La moitié des camions de Laurentia pourraient passer dans Limoilou

David Rémillard, Radio-Canada

La moitié des 180 voyages par camion que générerait le futur terminal de conteneurs Laurentia pourraient circuler sur le boulevard Henri-Bourassa, selon des évaluations de l’Administration portuaire de Québec. Le tout représente 8 poids lourds supplémentaires à l’heure.

Ces scénarios sont inscrits dans une série de documents remis le 9 septembre à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada, qui doit fournir un avis provisoire sur le projet Laurentia au cours des prochaines semaines.

Se basant sur des études de circulation commandées à une firme privée, le Port prévoit un achalandage jusqu’à 4 camions à l’heure dans les deux directions à la hauteur de la 25e Rue. Il s’agit du scénario critique, c’est-à-dire celui où le volume de camions serait le plus élevé dans le secteur Maizerets, dans le quartier Limoilou. Le nombre passe à 14 passages par jour entre les rues Saint-Eugène et de la Trinité.

Le cas de figure présenté à l’Agence repose sur l’hypothèse selon laquelle le terminal serait alors en phase d’exploitation et au maximum de sa capacité. On y estime l’ajout de 90 camions articulés sur les routes de la région de Québec, pour un total de 180 voyages par camion quotidiennement.

Ce nombre va s’ajouter aux quelque 198 camions transitant déjà chaque jour par les installations portuaires.

La même analyse conclut à une augmentation de moins 1 % de la circulation totale [sur le boulevard Henri-Bourassa] causée par le camionnage, de 5 h à 16 h, à la hauteur de la 25e Rue. L’arrivée et le départ des travailleurs aux périodes de pointe, en début et en fin de journée, va quant à lui provoquer une augmentation de 10 % du trafic.

Le Port maintient par ailleurs que 90 % des 700 000 conteneurs vont quitter le futur terminal par voie ferroviaire, contre 10 % par camions.

En bref…

  • Le terminal sera en fonction 358 jours par année, 24 heures sur 24
  • La guérite des camions fonctionnera 10 heures par jour (de 6 h à 16 h) du lundi au samedi, soit 6 jours par semaine
  • Les camions générés par le terminal circuleront principalement sur le réseau routier entre 5 h et 16 h
  • Le terminal doit entrer en opération en 2024

Source : Administration portuaire de Québec

Tracé recommandé, mais pas obligatoire

À la lumière de ces scénarios, l’administration portuaire semble convaincue qu’au moins la moitié des camionneurs à destination ou en provenance de la baie de Beauport va accepter d’emprunter l’autoroute Dufferin-Montmorency pour aller rejoindre l’autoroute Félix-Leclerc, et vice-versa.

En 2018, 60 % des transporteurs privilégiaient plutôt le boulevard Henri-Bourassa, un tracé beaucoup plus court pour rejoindre Félix-Leclerc.

Radio-Canada a invité le Port à préciser comment il en était arrivé à la conclusion que le pire scénario serait de 50 % de non-conformité. Frédéric Lagacé, directeur Affaires publiques et Contenus stratégies, a préféré ne pas s’avancer.

Le processus d’évaluation d’impacts mené par l’AEICAgence d’évaluation d’impact du Canada est en cours. L’APQAdministration portuaire de Québec respecte ce processus rigoureux et entend se soumettre aux exigences qui en découlent, écrit-il par courriel.

L’Administration portuaire de Québec a la ferme intention d’utiliser les outils à sa disposition [pour faire dévier la circulation] vers l’autoroute Dufferin-Montmorency.

Frédéric Lagacé, directeur Affaires publiques et Contenus stratégiques, Administration portuaire de Québec

N’ayant aucun pouvoir réglementaire en dehors de son territoire, le principal outil du Port est pour l’instant la persuasion. Le tracé du boulevard Henri-Bourassa n’est plus recommandé depuis l’an dernier. Le détour suggéré aux opérateurs et aux camionneurs fait plus d’une dizaine de kilomètres.

Il est à noter que l’APQAdministration portuaire de Québec incite déjà les camionneurs à éviter le boulevard Henri-Bourassa en privilégiant l’utilisation de l’autoroute Dufferin-Montmorency en diffusant des dépliants informatifs aux différents transporteurs, rappelle le Port dans le document déposé à l’Agence.

Le maire de Québec, Régis Labeaume, a laissé entendre la semaine dernière qu’aucun conteneur ne transiterait par le quartier Limoilou.

Dans son plan final, le Port ajoute qu’il veut poursuivre, en collaboration avec la Ville de Québec et le ministère des Transports du Québec, les démarches entreprises depuis le début 2020 pour diriger la circulation lourde vers les liens autoroutiers.

Une intention confirmée par Frédéric Lagacé, qui évoque une volonté d’identifier différents outils supplémentaires pour nous permettre de diminuer le transport sur le tronçon nord de Henri-Bourassa.

Pas de camions, « en principe »

Le maire de Québec, Régis Labeaume, a déclaré la semaine dernière que le dépôt à neige Henri-Bourassa était voué à disparaître pour laisser la place à une réorganisation des voies ferrées. Un souhait conforme aux plans du Port dans le projet Laurentia.

Cette réorganisation impliquerait également un réaménagement de la portion sud du boulevard, lequel devrait faciliter l’accès à l’autoroute Dufferin-Montmorency.

Comme le Port, le maire souhaite faire dévier le trafic. Les camions qui transporteraient des conteneurs devraient passer par Félix-Leclerc et ne pas emprunter Henri-Bourassa. Ils iraient directement sur l’autoroute du côté est, a-t-il dit en comité plénier.

Il n’y aurait pas de camions qui passeraient, en principe, dans Limoilou avec des conteneurs.

Régis Labeaume, le 17 septembre, lors d’un comité plénier sur la Zone d’innovation Littoral Est

Il existe des leviers à la Ville pour interdire le camionnage de transit sur certaines artères. La Ville l’interdit déjà sur le boulevard Champlain depuis une dizaine d’années durant la saison estivale. Des enjeux d’application de la réglementation ont toutefois fait surface après un accident mortel.

Le Port compte implanter diverses mesures pour améliorer la sécurité routière près des installations portuaires, en particulier pour les cyclistes et les piétons. On prévoit entre autres une signalisation adéquate pour minimiser les risques d’accidents impliquant des camions, peut-on lire dans le plan de l’administration portuaire.

La phase de construction du terminal est également abordée dans le document remis à l’Agence. Plusieurs camions vont circuler sur la rue Saint-Paul afin de rejoindre une usine de béton temporaire dans le secteur de la Pointe-à-Carcy.

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