations publiques. Le rapport final sera remis au ministre fédéral de l’environnement qui pourrait rendre une décision d’ici la fin 2020. La participation financière attendue des gouvernements fédéral et provincial est de 180 millions $.

Au printemps 2019, le Port annonçait la signature d’une entente commerciale à long terme avec Hutchison Ports, le plus important réseau de ports dans le monde, et le Canadien National (CN).

Le maire a fait cette sortie publique lors d’un point de presse tenu avec la rectrice de l’Université Laval, Sophie D’Amours, Mario Girard et Steeve Lavoie, président et chef de la direction de la chambre de commerce et d’industrie de Québec. La conférence visait à faire connaître les grands projets de relance économique identifiés dans la région.

Les commentaires sont fermés.